Offrir un livre. Mais lequel ? Vous voulez épater un parent dont vous ne connaissez guère les goûts littéraires, vous achetez le dernier Goncourt : pas de bol, c'est Houellebecq, autant dire rien. Ou bien un "BO livre" ("un livre pour table basse de salon", disent les anglo-saxons), assez naze en général mais très cher, histoire de montrer votre estime tarifée. Oui mais lequel ? Rien que du banal la martinière et autres fadaises. Belles photos à peine mise en page, textes consternants. Autant se taper la collection complète des "sympatoches réjouis" du Routard et leur morale de sacristains. Restent des textes plus raffinés, à dénicher ; du Nathalie Riera, du Déborah Heissler, du Orlando de Rudder, du Pierre Autin-Grenier, du Jean-François Yaset... Je mesure chaque jour cette chance de connaître de tels noms, de tels textes. Pour d'autres perspectives, d'autres raisons de ne pas désespérer de la littérature. Aller loin, vers l'inconnu. Offrez des poètes : non pas l'encadrement carcéral du convenu-convenable, mais un voyage vers la littérature vivante.
(Copyright Gérard Larnac 2010)