En organisant, à Culturesfrance, des tournées au Proche et Moyen Orient... j'ai très vite été confronté à des problèmes que je n'envisageais pas auparavant.
Annulation d'un concert au dernier moment à Beyrouth...
Impossibilité de voyager, au Liban notamment, avec un cachet Israélien sur le Passeport...
Certains plans de vols beaucoup plus cher, faute de ne pouvoir prendre un aller retour : Paris - Beyrouth - Tel Aviv - Paris...
Il fut un temps où je critiquais beaucoup la création de l'Etat d'Israël (dont on fêtera cette année les 60 ans avec notamment un festival de musique française à Tel Aviv) au beau milieu de ces peuples majoritairement Arabes ...
Tous ses monuments en mémoire de la Shoah... qui ne parlaient que des juifs et omettaient les tziganes, les roms, les handicapés, les homosexuels, les artistes engagés... et autres victimes de la dictature du 3ème Reich... me faisaient quelque peu dire que si les juifs n'avaient pas regrouper tant de richesse sur leur territoire, on parlerait peut être un peu plus équitablement des morts des camps de concentration...
Pourtant aujourd'hui, l'état d'Israël est victime d'un certain refus des pays arabes l'entourant...
Ils n'ont pas pâtes blanches pour autant (la guerre l'an dernier contre la Syrie où leur conflit contre la Palestine ne pourrait le faire croire... tout comme d'ailleurs leurs contrôles de sécurité poussés à l'extrême à l'aéroport de Tel Aviv)...
mais les complications diplomatiques que je rencontre sont aussi très souvent dû à des entêtements de pays arabes qui ne digèrent pas la création du territoire Israélien... et ne tolèrent pas qu'un musicien qui vienne faire un concert dans un de leur pays puisse en faire un ensuite à Tel Aviv.
Territoire Israëlien qui, si mal fait soit-il, a parallèlement amené un autre conflit... celui avec la Palestine, berceau de la chrétienté.
Conflits religieux, politiques, diplomatiques... la zone est encore très loin d'avoir retrouvé la paix...
Et pourtant... ce sont les deux pays qui sont les plus ouverts à recevoir nos tournées, s'arrangeant entre eux, par le biais des deux attachés culturels de Tel Aviv et Jerusalem, avec une sympathie rare.
Parce que outre le fait d'être Français, ces deux attachés sont réunis par l'amour de la culture et de sa diffusion... et que cette culture relie sans concessions leurs cultures.
Longue introduction pour enfin vous parler de Daniel Barenboïm...
Après de brillantes études, notamment à Salzbourg puis à Paris (auprès de Nadia Boulanger), Daniel Barenboïm enregistre ses premiers disques puis s'oriente vers la direction d'orchestre.
Les formations les plus prestigieuses le sollicitent, tout particulièrement l'English Chamber Orchestra, l'Orchestre de Paris, l'Orchestre symphonique de Chicago et devient le principal chef invité de la Scala de Milan en 2006.
C'est ce même Daniel Barenboïm, qui en collaboration avec l'homme de lettres Edward Saïd, a créé l'orchestre Divan occidental-oriental (West-Eeastern Divan Orchestra), qui réunit chaque année de jeunes musiciens d'Israël, de la Palestine, de la Syrie, du Liban et autres pays du Moyen Orient en une seule et même formation afin d'encourager la paix au Proche-Orient.
Le chef d'orchestre, né à Buenos Aires il y a soixante-cinq ans, est controversé dans son pays d'adoption en raison de ses actions visant à promouvoir la musique allemande et de son opposition farouche à la politique de colonisation de la Cisjordanie.
Il vient d'accepter un passeport "honorifique" Palestinien
"J'ai aussi accepté l'offre parce que je crois que les destinées (...) du peuple israélien et du peuple palestinien sont inextricablement liées. Nous avons le bonheur – ou le malheur – de vivre ensemble. Je préfère croire le premier au second"
Dynamique, généreux, passionné et profondément humain, Daniel Barenboïm souhaite apaiser les hommes par le biais de la musique.