Chabouté © Vents d'Ouest - 2000
Le portrait type du sale type, c’est Edmond Tolweck. Idées limitées, raciste, intolérant, opportuniste… il a vraiment tout pour plaire ! Le problème, c’est qu’il est agent de bureau à la Sécurité sociale et qu’il prend les gens pour des numéros… quand il s’agit de tailler la bavette sur le match de foot du soir devant un client, ça ne le dérange pas et quand ce papotage le conduit à dépasser de deux minutes ses horaires de travail, ça ne le gêne pas non plus de renvoyer au lendemain le malheureux usager de service public qui a pourtant patienté toute une après-midi avant d’être appelé. Nommez-ça comme vous voulez mais pour moi, Edmond est un con !
Alors lorsque la malchance se met à lui mordre les talons, je trouve ça jouissif.
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Chabouté. Je ne me fais pas prier pour découvrir cet auteur et je me délecte des critiques de Val qui effectue la même démarche que moi de son côté.
Dès le début, cette ambiance noire est teinte de cynisme. Un chien errant nous accueille dans cet univers et ne retiendra pas son envie d’uriner… sur la boite aux lettres de l’URSSAF. Le ton est donné. Les ambiances graphiques sont noires et créent une atmosphère lourde. Pas de dégradé ici mais des contrastes forts, des jeux d’ombre qui accentuent l’inquiétude. Que va-t-il se passer dans ce hall d’accueil d’une Administration que nous ne connaissons que trop bien ? Visages fermés, mâchoires crispées, l’agacement monte à mesure que l’attente se prolonge. Comme des petits chefs, les agents de bureaux contribuent à faire monter la pression :
« - Cent dix-huit !!… CENT DIX-HUIT !… Cent dix-neuf !
- Hé ! Mais j’ai le cent dix-huit !
- Trop tard ! Reprenez un autre numéro !!!
- Mais Monsieur, ça fait deux heures que j’attends !!
- Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ! Reprenez un numéro !! Cent dix-neuf ! »
On scrute, on voit ces regards lourds de haine, on guette le drame en ne sachant pas d’où il va venir. Et Chabouté est un grand vicieux car il nous tient en haleine tout au long de cet album, il entretient la tension comme on entretiendrait un feu précieux. Il raconte les petites gens, celle de la France d’en bas qui ont bien peu de choses auxquelles se raccrocher et savent se contenter de peu. Il parle d’intolérance, de racisme et de préjugés en parodiant au passage les fonctionnaires et les services publics si mal adaptés à l’accueil du public (justement, je vous ais déjà dit que j’étais travailleur social ?? J’en profiterais bien pour dire des choses mais je crois que ce n’est pas l’endroit ^^).
Plus de 110 pages qui se dévorent à pleines dents, un thriller original dans lequel on se délecte de toutes les embrouilles qui tombent tour-à-tour sur ce petit fonctionnaire horripilant, cynique et cupide… c’est jouissif. Les dialogues sont distillés avec justesse : juste ce qu’il faut pour ne pas alourdir le récit, apporter les éléments nécessaires à la compréhensions, faire monter la tension et nous permettre de savourer le trait noir de Chabouté. Des successions de planches muettes accentuent le rythme de narration rendant notre anti-héros semblable à un petit pantin désarticulé, une marionnette qui a un ennemi bien plus imposant que lui : la Poisse.
J’ai pris la critique de Valérie comme un conseil de lecture, cet album intègre mon Challenge PAL Sèches
Une très bonne lecture même si je n’en fais pas un « coup de cœur » pour autant.
Pleine Lune
One Shot
Éditeur : Vents d’Ouest
Collection : Intégra
Dessinateur / Scénariste : Christophe CHABOUTE
Dépôt légal : septembre 2000
Bulles bulles bulles…
Pleine lune – Chabouté © Vents d’Ouest – 2000
Pleine lune – Chabouté © Vents d’Ouest – 2000
Pleine lune – Chabouté © Vents d’Ouest – 2000
Publié le Lundi, décembre 13th, 2010 à 6:00 dans Chabouté, Polar / Thriller, Vents d'Ouest | Respond | Trackback URL
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