Par Samuel Potier - http://www.lefigaro.fr/
Le député MoDem a été réélu à l'Assemblée nationale en juin dernier. (Bertrand Guay / AFP) Crédits photo : AFP
VIDÉO. Célèbre pour avoir chanté à l'Assemblée et fait une grève de la faim, le député du MoDem retrace son parcours dans un livre très personnel à paraître le 24 janvier.
Lister toutes les caricatures pour mieux les balayer. «Jean Lassalle, le député de la grève de la faim», «celui qui chante dans l'hémicycle et qui a un accent à couper au couteau», ou encore «le proche de Bayrou qui a gagné la seule triangulaire de France aux législatives de juin 2007».
Dès le début de son livre (1) à paraître le 24 janvier, dont lefigaro.fr s'est procuré un exemplaire en avant-première, Jean Lassalle annonce la couleur : il parlera en toute liberté. De sa famille de berger, de sa grève de la faim contre la délocalisation de sa vallée de l'usine Toyal. Il ne veut pas être l'«homme politique trop souvent réduit à quelques images simplistes». Jean Lassalle reste très critique envers le gouvernement, comme lors de cet entretien accordé au figaro.fr et réalisé dans le bureau de François Bayrou :
Jean Lassalle évoque également son «coup» médiatique retentissant face à Nicolas Sarkozy, lorsqu'il l'interrompt en 2003 en pleine séance des questions au gouvernement, où il entonne «Se Canto», l'hymne des Pyrénées en langue béarnaise. Il proteste alors contre la suppression d'une gendarmerie près du tunnel du Somport, entre la France et l'Espagne.
Il livre plusieurs anecdotes croustillantes sur la préparation de cet acte unique dans les annales de l'Assemblée. «Nicolas, il faut que nous parlions», lui avait-il lancé auparavant. « Oui, je sais», rétorque alors le ministre de l'Intérieur de l'époque. «Tu ne veux pas m'écouter, Sarko ? Tu y seras pourtant obligé, je te le promets», le prévient ensuite fermement Jean Lassalle.
En 2003 : «Sarko, je vais le flinguer grave»
Son épouse le prévient : «Fais attention à ne pas être transformé en clown.» Il écoute son conseil puis lui répond : «On verra bien.» La France entière l'a vu. Pendant la séance des questions, un député interroge Nicolas Sarkozy. Il est 15 h 13. Lassalle se tourne alors vers son collègue UDF Jean Dionis du Séjour et lui balance cette phrase stupéfiante, employant un «vocabulaire d'ordinaire réservé aux ados» : «Dans quelques instants, Sarko va se lever, et moi je vais le flinguer grave.» Puis il se lève et chante.
Une fois la séance terminée, il est pris d'assaut par les médias, puis regagne son bureau et croise alors «un Nicolas Sarkozy au comble de la rage». Ce dernier lui lance : «Je vais m'occuper de toi, tu n'auras pas à faire à un ingrat. Crois-moi, je vais faire ce qu'il faut.» Lassalle ne se laisse pas intimider : «T'inquiètes, j'attends. J'ai bien attendu jusqu'à maintenant. Je ne suis plus pressé.» Suivront plusieurs mois de «guerre larvée». L'ex-président de l'Assemblée Patrick Ollier avait pourtant prévenu Nicolas Sarkozy au sujet du phénomène Lassalle : «Ce type-là, ne le prends pas de haut, tu lui collerais un pistolet sur la tempe que tu ne le ferais pas changer d'un iota.»
(1) « La parole donnée », Le Cherche Midi, 366 pages.