À la rencontre d’Italo Svevo
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Le 13 septembre 1928, Il Piccolo, le quotidien de Trieste, annonce un accident de voiture où est blessé Ettore Schmiz. Ce dernier meurt le jour même. Né en 1861, fils d’un commerçant juif prospère du port austro-hongrois, il est envoyé en Allemagne entre 1874 et 1879 pour suivre les cours d’une école commerciale. En 1880, il travaille dans une banque. Mais il se passionne pour la littérature et commence à écrire des comédies et des nouvelles, les deux premières étant publiées entre 1888 et 1890. En 1892, il publie son premier roman, Une vie, sous le pseudonyme d’Italo Svevo (qui signifie : italo-allemand). Il épouse Livia Veneziani trois ans plus tard et se consacre à sa société de peinture pour navires. Son deuxième roman, Senilità, paraît en 1898, toujours sans le moindre succès. Il réquente les milieux intellectuels de Trieste, en particulier Ernesto Weiss, l’introducteur de la psychanalyse en Italie, le poète Umberto Saba et Guido Voghera, le père de Giorgio. Il décide de suivre des cours d’anglais à l’école Berlitz en 1906 et fait la connaissance de James Joyce, qui est son professeur et avec lequel il se lie d’amitié. Joyce va plaider la cause de son oeuvre à Paris auprès de Valery Larbaud, alors que le jeune poète Eugenio Montale va être le premier à le défendre en Italie. En 1922, il se consacre entièrement à la rédaction de la Conscience de Zeno, qui paraît l’année suivante. Même insuccès, mais la revue Commerce en publie des extraits en 1925, alors qu’une version abrégée du livre sort chez Gallimard en 1927. Svevo meurt inconnu dans son pays et laisse derrière lui bon nombre de nouvelles et de textes inédits. C’est grâce à l’opiniâtreté de Mario Fusco, auteur de nombreuses traductions de ses oeuvres et d’une admirable étude parue dans « La Bibliothèque des idées » chez Gallimard que cette réédition a pu voir le jour en « Quarto ».
Gérard-Georges Lemaire
Ettore Schmiz