Wikileaks. L'un des sujets - 435 000 000 résultats sur Google au moment ou j'écris ce billet - polémique s'il en est, sur lequel je voudrais juste dire deux ou trois choses.
- Sur le secret diplomatique, d'état, et le devoir de réserve:
Ce que Wikileaks a mis à la portée de tous, existe depuis longtemps bien-sûr. La 'nouveauté' consistant à le rendre accessible au plus grand nombre, par le biais des outils d'aujourd'hui.
Dans le domaine du renseignement et de l'intérêt national, l'une des constantes est, et a toujours été... que la fin justifie les moyens.
Allez demander à ceux que l'on appelait les 'agents secrets' combien importe peu un individu lorsque l'intérêt national est en jeu. Allez relire les récits de la diplomatie, depuis le 17ème: on n'y compte plus les coups bas, manipulations, fourberies, vraies ou fausses révélations. Certains personnages historiques l'ont même érigé en art.
Paradoxal ici donc, un camps reprochant à l'autre des méthodes similaires.
Ce qu'en dit Bruce Schneier (expert en sécurité informatique) est à cet égard assez juste me semble-t-il: il souligne la notion de secret, et le fait que ce sont in fine des personnes (facteur humain) qui en sont les garants. Les états, dit-il, découvrent et doivent maintenant apprendre à s'adapter à cette ère digitale.
Voir son article du 9 décembre 2010.
- Sur les hackers - évidemment, il en existe de toutes sortes - mais:
Ils constituent un véritable contre-pouvoir, dans un monde dont on se rend maintenant compte qu'il convient de composer avec sa dimension digitale.
J'écris ici à longueur de temps que les principaux services que nous utilisons - dont le plus évident, Google - sont détenus majoritairement par des entreprises privées. Il en est de même pour tout les outils qui gravitent peu ou prou autour. Il en est de même, également, pour les câbles qui transportent les données (les 'nôtres'), les serveurs qui les stockent, etc.
Ce n'est pas un jugement, mais c'est le constat d'une concentration à dimension - forcément internationale et nationale - d'une ampleur, non pas sans précédent - les concentrations en capitaux de la révolution industrielle étaient elles aussi impressionnantes - mais beaucoup plus étendues et complexes.
L'écriture (codes) même, constitutive d'Internet et du Web est en train de changer, s'adaptant aux usages marchands.
Il est absolument nécessaire qu'existent diversité et réel contre-pouvoir dans l'exercice de la démocratie.
Laquelle démocratie est un mot quelque peu malmené ces temps-ci; certains, de ci-delà parmi ceux qui détiennent une responsabilité d'élus (pas uniquement en France), commençant à en relativiser le sens premier par des comparaisons sans objet, une allure débonnaire, un relativisme de 'bon ton'.
Elle reste, pourtant, toujours fragile...