Johnny Dowd est un drôle de zigue, un ex-GI reconverti dans la chanson qui a attendu l’âge avancé de 49 ans pour publier ses premiers épanchements en solo (l’impeccable Wrong Side of Memphis en 1998). On lui doit depuis une bonne pelletée d’albums aussi recommandables les uns que les autres. On pourrait dire de ce Johnny là qu’il est un peu frappé et que plein de bidules inquiétants lui traînent dans le ciboulot. Un genre de Roky Barett ou de Syd Erickson qui chanterait avec la voix gravillonneuse de Tom Waits ou de Don Van Vliet. Un schizophrène vaguement country gothique qui aurait de quoi inquiéter le commun des mortels (le commun des mortels a bien tort de ne pas se laisser inquiéter). Son nouveau disque a beau être plus tranquille, il est quand même toujours assez schizo et souvent très bien, c’est un bon disque de vieux grigou avec orgue horrifique et voix « trempée dans le bourbon ». Johnny y est assez en forme, il chante avec une fille qui passe (Kim Sherwood) et on croirait entendre chanter un couple improbable dans la salle d’attente d’une entreprise de pompes funèbres (on croirait aussi chanter un Lee un peu fou et un Nancy qui aurait perdu ses bottes). Il y a des blues garrottés, des mambos glauques, de la soul raide et du garage rock qui fuzz sur les marécages. Les histoires de Johnny sont toujours sinistres : des crétins white trash, et plus hillbilly que ma main gauche font des choses bizarres, il y a du cannibalisme, un tueur sur la route, des hommes qui agonisent et des femmes qui finissent mal… Bref que du poisseux, rien que du poisseux, du poisseux languissant, du poisseux pépère et imperturbable comme le serpent fou en pleine sieste digestive au milieu du swamp. Voilà, c'est bien, écoutez-le.
Johnny Dowd est un drôle de zigue, un ex-GI reconverti dans la chanson qui a attendu l’âge avancé de 49 ans pour publier ses premiers épanchements en solo (l’impeccable Wrong Side of Memphis en 1998). On lui doit depuis une bonne pelletée d’albums aussi recommandables les uns que les autres. On pourrait dire de ce Johnny là qu’il est un peu frappé et que plein de bidules inquiétants lui traînent dans le ciboulot. Un genre de Roky Barett ou de Syd Erickson qui chanterait avec la voix gravillonneuse de Tom Waits ou de Don Van Vliet. Un schizophrène vaguement country gothique qui aurait de quoi inquiéter le commun des mortels (le commun des mortels a bien tort de ne pas se laisser inquiéter). Son nouveau disque a beau être plus tranquille, il est quand même toujours assez schizo et souvent très bien, c’est un bon disque de vieux grigou avec orgue horrifique et voix « trempée dans le bourbon ». Johnny y est assez en forme, il chante avec une fille qui passe (Kim Sherwood) et on croirait entendre chanter un couple improbable dans la salle d’attente d’une entreprise de pompes funèbres (on croirait aussi chanter un Lee un peu fou et un Nancy qui aurait perdu ses bottes). Il y a des blues garrottés, des mambos glauques, de la soul raide et du garage rock qui fuzz sur les marécages. Les histoires de Johnny sont toujours sinistres : des crétins white trash, et plus hillbilly que ma main gauche font des choses bizarres, il y a du cannibalisme, un tueur sur la route, des hommes qui agonisent et des femmes qui finissent mal… Bref que du poisseux, rien que du poisseux, du poisseux languissant, du poisseux pépère et imperturbable comme le serpent fou en pleine sieste digestive au milieu du swamp. Voilà, c'est bien, écoutez-le.