Est-il possible de trop construire dans les communes de montagne?

Publié le 12 décembre 2010 par Lgdeluz

Pour certains élus de montagne la réponse est catégorique, c’est non. La croissance passe par la construction de « lits», qui vont bien sûr générer des séjours suplémentaires, donc de l’activité économique additionelle donc de l’emploi, sans compter les nouvelles recettes fiscales etc.. etc.. Raisonnement si simple qu’il en est complètement simpliste.

A quel moment est ce que l’on se demande si notre capacité d’hébergement a été un facteur de réduction de la fréquentation ? 10 jours par an ? 20 jours par an ? Quel est l’évolution du taux d’occupation des lits existants dans nos vallées ? (35% d’occupation en hiver en 2007, certainement moins aujourd’hui ?)

Je reviens sur ce thème de la campagne de 2008 pour deux raisons. Premièrement le plan financier de la future télécabine de Larise est justifié par de l’hébergement supplémentaire. Et deuxièmement, on m’a fait passer un excellent article de fond dans le numéro décembre-janvier du magazine Alpes, dont le titre est : « Immobilier de montagne… Est-on en train de trop construire ? »

Dans les Alpes comme dans les Pyrénées, on a beaucoup construit de logements locatifs ces dernières années. Pour M. Arnaud Dutheil du CAUE de la Haute Savoie, « il y a consensus chez les élus, pour maintenir le niveau d’offre et continuer à attirer les touristes, on ne peut que construire ». Et quand on parle aux élus Alpins de taux d’occupation et d’excedent de capacité d’hébergement, ils ont le même vocabulaire des consultants de l’immobilier « …il y a trop de lits froids.. ». Il n'y a pas d'excedent d'hébergement il y a des "lits froids"!!

Heureusement, dans les Alpes, quelques élus se réveillent et se demandent si les nouveaux développements n'ont pas en fait un impact négatif sur l’économie locale. Surtout quand se sont les capitaux privés qui dictent l’amménagement des territoires de montagne. Le Maire de Vallorcine est un de ceux là. Il explique « Mon prédécésseur voulait ces résidences de tourisme coûte que coûte. On a livré Vallorcine aux promoteurs, sans contrepartie, sans négocier.» Pour lui les nouvelles résidences de tourisme n'ont pratiquement pas d’éffet positif sur l’économie locale, les derniers hotels du village sont en train de fermer et le commerce local vivote.

En début d’année 2010 un rapport d’enquête ministèriel a été publié sur le sujet de l’immobilier de loisir en France. Le rapport s’interroge sur les effets pervers de la politique d’incitation fiscale à la création de locatif neuf, susceptible de « drainer vers du neuf des capitaux qui auraient pu être orientés vers la réhabilitation de l’ancien ».  Ça fait toujours plaisir de lire qu’on n’est pas les seuls à se poser des questions. Pour le rapport ministèriel, de nombreux investisseurs «achètent des réductions d’impôts, plus qu’ils ne contribuent au maintien qualitatif de l’offre touristique ». Le rapport va plus loin, en soulignant que « le développement de résidenses de tourisme peut dans certains cas générer une offre peu occupée, qui pèse sur les prix.. » ça fait des années que nous le disons, haut et fort !!

Mais comme l'explique Vincent Neirink, de l’association Mountain Wilderness, il ne faut pas exonérer les élus de toute responsabilité ; « on aurait tort de tout ramener aux logiques financières car ces constructions sont portées par des élus et validées par l’Etat ». Il ajoute qu’il y a un manque de réflexion, pour lui il s’agit « d’une absence de vision propre à notre époque ».

Pour toute l’équipe de Dynamisme et Transparence le sujet était un des plus fédérateurs de notre démarche. Pour ceux qui souhaitent plus d’info, vous trouverez l’article entier à partir de la page 65 du magazine Alpes.

ps: en ce qui concerne la télécabine on m'a demandé de vous informer de la création du blog de l'association EchociToyen: c'est ici http://echocitoyen.wordpress.com/   ..