Une fois n’est pas coutume (Bonne nouvelle ! La rubrique BD va voir la fréquence de ses chroniques s'amplifier), Le Blog de A.C. de Haenne fait la part belle à une des meilleures séries BD de la dernière décennie. Au menu aujourd'hui, distribution de raclées, belles créatures et ambiance série noire. Blacksad, un détective qui ne manque pas de mordant...
La série BD Blacksad vient de fêter ses dix ans et, pour l’occasion, sort un nouvel opus : L’Enfer, le silence.
Je ne m’attarderai pas longtemps sur ce dernier. Non pas qu’il ne le mérite pas, bien au contraire, mais plutôt parce que je préfère vous présenter la série dans son ensemble. Rien ne dit que celle-ci prend fin en 2010. Mais cette décennie passée en compagnie du matou est un excellent prétexte. Soulignons aussi que chaque épisode constitue une histoire à part entière. Il n’existe pas de lien explicite entre ces opus, bien qu’une trame ou plutôt des points de contacts, existent par ailleurs.
Deux dimensions sont particulièrement représentatives de cette œuvre :
Blacksad est une série reposant sur l’anthropomorphisme de ses personnages. Chaque race d’animaux est prétexte à une mise en exergue de leur personnalité profonde, de leurs motivations, et même de leurs passés parfois. L’ambiance est résolument sombre et moite. A l’image de John Blacksad fréquentant les cafés pour y étancher sa mélancolie. Ces derniers seront par ailleurs l’occasion d’une très jolie référence à Rita Hayworth dans Gilda.
D’autre part, c’est aussi le point de vue adopté par ses créateurs : la réalité est rarement là où on l’attend. Le coupable n’est pas toujours celui qu’on attendrait. Les biens dotés ne sont pas toujours les plus irréprochables. Les choix de chacun, même aux conséquences tragiques, ne sont pas toujours dénués d’humanité.
C’est une perspective assez connue dans le polar et je ne suis pas certain que les auteurs prétendent révolutionner le genre. Il n’empêche qu’ils le maitrisent à merveille. Et il est toujours bon de mettre en scène la complexité des parcours de vie. Selon moi, même dans des productions fictives comme la littérature, le cinéma, et la BD bien sûr, nous demeurons dans une interprétation des choses qui nous entourent. La Bande Dessinée offre, en plus, cette possibilité de rendre visibles des ambiances tout en faisant la part belle à la dimension littéraire.
Blacksad propose un graphisme somptueux, qui en fait pour moi une des plus belles séries actuelles, et une qualité de plume et de fond (un background pour employer un anglicisme) qui ne l’est pas moins.
Alors, je laisse le mot de la fin à ce personnage emblématique de la Bande Dessinée :
note :
Les murmures