Alors je ne vous mentionne pas le nom de l'organisme qui organisait la visite afin de ne pas le compromettre dans l'embarras, car j'ai photographié en des endroits où il était fort probablement interdit de, mais bon, hein, fock et zub! Tout le monde sait quelles oeuvres inestimables se trouvent en cette galerie, et pour les qui ne le sauraient pas, il leur suffit de visiter l'exposition pour le savoir, alors hein, c'est pas mes photos qui vont remettre en cause la sécurité des chefs-d'oeuvre. Le cheptel se mit en branle sous les aboiements de la guide, son assistante restant en arrière pour ramener au troupeau les bestiaux lambinards, et après l'achat des tickets d'entrée à prix réduit (parce que l'organisme c'était une chose, mais la galerie de "Strahov" une autre), nous arrivâmes dans le cloître ("Le Trésor de la Langue Française, cloître subst. masc, Spéc.: Partie d'une maison religieuse ou bâtiment attenant à une église constitué(e) de galeries couvertes à colonnes qui encadrent une cour intérieure ou un jardin quadrangulaires") où le pictogramme indiquait clairement qu'il était autorisé de photographier mais sans flash. Le baratin commença. La brave dame lisait ses notes en même temps qu'elle parlait, et l'on pouvait clairement entendre des euh... bon... enfin... puis des silences, des errements, des méprises, enfin du classiqu'habituel qui arrive à tout le monde. Sauf que là, c'était long. Et la brave dame insistait pesamment sur des éléments basiques de la vie du couvent, du familier, du connu, du battu rebattu. Les p'tits vieux écoutaient en grappe compacte agglutinée autour de la brave dame empêchant les autres touristes de passer dans le couloir qui exposait des photos d'un bidasse du contingent tchèque en Afghanistan. Excuse-me, scusi and schuldigung pouvait-on entendre lorsque les pauvres bougres essayaient de traverser la masse de viande gâtée. Rien n'y faisait, d'abord parce qu'ils étaient sourds les p'tits vieux, qu'ils ne parlaient pas l'étranger, et parce qu'ils dormaient debout en buvant les paroles de la brave dame comme du nectar soporifique. C'est dingue ça aussi cette effroyable propension du p'tit vieux à tenir une position donnée (enfin prise) sans bouger, sans se mouvoir afin de libérer un peu d'espace aux autres mobiles. Tiens, prenez le tram. Généralement le p'tit vieux s'assied, et je suis le premier à lui céder ma place vu que je ne m'assieds jamais dans le tram. Mais quand il ne peut plus s'asseoir parce que toutes les places assises sont occupées par d'autres p'tits vieux, entre 7h et 10h du matin puis entre 17h et 19h du soir (et c'est pas un hasard, mêmes horaires que chez le toubib), ben le p'tit vieux se tient debout, exaspéré comme une moniale devant des carottes râpées. Et il se tient systématiquement debout devant la porte du tram, de façon à ce qu'il puisse en sortir lorsqu'il arrivera à destination, quand bien même sa destination serait à l'autre bout de la ville. Je vous passe les détails du cabas, du traine-fourbi à roulettes, et du kiki-à-mémé dans le sac... bref, mais prenez donc comme ça 3 p'tits vieux devant une entrée-sortie de tram, et je vous garantis une complète constipation de la rame entière car aucun d'entres-eux ne bougera pour laisser entrer ou sortir les autres passagers. Parfois, vous aurez en prime l'occasion d'accroître votre vocabulaire tchèque par des mots peu usités dans un contexte urbain, lorsque le passager mobile agacé bousculera l'empoté-oxydé afin de sauter hors du tram à la fermeture des portes. Et donc c'était ça dans le cloître, les portes de trams en moins et les p'tits vieux en plus, en beaucoup plus.
Je finis par échapper à l'attention de l'assistante et commença à faire le tour du cloître, fouiner par les portes ouvertes, les salles, l'expo-photo, les statues et tout ce à quoi je pouvais avoir accès (c.f. mes photos). Au centre du cloître, on pouvait apercevoir le "jardin d'Eden" et le bassin d'eau au milieu du carré où les carpes japonaises barbotaient joyeusement de la queue. Lorsque je revins quelques 20 minutes plus tard, l'essaim poussiéreux n'avait pas bougé d'un iota, et la brave dame en était au XX ème siècle (enfin), sous la dictature des con-munistes. Surprise de me voir revenir par ailleurs qu'elle ne m'avait pas vu partir, l'assistante me dévisagea quelques secondes. Ne pouvant pas me houspiller comme un vulgaire galopin, elle ne put cependant pas s'empêcher de dire une ânerie: "il me semble qu'on n'a pas le droit de photographier ici?". Ce à quoi je répondis en souriant "si si... on peut... sans flash. C'est clairement spécifié par un pictogramme sur la pancarte d'entrée de là qu'on a pris les tickets avant-hier... Aujourd'hui? Ah bon? Bon, mais c'est marqué sur la pancarte que...". Elle se tut.
Alors quelques mots sur le couvent de "Strahov", mais rapidement, histoire de ne pas vous en faire une pleine pelletée comme d'habitude. Il s'agit donc du tout premier couvent de moines prémontrés fondé en Bohême. Pour info, les prémontrés ont été fondés en France en 1120 par St Norbert (Norbert de Xanten), et l'ordre s'est rapidement propagé en Europe. Au-delà de la religion, ces braves types étaient également à l'origine de 2 abbaye-brasseries dont vous ne pouvez ignorer les noms, Grimbergen, qui fut rapidement détruite et dont Kronenbourg continue aujourd'hui à brasser la marque selon la "recette traditionnelle" (et ma tante fait du houla-hop sous la douche debout sur un vélo en jouant du clairon avec les pieds), et Leffe, qui fut détruite graduellement dans le courant du XIX ème siècle et dont InBev continue aujourd'hui à brasser la marque selon la "recette traditionnelle" (et ma tante joue du clairon avec les pieds en faisant du houla-hop sous la douche debout sur un vélo). Donc c'est sous l'impulsion de l'évêque d'"Olomouc" "Jindřich Zdík" et du roi "Vladislav II" que les prémontrés arrivèrent en Bohême, et dès 1140, on leur construisit (commença à construire) le couvent roman de "Strahov" dont vous pouvez encore voir les pierres d'origine sur mes photos. L'on s'accorde à dire que tout fut terminé vers 1182, et que la superficie de la construction était à cette époque supérieure à celle du château de Prague (selon d'aucuns, c'était même la plus imposante construction de toute l'Europe, carrément, z'ont pas honte les d'aucuns). Comme de coutume, le couvent prit feu mi XIII ème siècle et fut reconstruit en gothique. Ensuite pas grand chose, le couvent perdait en importance jusqu'au début du XVII ème siècle. On construisit alors l'église St Roch (sur la gauche derrière le portail d'entrée rue "Strahovská", aujourd'hui désacralisée et transformée en galerie de peinture), on restaura l'église "Nanebevzetí Panny Marie" (Ste Marie de l'assomption) et l'on continua à reconstruire les restes du couvent. En 1648 et comme de coutume aussi, la chienlit suédoise pilla et dévasta le couvent qui fut ensuite restauré en baroque par des génies comme Jean-Baptiste Mathey, "Kilián Ignác Dientzenhofer" ou "Anselmo Lurago" (sans parlers des peintres "Antonín Stevens ze Steinfelsu", "Jan Kryštof Liška"... et des sculpteurs "Quittainer" père et fils, "Ignác František Platzer"...). Dans les années 30 du XIX ème siècle l'on aménagea la galerie de peinture dont je reviendrai dessus plus en détails plus loin. En 1950 les fumiers con-munistes confisquèrent le domaine aux prémontrés qui le récupérèrent après la révolution de 1989 pour y vivre heureux encore aujourd'hui et avoir beaucoup d'enfants.
Rapidement encore, quelques anecdotes. Le nom de "Strahov" viendrait du mot "monter la garde", "être en faction" ("držela se stráž, strahovalo se") car le couvent était sur la route qui menait au château de Prague. Bon, chais pas, c'est tiré par les
Au bout de 45 minutes, la brave dame termina son homélie et annonça qu'on allait passer à la galerie, à l'étage au dessus. Le troupeau se mit alors en marche: meuh... gruik... mêêê... et même pschittt-prrrt... A peine avait-on franchi les escaliers, que la brave dame se mit en travers pour lire ses notes en même temps qu'elle parlait, et l'on pouvait clairement entendre des euh... bon... enfin... puis des silences, des errements, des méprises, enfin du classiqu'habituel comme précédemment. Et c'était long, encore plus long qu'avant car on voyait la salle pleine de trésors fantastiques, mais on ne pouvait pas y accéder puisqu'on on était tout au fond derrière la montagne de p'tits vieux qui écoutaient en grappe compacte agglutinée autour de la brave dame empêchant les autres touristes de passer... comme précédemment. Aaargh... peux plus... mais tout le monde le sait que les oeuvres présentées s'étalent entre le XIV ème et le XIX ème siècle, pis celui qui ne le sait pas il peut lire la date sur l'étiquette devant chaque tableau... Vouis, et que la galerie vit le jour en 1836 (parfois 1835) sous l'impulsion de l'abbé "Jeroným Josef Zeidler" on s'en fout, c'est pas important, on peut le lire dans le dépliant reçu à l'entrée. Et que l'accès fut de suite octroyé au public, même aux femmes, on s'en fout aussi (ah si, et on avait le droit de photographier à l'époque?). Qu'après les con-munistes ont éparpillé les oeuvres dans diverses galeries et collections, c'est aussi marqué sur le dépliant. Et la réouverture en 1993 itou, c'est écrit... Et pendant que je m'agaçais en silence en tournant en rond, j'aperçus les nouveaux pictogrammes qui s'appliquaient à la cette salle: pas de chien, pas de glace, pas de cigarette, et pas de photo, du tout. Et fock et zub, j'ai rien vu.
La brave dame nous en remit une plâtrée de palabres pour 20 minutes, avant de terminer par "et maintenant, je vais vous commenter les tableaux l'un après l'autre". Le délire. La salle en forme de couloir étiré n'offrait pas le moyen de contourner l'amas, aussi nous dûmes attendre encore 15 minutes pour enfin arriver aux 2 premiers tableaux. Enorme, prodigieux, colossalement fantastique que s'en est indescriptible: la Madone de Strahov (vers 1350) et Ste Barbara (de Nicomédie) de Stravoh aussi (vers 1410), tableaux qui sont pour moi phénoménalement fabuleux de beauté. La Madone de Strahov est attribuée au maître du "Vyšebrodského oltáře" (sinon à son école) et avec la Madone de "Veverská Bítýška" dite "Madona z Veveří" (attribuée au maître en personne) ces oeuvres constituent des summums de l'art gothique d'à l'époque du bon roi Charles IV, mélangeant des influences iconographiques italiennes comme byzantines. Bon, chuis pas un expert en art gothique, alors je ne vais pas vous psychanalyser la couleur rouge de la toge (la passion), la bague au doigt de Marie (main gauche ou droite), les 2 doigts tendus pour symboliser la double nature humaine et divine (référence au Christ pantocrator byzantin), la façon dont est tenu le Jésus, le jeu de l'enfant avec l'étoffe mariale (influence italienne, c.f. "Dorothy C. Shorr, The Christ Child in devotional Images in Italy during the XIV Century"), sa quasi-nudité (mais le linge par dessus les genoux), le chardonneret dans sa mimine, la direction du regard, la plante du pied retournée et visible (hyper influence byzantine, c.f. "Walter Krause, Planta Nuda: Metamorphosen eines antiken Motivs in der fruh-und-hochmittelalterlichen Kunst")... enfin lisez la fantastique étude de "Pavel Černý, Neue aspekte des Ikonographie der Gottesmutter in der böhmischen Kunst der Zeit Karls IV" pour plus de détails, y en a des pages entières et des plus intéressantes sur les plus infimes détails des madones (et pour les strictuniquement francophones, il y a René Metz: La consécration des vierges, hier, aujourd'hui, demain).
Il est cependant un élément exceptionnel (sur les 2 madones d'ailleurs, plus celle dite "de Rome") que vous ne verrez nulle part ailleurs et qui mérite d'être signalé: Marie porte à la fois un bandeau (ou diadème, pratiquement identique sur les 2 tableaux) et une couronne. Selon les experts, il s'agit d'une particularité tchèque née entre les années 1350 et 1360 sous la fortement probable impulsion du bon roi Charles IV en personne. Pareil, des kilomètres d'études autant théologiques qu'artistiques traitent de ce sujet. Maintenant d'un point de vue nettement moins scolastique et purement visuel, profane, voire païen, vous ne pouvez pas louper l'emphase sur la lumière, les couleurs et la douceur des dégradés. Appréciez la beauté du visage féminin, cette tendresse expressive, ces lèvres douces et pulpeuses qui attirent le baiser... enfin c'est quand même autre chose que l'androgyne asexué du Louvre non? Du même auteur (ou de son entourage) est représentée donc Ste Barbara (ou Ste Barbe, idem est) avec son attribut classique, la tour à 3 fenêtres. Tiens, légende de Ste Barbara: il était une fois à Nicomédie (aujourd'hui Izmit, Turquie) vers le milieu du III siècle, une fille splendide d'une incommensurable beauté (ceux qui sont allés en Turquie savent de quoi je parle). Et justement, son père voulant protéger sa précieuse vertu (ceux qui sont allés en Turquie savent de quoi je parle) l'enferma à double tour dans une haute tour de son palais. Forcément, isolée, délaissée, lassée et déprimée, elle finit par tomber malade (à moins que ce ne fussent le boulgour au soujouk de kangourou arrosé à l'ayran caillé, ceux qui sont allés en Turquie savent de quoi je parle). Le bon papa appela donc un toubib, mais au lieu d'un toubib, c'est un ignoble moine qui sonna à la porte (la légende ne détaille pas les évidentes questions que le lecteur perspicace pourrait se poser à ce propos). Une fois dans la chambre de la pauvrette, le moine la baptisa et elle fut soignée (c'est la version officielle publiée par le bureau de presse du Vatican, le lecteur averti aura compris que les intentions du moine étaient nettement plus libidineuses que spirituelles). Et pour bien marquer le coup auprès du voisinage, Barbara perça une troisième fenêtre sur la tour qui n'en comportait originellement que deux, afin de matérialiser la sainte trinité de sa nouvelle foi (c'est la version officielle publiée par le bureau de presse du Vatican, le lecteur averti aura compris que la trinité dont il est question ici n'est aucunement sainte mais physique, les 3 "fenêtres" par lesquels la jeunette pécha). Lorsque le père l'apprit, il traîna la dépravée auprès du gouverneur afin qu'il applique la loi romaine en vigueur. Barbara fut effroyablement torturée pour être finalement décapitée par son propre père. Mais celui-ci ne l'emporta pas au paradis, car au moment même ou la tête de la pauvrette (alouette, je te plumerai...) tombait à terre, le...(?) l'assassin fut frappé par la foudre céleste (du coup Ste Barbara est aussi la Ste patronne des installateurs de paratonnerres). Parenthèse. C'est dingue, je cherchais un substantif pour "celui qui a tué son fils ou sa fille", quelque chose comme fratricide (qui a tué son frère ou sa soeur) ou parricide (son père) mais rien, ça n'existe pas. Chuis scié quand même, il existe des matricides pour les tueurs de mamans, des infanticides pour les tueurs d'infants, des insecticides pesticides pour les tueurs d'insectes et de pestes, même des régicides pour les tueurs de Régis, mais pas un seul filicide ou progénituricide. Dingue! Fin de parenthèse.
Alors je m'en photographiais discrètement, et c'est pourquoi je vous ai loupé la madone de "Strahov" avec le reflet de la glace en plein milieu. Planqué derrière le tas de p'tits vieux que j'étais, évitant l'assistante mais surtout les surveillantes officielles de la galerie qui avaient de quoi faire pour surveiller que les vétérans ne collent pas leurs nez aux toiles. Et tandis que je lâchais le doigt de la gâchette du clic-clac, v'là t'y pas qu'une pouffetasse sortie du troupeau me dit "chais pas si on a le droit". "Quoi? Droit de quoi? Mais de quoi je me mêle crénom di diou, t'es de la galerie, de la police, d'Al-Qaïda?" pensai-je, et pendant une fraction de secondes, l'idée d'être foutrement vulgaire envers l'effrontée insolente me traversa le bulbe. Mais ayant été élevé propre, je me retins, fis un sourire et affirmai avec la plus absolue certitude en façade de ma mauvaise-foi "mais bien sûr qu'on a le droit, sans flash". Elle n'en demanda pas plus et me foutut la paix. Je dus encore en subir une ou deux dans la même graine de mauvaise engeance, sans parler des vachères de la galerie qui me collaient aux frusques comme la morve aux doigts, mais j'en pris quelques-unes de photos. Tout se compliqua en arrivant au XVII ème siècle. Echappé du troupeau et pratiquement seul dans cette partie de la galerie, l'acharnée bouvière se colla à moi et ne me lâcha plus. A une distance de 2 à 3 m, elle suivait tous mes pas. En avant, puis en arrière, re en avant, re en arrière, et la vieille carne toujours là. "Oh crénom di diou, attends, tu vas voir tes varices salopes, j'vais t'faire trotter moi!" Je rappelle au lecteur offusqué que l'adjectif "salope" est certes familier, mais aucunement grossier. D'ailleurs ce n'est même pas une insulte mais un diagnostic. Tiens, et j'en veux pour preuve son emploi par les plus grands, Zola, Sartre, Goncourt, Mauriac, Maître Folage (Francis Blanche) dans les "Tontons Flingueurs" (le fameux "Touche pas au grisbi, salope!") ou encore Léon Bloy en parlant de son altesse la reine Victoria d'Angleterre: "[...] depuis environ vingt ans, je promulgue la nécessité d'en finir avec l'abominable engeance de cette salope [...]". Et elle trotta la vieille rosse, mais n'abandonna pas. Bien qu'il m'arrivait de trouver des angles morts où j'échappais à son attention, elle ne me laissa jamais suffisamment de temps pour cadrer, focusser et cliquer la moindre toile de son secteur. Salope!
Donc parmi les autres trucs à voir, il y a l'archi-connu portrait de cette vieille courge de Rudolf II par "Hans von Aachen". L'incrédulité de St Thomas par un maître Nurembergeois de la mi XV ème siècle (Thomas: "Si je ne mets ma main dans la plaie, je ne le croirai point". Jésus: "Porte ici ton doigt, et considère mes mains, et mets ta main dans mon côté." Thomas: "Ah ben merde alors, y a un trou. C'est dingue ça!". Jésus: "Heureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru! Avant je croyais, maintenait je suis fixé"). Judith et Holopherne (enfin juste sa tête) par le grand "Lucas Cranach" le vieux (l'ancien). La mort de Ste Ursule (et des onze mille verges :-) par un maître inconnu d'influence "Albrecht Dürer". Et y a encore du "Petr Brandl", du "Bartholomaeus Spranger", des Hollandais, des Italiens et même la copie (ben oui) du célébrissime Rosenkranzfest d'Albrecht Dürer. Mais propre la copie, on dirait du vrai (surtout vu par l'oeil d'un béotien comme moi). D'ailleurs on dirait même que la copie est plus vraie que l'original, ce qui n'est pas faux parce que... tiens... histoire. On s'est longtemps demandé pourquoi la chienlit suédoise n'avait pas pillé le tableau en 1648, alors que ces fumiers avaient rapiné jusqu'aux poignées de portes en laiton des latrines. Il semblerait que l'état gravement délabré du tableau n'avait pas attiré leur convoitise. Et ouais, l'oeuvre tombait en ruine. Elle fut retouchée sans grand succès par le grand "Karel Škréta", mais l'inventaire pratiqué au XVIII ème siècle classa l'oeuvre parmi les croûtes foutues et totalement bousillées. Pour cette raison elle fut mise aux enchères, et en 1782, le professeur d'art "František Lothar Ehemant" acquit le tableau pour la ridicule somme de 2 florins d'or et 15 kreuzers. La légende raconte que 2 florins coûtait le cadre doré et 15 kreuzers la toile. Pour info, Rudolf l'avait acquise (la toile) en 1606 pour 700 ducats (1 ducat = 30 gros de Prague = 190 kreuzers = 1,9 florins, donc 700 ducats = 1330 florins). En 1793 c'est l'abbé de "Strahov" "Václav Mayer" qui l'achèta pour 22 florins (on se demande d'ailleurs toujours pourquoi), mais ne porta pas spécialement d'intérêt à la ruine qui resta donc en l'état (de ruine). Pis un jour, l'abbé "Jeroným Josef Zeidler" découvrit la toile poussiéreuse dans le fond d'un grenier obscur du couvent, et comme il en était à la création de sa fameuse galerie (de "Strahov"), il se dit que tiens, ça ferait bien une croûte de plus dans sa maigre collection (du début). Il fit donc restaurer le "Rosenkranzfest" par un certain "Johann Gruss" entre 1839-1841, peintre inconnu de peu de talent (selon les critiques) qui finit de par sa restauration à définitivement bousiller le tableau en ruine. Certes, il empêcha que la croûte ne finisse au feu, mais ses "retouches" inopportunes ont amené à modifier totalement le style "Dürer" au point que les spécialistes appellent désormais le tableau la fête du rosaire de Gruss. Cette restauration sauvage et totalement improvisée lui fut d'autant plus reprochée qu'il existait de nombreuses copies de l'original sur la base desquelles il aurait pu travailler. Ben non, il y est allé de sa propre inspiration, peignant carrément un nouveau visage XIX ème siècle à la vierge Marie, sujet principal du tableau. Tiens, je vous ai trouvé un article de la galerie nationale de Prague où vous pouvez entres-autres voir l'état dans lequel devait se trouver la toile avant sa nuisible restauration.
Pis approchait à grands pas l'heure d'aller accueillir les rois mages qui s'en remontaient à dos de chameaux de la place du château jusqu'à la place de la Lorette, aussi nous primes congé des p'tits vieux qui en étaient au tiers de l'exposition, nous primes congé des braves dames de l'organisme qui va bien, nous primes aussi congé des gluantes vachères qui après tout ne faisaient que leur boulot, et nous nous précipitâmes dans la rue "Loretánská" pour voir le susdit cirque. Bon, je m'attendais à mieux: plein de monde, plein de journalistes, plein de gens devant comme derrière empêchant de bien voir comme de photographier, classique quoi. Je vous mets donc juste quelques photos, pour vous dire que ça s'est passé, que si vous voulez y emmener vos gnards l'année prochaine bookez vos agendas, mais très honnêtement, y a pas de quoi écrire à la maison aussi je ne vous en dirai pas plus sur cet évènement. Et pour finir donc sur la galerie de "Strahov", oui, c'est splendide, et faut y aller impérativement. Moi-même j'y retournerai, mais sans les p'tits vieux et sans mon clic-clac, afin de contempler paisiblement les splendeurs qui s'y trouvent. Sinon mes gouailleries sur les p'tits vieux, c'était pour rire, genre ne le prenez pas au pied de la lettre enfin quoi, ils sont comme ils sont les p'tits vieux, parfois chiants, parfois pas, et on a bien le devoir d'en rire non? Et pour ceux qui n'en riraient pas, méditez: "on ne cesse pas de rire parce qu'on devient vieux, on devient vieux parce qu'on a cessé de rire".
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 01 décembre à 09:01
esske c vrai ke un chateau de pologne appartenai a la famill krausse