Principaux résultats:
- A fin 2010, le marché du livre numérique a décollé partout dans les pays de l'étude mais présente des situations contrastées. Les Etats-Unis deviennent le premier marché au monde avec des ventes d'e-books atteignant 594 millions EUR en 2010. Ils devancent le Japon, marché pionnier, à 527 millions EUR. Les marchés européens demeurent relativement modestes mais enregistrent de fortes croissances (de l’ordre de 80 %). Cette migration numérique concerne tous les genres littéraires même si certains basculent plus rapidement (littérature sentimentale, science-fiction & fantasy, polar) et se déploie sur une multitude de terminaux (e-readers, PC, téléphones mobiles, consoles de jeux, tablettes, baladeurs multimédia).
- D'ici 2014, la transition numérique ne devrait pas provoquer globalement de destruction de valeur. Certes, les ventes de livres imprimés déclinent généralement depuis plusieurs années dans les pays de l'étude (sauf en France et au Canada) et l'émergence d'une offre numérique ne fera qu'accentuer la tendance, surtout pour les genres littéraires qui auront basculé plus rapidement. Néanmoins, les ventes d'e-books parviendront à compenser ce déclin du livre imprimé voire à faire croître le marché du livre en raison de ventes incrémentales (qui n'auraient pas eu lieu dans l'univers imprimé). A horizon 2015, l'avenir du marché se jouera à deux niveaux, autour d’abord du degré de conversion au numérique des lecteurs occasionnels (qui représentent la majorité du marché du livre en volume) et ensuite de l'impact du livre enrichi, produit multimédia hybride, susceptible d'attirer un public non lecteur de livres traditionnels.
- Le marché du livre numérique demeure en effet pour l'essentiel une transposition du marché papier. D'une part, le catalogue numérique se compose majoritairement de livres homothétiques alors que les livres enrichis et les créations nativement numériques restent anecdotiques. D'autre part, les lecteurs d'e-books sont les mêmes que les lecteurs papier et ils achètent les mêmes titres. En outre, les pratiques tarifaires autour des e-books reprennent le modèle dominant du papier (téléchargement à l'acte en Amérique et en Europe et abonnement à des oeuvres fragmentées en épisodes au Japon). Les autres modèles (location, vente au chapitre ou publicité) sont cantonnés à des genres précis. Enfin, en dehors de la fiscalité, le cadre réglementaire (notamment les lois sur le prix unique du livre) est de plus en plus similaire.
- Sur la nouvelle chaîne de valeur, les rapports de force se modifient. Les éditeurs réaffirment en amont leur valeur auprès d'auteurs et d'agents tentés de les contourner. En aval, ils mettent à disposition les contenus, organisent leur circulation et influent sur le prix de vente final. Pour les revendeurs, l'intensité concurrentielle augmente sous l'effet de la multiplication des acteurs (libraires traditionnels, libraires pure-players, agrégateurs, équipementiers, géants du net, opérateurs mobiles). La concurrence se développe à échelle planétaire autour d’acteurs majeurs prêts à casser les codes comme Amazon qui s'appuie sur l'offre premium la plus développée avec un positionnement tarifaire agressif, Apple qui développe des offres moins larges mais plus locales sur iBooks qui a remis en avant le modèle d’agence et bientôt Google Editions (Google eBooks) misant sur son programme de numérisation Google Books et la puissance de son algorithme de recherche permettant d'inclure des résultats issus de livres.
La brochure de l'étude est ici et le lien sur Idate (merci Marc).