Du site de Pierre Vidal : www.corridasi.com
Mario Vargas Llosa s'est rendu à Stockholm avec, pour la cérémonie de réception du Nobel de littérature, une montera. Et pas n'importe laquelle, celle de Curro Romero... l'art du "pharaon de Camas", trop oublié, était ainsi récompensé par le Prix qui pèse le plus sur plan mondial. Surtout, à travers cette montera, c'est la tauromachie toute entière qui a retrouvé sa dignité, après tant d'opprobres et d'offenses.
Voilà qu'après Hemingway, un autre Nobel rend hommage à l'art taurin qui compte dans son camp tant de génies... de Picasso à Orson Welles en passant par Goya, Manet, Théophile Gauthier, Lorca ou Cocteau, pour n'en citer que quelques uns. Nous avons l'intelligence et l'art de notre côté. Nos ennemis surfent (comme on dit aujourd'hui) sur la vague de l'obscurantisme et de l'ignorance qui engloutit ceux-qui se refusent à penser.
Vargas LLosa n'a pas mis son drapeau en poche. En ce sens c'est un exemple et il a droit à notre reconnaissance. Le Péruvien a d'ailleurs toujours fait preuve de courage et d'indépendance d'esprit. Ne s'est-il pas clairement prononcé pour le libéralisme et la démocratie dans un continent déchiré par les guerillas qui n'ont servies -on le sait aujourd'hui- que ceux qui les manipulaient.?
Il y a un petit texte de Vargas LLosa publié il y a quelques années aux éditions Verdier, sous la direction de Jean Michel Mariou, intitulé "La cape de Belmonte". C'est un des plus beaux textes de la littérature taurine avec la "Capitale du Monde" cette longue nouvelle d'Hemingway. L'auteur y raconte le souvenir magique de la venue de Juan Belmonte à Lima et de cette cape, devenue une sorte de relique familiale sacrée. Le sacré, la magie, le rêve, ces fondements de l'art taurin, présents à chaque ligne de ce récit en font une sorte pierre précieuse sertie dans l'écrin de la simplicité. La montera de Curro évoque la cape de Belmonte: le même amour du détail, le même sens de la poésie contenue dans ces objets désuets qui nous semblent à nous aficionados si naturels mais qui sont porteurs d'un passé riche en expériences humaines.
Olé torero bueno! A-t-on envie de dire au Maestro Péruvien car, comme les grands matadors, il a avancé la jambe dans un moment crucial.
Pierre Vidal