Pourrais-tu présenter rapidement ton histoire pour les gens qui ne te connaissent pas encore très bien ?Je suis allé à l’Université d’Harvard puis, après mes études, j’ai produit pas mal de titres indépendamment. En 2003, j’ai signé un contrat de management avec P. Diddy, avec qui j’ai produit par la suite pas mal de morceaux. En 2005, j’ai signé ma première artiste sur NextSelection : Cassie. J’ai produit et écrit la totalité de son album et Me & U, le premier single, a fini numéro 1 descharts. Et maintenant, je me consacre à la préparation de mon propre album.
Tu es chanteur, producteur, auteur,… Mais c’est en tant que producteur que l’on t’a d’abord connu ; était-ce un choix personnel ou juste le déroulement naturel des choses ?Non, ça s’est vraiment fait de façon naturelle. En tant qu’artiste, tu as besoin de gagner de l’argent pour continuer à faire ta musique. Produire des morceaux était, pour moi, la meilleure façon de travailler avec d’autres artistes, de faire de l’argent, d’être en studio et d’apprendre. C’est pour tout cela que le travail de production est passé en premier. Mais j’ai signé mon contrat pour l’album en même temps que j’ai commencé à produire.
En parlant de production, tu as récemment travaillé avec un chanteur français, Matt Pokora. Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez vous décidé de travailler ensemble ?A vrai dire, j’ai travaillé avec deux artistes français. Avec Matt Pokora, j’ai fait deux morceaux, qu’il a enregistrés à mon studio à Harlem. Je l’ai rencontré lors d’un de ses précédents séjours aux Etats-Unis : il était passé à une de mes sessions studios à Sony. On a fait connaissance, on a écouté quelques morceaux ensemble et il était très enthousiaste à l’idée de revenir pour travailler avec moi. Puis, il y a quelques semaines de ça, pour mon nouveau single Diamond Girl, j’ai invité Booba à poser un couplet. On a d’ailleurs prévu de retravailler ensemble pour son prochain album.
Tu penses continuer à travailler avec des artistes étrangers ? Que t’ont apporté ces collaborations ?Les artistes étrangers ont une appréciation différente de la musique que je fais, c’est toujours très intéressant de travailler avec eux. C’est quelque chose que je sais apprécier et, d’ailleurs, j’espère faire la connaissance d’autres artistes européens lors de ma prochaine venue. Matt Pokora et Booba – dont j’avais entendu parler à l’époque où j’étais en tournée avec Cassie, et que j’ai fini par rencontrer – sont vraiment deux grands artistes avec lesquels j’ai été ravi de collaborer.
C’est aussi un moyen de te rapprocher du public français ?Oui aussi, ce ne pourrait être que bénéfique si c’était le cas.
Pour autant tu ne travailles pas qu’avec des artistes étrangers ! Parlons plus spécifiquement de tes « protégés », Cassie et Uness. Où en es-tu de ta collaboration avec eux ?Je bosse toujours à leurs côtés. Cassie va sortir très bientôt son prochain album, il devrait être disponible en mai. Quant à Uness, son premier solo sera disponible à la fin de cette année et distribué – grâce à un contrat tout récent que j’ai signé avec Universal – sur le label NextSelection. A côté de ça, Uness et moi-même travaillons notamment sur le nouvel album d’Usher. Pas mal de bonnes choses vont sortir de NextSelection cette année et je dois dire que je suis assez excité à cette idée !
Parlons maintenant un peu du titre Diamond Girl, le premier single de l’album. Peut-on être sûrs qu’il annonce l’opus ou doit-on craindre la déception d’un second Used To Be ?Le morceau tourne déjà pas mal aux Etats-Unis et les gens y répondent plutôt bien, voire très bien ! J’ai aussi eu l’occasion de chanter le titre à plusieurs reprises en live – à New York notamment – et le public a bien accroché. L’engouement autour de la chanson me fait vraiment plaisir et me conforte dans la direction de mon album.
Un autre titre pour lequel tu as beaucoup de retours positifs, et notamment sur Internet, est IRINA, qui a presque failli voler la vedette à Diamond Girl. J’ai entendu que cette chanson avait une histoire particulière…Oui… En fait, pour Diamond Girl, on a fait une énorme campagne publicitaire – et je pèse mes mots en disant ça – puisqu’on a photographié et filmé en intégralité une histoire écrite autour du concept de Diamond Girl. J’y incarne un personnage à mi-chemin entre agent-secret et espion. Je recherchais quelqu’un qui allait pouvoir correspondre au concept de la campagne, et on a fini par porter notre choix vers une top model russe très populaire en ce moment aux Etats-Unis, qui se prénomme Irina. Mais nous ne nous sommes rencontrés pour la première fois que sur le plateau et, vu que nous avions besoin d’instaurer une alchimie entre nous pour correspondre à la relation qu’avaient les personnages, je me suis mis à fredonner cette chanson histoire de détendre l’atmosphère. Il se trouve que tout le monde a aimé, et j’ai décidé de l’enregistrer juste après la fin du tournage. C’est d’ailleurs un réalisateur français (ayant rejoint récemment mon équipe) qui s’est occupé du clip ; celui-ci a la particularité technique d’être filmé en double vitesse. Il se pourrait bien que ce titre soit mon second single au vu du succès qu’il rencontre. Cette chanson, c’est un peu mon Billie Jean, dans le sens où j’ai écrit quelque chose qui m’est réellement arrivé dans la vie. Et les gens y ont répondu positivement. En plus, on a déjà préparé et terminé un remix calibré que vous allez adorer !
Donne-nous quelques exclus sur ce remix… des noms d’invités peut-être ?A vrai dire, c’est un remix dans le sens plus traditionnel du terme, c'est-à-dire sans invité. Sur le titre que j’ai fait avec Matt Pokora, j’apparais en featuring, mais en rappant et non en chantant. C’est ce que j’ai voulu faire aussi avec mon remix, sur lequel d’ailleurs je dis « si je ne peux pas avoir de rappeurs, eh bien je rapperai moi même ». J’ai repensé toute l’instru et j’y ai aussi ajouté des passages de beatbox. C’est du lourd !
Parlons de ton album. Quand sortira-t-il ? Seras-tu le seul homme – producteur, auteur, chanteur – derrière toute l’œuvre ?Cet album, c’est le résultat de beaucoup beaucoup d’années de travail en tant qu’auteur et producteur. Le concept de ce projet, c’était d’être derrière toute la réalisation, c'est-à-dire l’écriture, la production, les arrangements, l’enregistrement, le mixage,… Bref, j’ai voulu tout gérer. C’était pour moi la meilleure façon de m’exprimer. Il n’y a pas beaucoup d’artistes de nos jours qui font ça et qui ont les moyens de faire ça aussi, c’est un long travail. Je ne me renferme pas pour autant et j’ai tout de même fait appel à certains musiciens pour m’épauler musicalement. Mais je pense vraiment qu’il y a de quoi marquer l’histoire avec cet album, avec plein de chansons que vous n’avez jamais entendues, comme When We Dance, qui est un petit bijou, ou Break This Down, où j’utilise un vieux synthétiseur et un vocoder… On a vraiment plein de bons titres à faire découvrir.
Cette fois-ci, tu sembles avoir pris toutes les précautions pour ne pas revivre la même mésaventure qu’avec Just Right, l’album que tu devais sortir en 2005. Que s’est-il passé réellement ?Je pense que le point-clé de cette affaire, c’est le moment où il a été piraté et mis à disposition sur Internet. A l’approche de la date de sortie de l’opus, il s’est répandu partout sur le web et ma maison de disques a préféré – au vu du nombre considérable de téléchargements – ne pas sortir l’album, de peur de ne pas vendre. De mon côté, je voulais sortir un album que les gens ne connaissaient pas déjà, je ne voulais pas sortir un opus avec des titres que le public avait déjà de telle ou telle façon. Cet opus, je le considère – au delà du fait que je l’aime vraiment beaucoup – plus comme une maquette, quelque chose qui m’a présenté à un large public. Et, aujourd’hui, je me rends compte que ça a plutôt bien marché : on a connu du succès malgré tout, puisque j’ai même été capable de faire une tournée en Europe sans avoir ni clip, ni single dans les charts.
C’est plus ou moins grâce à la communauté qui s’est créée autour de toi sur Internet que tu as pu faire tout ça. C’est d’ailleurs un de tes autres points forts, la capacité de t’auto-promouvoir, et notamment à travers Internet. Quelle importance exacte revêt ce média à tes yeux pour la promotion ?Pour moi, c’est essentiel : comme je l’ai dit plus tôt, je n’ai jamais eu de clip ni de promotion radio avant Diamond Girl. Le seul moyen de promotion et de distribution que je pouvais contrôler était Internet. Puis je voulais vraiment partager ma créativité et c’était, à l’époque, le seul moyen que j’avais de le faire, tous les autres étant financièrement inabordables. Alors je me suis dit que si j’arrivais à me faire une place et une réputation sur le net en partageant avec les fans ma musique, une chanson finirait bien par percer au grand jour. D’ailleurs, aujourd’hui on peut voir que ça a réussi et Diamond Girl sera sûrement la chanson qui va remettre tous les compteurs à zéro, car maintenant on peut faire face aux « vrais » clips et aux hits radios. Je ne laisserai pas tomber Internet pour autant ; d’ailleurs le petit film que nous avons tourné pour Diamond Girl sera divisé en huit épisodes, qui seront diffusés sur le net dès la sortie du clip. Il me tarde vraiment de voir comment les gens vont réagir à ce projet.
Ces épisodes seront des exclusivités Internet ou on pourra les retrouver sur un DVD ?Ca dépendra surtout de la réaction des gens sur Internet. Disons que, pour le moment, ça l’est, mais rien ne nous empêche de penser à les sortir sur DVD, ou même de les rendre disponibles en haute qualité en téléchargement sur le site. On essaie de toute façon de couvrir tous les médias possibles.
Tu diffuses déjà, et depuis longtemps, pas mal de vidéos te mettant en scène sur ton site Internet. Sur la majorité d’entre elles, on te voit en train de créer une instru et, à chaque fois, il y a quelque chose d’assez impressionnant : le nombre d’instruments que tu utilises ! Y’a-t-il un instrument dont tu ne joues pas ?!(Il rit) Disons que, pour moi, n’importe quel objet, chose ou instrument que je touche ou dont je joue, je peux et je veux en faire de la musique. Que ce soit des cordes, des cuivres, un synthé ou un piano, si on me donne une demi-heure avec, je vais trouver une façon d’en faire sortir quelque chose. Après si on me demande si je maîtrise entièrement ces instruments, je dois dire non. Mais j’essaie le plus possible de toucher à tout, même un gobelet rempli de pièces peut faire l’affaire. N’importe quoi que tu aies entre les mains, donne-le moi et j’en ferai sortir de la musique.
Au début de Diamond Girl, tu lances « ils essaient de me ranger dans une certaine catégorie mais c’est impossible ». Est-ce une attaque délibérée à ceux qui veulent classer ta musique dans un style précis ?Travailler avec Internet, c’est aussi très intéressant du point de vue des retours de la part des gens – qu’ils aiment ou pas ma musique – et qui me disent ce que je peux et ce que je ne peux pas faire. Du coup, j’ai pas mal de messages qui me disent que je devrais seulement me contenter de produire, d’autres de chanter puis il y en a qui me disent de ne pas rapper… A tous ces gens qui veulent absolument me limiter à une seule catégorie, j’ai voulu dire que ce n’était et ne sera jamais possible, aussi longtemps que j’aurai cette passion et surtout ma créativité, car je veux travailler du mieux que je peux. Ce message, je veux aussi l’adresser à tout le monde, leur dire de ne laisser personne les ranger dans une catégorie ou leur dire que c’est impossible de faire ce dont ils ont envie. Si vous avez envie de faire quelque chose que vous aimez vraiment, foncez et faites-le bien.
Quels ont été – ou sont toujours – tes modèles et tes principales influences ?Mes influences majeures viennent des artistes qui m’ont profondément marqué quand j’étais plus jeune, et qui continuent encore aujourd’hui d’ailleurs. Si je devais faire un top 4 de ces artistes, ce serait : Stevie Wonder, Prince, James Brown et Michael Jackson. Ces gars-là sont des auteurs, des artistes complets que le monde entier connaît. Leurs performances, leur impact sur l’industrie musicale, ce sont des choses qui m’ont vraiment beaucoup marqué et dont je m’inspire énormément. Puis, au delà des chanteurs, il y a des gens comme Russell Simmons ou Tommy Motola, qui ont des liens étroits avec l’industrie musicale et avec qui j’ai eu la chance de parler ; ils m’ont appris beaucoup de choses. Il y a aussi Jay Z, qui a été capable de créer avec un groupe d’amis une véritable dynastie, un empire même. C’est ce que j’aimerais vraiment faire avec NextSelection.
Le côté business, c’est quelque chose que tu as toujours eu en toi. D’ailleurs les gens font parfois référence à toi en parlant de « mogul »(sorte de grand patron ndlr). C’est flatteur pour toi ?Je ne dirais pas que c’est flatteur, même si j’apprécie et, d’une certaine manière, j’en suis honoré. L’essentiel pour moi c’est que, à la fin de la journée, je n’ai manqué aucune des opportunités qui se présentaient à moi et que, s’il n’y en a pas eu, j’ai réussi à m’en créer. J’espère vraiment constituer un exemple pour tous les jeunes qui veulent faire quelque chose de leur vie, que ce soit dans la musique ou pour être docteur, avocat, etc. Je veux leur montrer que, même si une porte se ferme, il est toujours possible de rentrer par la fenêtre. Ma vie a longtemps été comme ça : quand on me disait que c’était impossible, je ne l’ai jamais cru et j’ai toujours cherché une autre façon d’y arriver. Si cela fait de moi un mogul, alors j’accepterai ce titre. L’essentiel, c’est de créer des opportunités ; et pas seulement pour moi, mais pour tous les gens qui travaillent avec moi ainsi que ceux qui veulent faire évoluer la musique positivement.
J’ai entendu dire il y a quelques temps que tu avais un projet ultra-révolutionnaire pour l’industrie musicale, mais sans plus d’informations… Peux-tu nous en dire un peu plus aujourd’hui ?Il y a pas mal de gens qui veulent savoir mais, si je te donne des informations, je devrai te tuer (il rit). En fait, nous travaillons sur le concept d’un nouveau média mais, pour l’instant, tout est très confidentiel. On cherche actuellement des investisseurs, vu que le projet devrait coûter plusieurs millions de dollars, mais je suis vraiment convaincu que cela va révolutionner toute l’industrie musicale, puisque nous voulons changer la façon dont les artistes sont payés. C’est à peu près tout ce que je peux dire sur le sujet pour le moment mais, très bientôt, et si vous continuez à suivre ce qui se passe avec NextSelection, je vous garantis que vous verrez que je fais ce que je dis, et vous aurez rapidement des réponses sur tout ça d’ici quelques mois.
Un de tes derniers projets en date est le « Ryan Leslie Dance Project ». Peux-tu nous en dire un peu plus sur ça ?C’est une émission – qui se déroule à New York, pour le moment – durant laquelle des danseurs choisis lors d’un casting vont chorégraphier toutes les chansons de mon album. On a retenu quatorze danseurs qui seront supervisés par un chorégraphe très talentueux, qui s’appelle Anthony Rue. C’est vraiment un très gros et très beau projet qu’on a réussi à monter – quelque chose d’unique de la part d’un artiste – en créant une histoire autour de mes chansons, pour en faire une comédie musicale. Si l’émission rencontre un franc succès à New York, j’aimerais vraiment exporter le concept en Europe et aussi en Asie.
Tu tiens apparemment beaucoup à être présent sur la scène mondiale, te verra-t-on prochainement en France ?Oui oui oui ! Je serai très probablement en tournée cet été, peut-être avec le Dance Project ou peut-être tout seul, selon le succès de l’émission. Puis je ferai certainement des apparitions dans l’année sur quelques radios… Enfin vous m’aurez certainement vu avant la fin de l’été !
Ton mot aux lecteurs ?Je voudrais vraiment insister sur le fait que tout est possible, tout est faisable dans la vie si l’on y croit vraiment et si l’on est vraiment passionné. Ne laissez jamais personne vous restreindre à une certaine catégorie, ne laissez jamais personne vous persuader que ce que vous vous voulez est impossible. Montrez-leur que, si vous désirez vraiment quelque chose, vous êtes prêts à y mettre tout votre cœur et toute votre volonté pour le rendre possible. Et, si vous avez besoin d’inspiration, vous pourrez toujours vous tourner vers NextSelection. On essaie réellement de paver le chemin pour vous, afin de vous montrer qu’avec l’envie, la discipline et le travail, tout arrive si l’on a envie d’y croire.
C’est un discours très honorable que tu tiens.(En un très bon français) Merci beaucoup