Alors je ne vous mentionne pas le nom de l'organisme qui organisait la visite afin de ne pas le compromettre dans l'embarras, car j'ai photographié en des endroits où il était fort probablement interdit de, mais bon, hein, fock et zub!
Je finis par échapper à l'attention de l'assistante et commença à faire le tour du cloître, fouiner par les portes ouvertes, les salles, l'expo-photo, les statues et tout ce à quoi je pouvais avoir accès (c.f. mes photos). Au centre du cloître, on pouvait apercevoir le "jardin d'Eden" et le bassin d'eau au milieu du carré où les carpes japonaises barbotaient joyeusement de la queue.
Alors quelques mots sur le couvent de "Strahov", mais rapidement, histoire de ne pas vous en faire une pleine pelletée comme d'habitude. Il s'agit donc du tout premier couvent de moines prémontrés fondé en Bohême. Pour info, les prémontrés ont été fondés en France en 1120 par St Norbert (Norbert de Xanten), et l'ordre s'est rapidement propagé en Europe.
La brave dame nous en remit une plâtrée de palabres pour 20 minutes, avant de terminer par "et maintenant, je vais vous commenter les tableaux l'un après l'autre". Le délire. La salle en forme de couloir étiré n'offrait pas le moyen de contourner l'amas, aussi nous dûmes attendre encore 15 minutes pour enfin arriver aux 2 premiers tableaux. Enorme, prodigieux, colossalement fantastique que s'en est indescriptible: la Madone de Strahov (vers 1350) et Ste Barbara (de Nicomédie) de Stravoh aussi (vers 1410), tableaux qui sont pour moi phénoménalement fabuleux de beauté.
Il est cependant un élément exceptionnel (sur les 2 madones d'ailleurs, plus celle dite "de Rome") que vous ne verrez nulle part ailleurs et qui mérite d'être signalé: Marie porte à la fois un bandeau (ou diadème, pratiquement identique sur les 2 tableaux) et une couronne. Selon les experts, il s'agit d'une particularité tchèque née entre les années 1350 et 1360 sous la fortement probable impulsion du bon roi Charles IV en personne. Pareil, des kilomètres d'études autant théologiques qu'artistiques traitent de ce sujet.
Alors je m'en photographiais discrètement, et c'est pourquoi je vous ai loupé la madone de "Strahov" avec le reflet de la glace en plein milieu. Planqué derrière le tas de p'tits vieux que j'étais, évitant l'assistante mais surtout les surveillantes officielles de la galerie qui avaient de quoi faire pour surveiller que les vétérans ne collent pas leurs nez aux toiles. Et tandis que je lâchais le doigt de la gâchette du clic-clac, v'là t'y pas qu'une pouffetasse sortie du troupeau me dit "chais pas si on a le droit". "Quoi? Droit de quoi? Mais de quoi je me mêle crénom di diou, t'es de la galerie, de la police, d'Al-Qaïda?" pensai-je, et pendant une fraction de secondes, l'idée d'être foutrement vulgaire envers l'effrontée insolente me traversa le bulbe.
Donc parmi les autres trucs à voir, il y a l'archi-connu portrait de cette vieille courge de Rudolf II par "Hans von Aachen".
Pis approchait à grands pas l'heure d'aller accueillir les rois mages qui s'en remontaient à dos de chameaux de la place du château jusqu'à la place de la Lorette, aussi nous primes congé des p'tits vieux qui en étaient au tiers de l'exposition, nous primes congé des braves dames de l'organisme qui va bien, nous primes aussi congé des gluantes vachères qui après tout ne faisaient que leur boulot, et nous nous précipitâmes dans la rue "Loretánská" pour voir le susdit cirque.