Ca aura pris du temps mais j'ai enfin entre les mains la version papier de Rue89, le mag. Plus précisément, le numéro 5, le petit dernier de la famille, donc. Pas mal de bons points en terme de maquette. Niveau rédac, par contre, petite déception !
Infographie, une longueur d'avance...
L'inventaire est pas mal.
Il s'agit d'une grosse infographie qui se déroule sur plusieurs pages articulée autour de photos, dont une double d'ouverture, et de données éparpillées sous forme de puces. Parfois, on trouve un feuillet...
Une infographie nouvelle génération loin des graphiques à papa qui fait plaisir à lire.
Vient un peu plus loin, un sujet sur le bonheur (chouette !) agrémenté de sympathiques infographies, faciles à comprendre. Encore une fois, chez Rue89 on nous montre qu'on a des bons iconos.
... ou pas
Dans les articles, on trouve souvent des extraits surlignés. Une petite touche comme pour faire un focus sur une citation, un chiffre... L'idée pourrait être sympa mais me gêne un peu (beaucoup) puisqu'on nous oblige, au final à les suivre. Et si on avait envie de surligner nous-même des extraits qui nous intéressent et seraient différents ?
Peut-être ont-il voulu matérialiser sur la maquette les extraits sonores que Rue89 place en ligne ?... pas facile de n'avoir que le texte et l'image.
Des pseudo-portraits
Le mag ouvre sur une série de mini-portraits que je présenterais comme des anti-portraits de Libé. Une grosse photo pas spécialement travaillée, un feuillet de texte où l'on n'apprend rien de plus que ce que l'on sait, de quoi aérer un peu le mag.
Je me demande s'il ne s'agit pas là de mettre en valeur les publicités qui se trouvent en vis-à-vis ?
On en trouve d'autre au milieu du journal. Travailler jusqu'à 66 ans... A contre-pied de la contestation ambiante, Rue89 a choisi de faire le portrait croisé d'une agricultrice et d'une actrice, toutes deux contentes de bosser à l'âge où tu fais tremper ton dentier.
Encore une fois, les portraits sont très simples, je me demande d'ailleurs si le terme de portrait est approprié puisqu'on ne parle de leur quotidien et de leur vie passé qu'en surface. On ne cherche pas, on ne gratte pas. En gros, ce sont des portraits faciles où, encore une fois, on n'apprend pas grand-chose.
Toutefois, l'idée du sujet totalement décalé est vraiment bonne, dommage qu'il ait été traité de cette manière.
Des économies !
On nous parle de la garde-robe du pape.
On, pardon...
Dans son magazine, Rue89 reprend les ficelles qui ont fait son porte monnaie sa notoriété sur le Net : publier des articles d'étudiants. C'est le cas pour cette bonne enquête sur les fripes du pape même si je dois l'avouer, le sujet ne m'intéresse que peu.
Et hop ! De pages remplies gratuitement !
D'un autre côté, on fait valoir l'échange de bons procédé à quelqu'un qui se lance et dont le CV sera joliment enrichi de la pastille Rue89 (sic !)
Vous vous doutez bien de ce que j'en pense, non ?
Bien entendu, pour remplir gratos ceux qui les auraient loupés, le magazine reprend les bonnes feuilles, ou devrais-je dire les bons clics du Web en republiant sur le papier quelques sujets déjà parus sur le site en les agrémentant de quelques commentaires péchés sous les billets. Un moyen de faire un nouveau lien avec la version en ligne et, pourquoi pas, d'inciter ce cher lecteur qui aime l'odeur du papier à aller faire un tour sur le site.
On est malin chez Rue89.
Les vieux trucs
On l'est encore plus quand on prend des papiers rédigés par une philosophe (sur la guerre de 1940) ou par un universitaire (sur WikiLeaks)... Mieux ! par un auteur qui a besoin de promo. Ca fait aussi du bien au porte monnaie !
La combine a déjà été trouvée depuis bien longtemps par le Monde Diplomatique alors on ne va pas leur jeter la pierre.