Après la sortie – avortée – de ce que l’on pourrait appeler un court métrage de (real) politique- fiction, la guerre des récits à propos de l’assassinat de Rafic Hariri pourrait connaître un nouvel épisode, sous forme d’un vrai long métrage de fiction. Dans son édition du 7 décembre dernier, le quotidien libanais Al-Akhbar[1] consacre en effet un article au projet d’un jeune Syrien, Mondher Howeijjeh (مندر حويجة).
Scénariste ayant un temps résidé dans le Golfe, ce réalisateur, qui n’a jusqu’ à présent à son actif que deux courts métrages et deux documentaires, se lance aujourd’hui dans un long métrage de fiction intitulé Un pion sur l’échiquier (حجر الشطرنج). Brodant sur l’histoire imaginaire d’une jeune Libanaise qui part à Beyrouth, avec son ami français, à la recherche de son père disparu au moment de l’attentat, le scénario ne cache pas son intention de donner un peu de publicité aux thèses développées par un journaliste allemand, Jürgen Cain Külbel.
Auteur d’un livre-enquête traduit en arabe et publié à Damas (voir le site de l’auteur), cet ancien enquêteur criminel poursuit une toute autre piste que les responsables successifs du Tribunal spécial pour le Liban. Pour lui, le sort du Premier Ministre libanais était scellé dès lors qu’il avait refusé d’octroyer aux USA l’aéroport militaire qu’ils réclamaient sur le territoire de son pays, comme le confirme la mention de son nom, accompagné de photos, sur un site d’extrême-droite aux USA dressant la liste des personnalités à abattre pour le Mossad et la CIA…
Convaincant ou non, l’argumentaire est largement suffisant pour faire la trame d’une bonne fiction, qui viendra s’ajouter à la déjà très riche collection de long-métrages qui ont enquêté sur des disparitions d’hommes politiques célèbres. Prévu à Beyrouth et en Syrie, le tournage devrait débuter dans un mois si les financements espérés sont bien au rendez-vous. Dans l’immédiat, cette annonce, nouvel épisode dans la guerres entre les différentes stories à propos de l’assassinat de Rafic Hariri, confirme que le Liban a sans doute rendez-vous avec son histoire avec le récit que proposera l’acte d’accusation du Tribunal spécial.
[1] Quotidien dont le site est piraté depuis vendredi dernier, ainsi que le site Elaph.com. L’un et l’autre, comme le souligne cet article de Nawaat.com, avaient en commun d’avoir publié les fuites des Wikileaks. L’article , quand le site d’Al-Akhbar sera à nouveau disponible, se trouve à cette adresse.