L'association Accomplir a démontré cette semaine comment le film de propagande, réalisé à grands frais par la mairie pour vanter la Canopée des Halles, tente bien maladroitement de cacher l'énormité, l'absence de fonctionnalité et la laideur de ce bâtiment.
"Les dix gags du film de propagande municipale sur le projet des Halles !
La Ville vient enfin de sortir le film de présentation du projet des halles que tout le monde attendait, il est visible en cliquant ICI .
Comme tous les films de propagande, ce document est extrêmement léché et d’une remarquable qualité dans le rendu, mais pour un œil exercé il ne parvient pas à dissimuler complètement la réalité beaucoup moins glorieuse du projet :
1) La Canopée était censée être un espace largement ouvert sur le jardin, en fait on voit que le toit « pend » à tel point du côté du jardin (3’47’’, 4’57’’) qu’il referme complètement l’espace : en arrivant depuis Lescot, on ne verra pas la Bourse du commerce, il faudra aller dans le jardin pour l’apercevoir !
2) A aucun moment on ne comprend à quoi servira ce grand toit, ce qu’il abritera, ce qui se passera dessous, et pour cause : il sera impossible d’y organiser des spectacles ou même des animations d’une certaine ampleur car le passage entre le Forum et le jardin doit rester libre en permanence pour permettre l’évacuation en cas de sinistre ; on va construire un aussi grand toit juste pour abriter quelques terrasses de café ?
3) Se pose alors LA question : pourquoi recouvrir d’un toit le puits de lumière actuel du Forum, si l’espace couvert que l’on crée est inutilisable ?
4) La verrière du toit est rutilante (2,56’’) et donc transparente mais qu’en sera-t-il une fois que ce toit servira de piste d’envol aux pigeons ? Devra-t-on le protéger dessus-dessous avec des filets ou le hérisser de picots pour éviter que les pigeons se perchent sur le bord des ventelles ou les axes transversaux et se soulagent au-dessus du public ? Comment s’opèrera le nettoyage de ces verrières suspendues au-dessus de 6 étages de vide, et à quelle fréquence dans l’année ?
5) Aujourd’hui, les coursives situées autour du cratère du Forum sont inondées de lumière naturelle, même par temps gris ; dans la Canopée, elles sont surmontées de plafonds opaques et devront donc être éclairées à l’électricité, même en plein jour (3’10’’) : vous avez dit un bâtiment HQE ?
6) Le conservatoire et la bibliothèque sont montrés du côté de la façade qui donne sur le jardin (2’42’’, 2’49’’), partout ailleurs le toit est conçu de telle manière qu’il bouche l’arrivée de lumière naturelle (2’13’’), et 80 % des équipements situés dans les étages seront éclairés à l’électricité, de jour comme de nuit (voir les néons, pourtant en pleine journée, à 2’44’’).
7) Pas un souffle d’air sous la Canopée, pourtant le bâtiment est tourné vers l’ouest, du côté des vents dominants : peut-on vraiment croire que le site sera tellement confortable au point de vue thermique que les gens auront envie de s’installer sur les terrasses de café ? Que se passera-t-il sous ce toit ouvert de toute part quand il fera froid et qu’il y aura du vent ?
8) Pour apercevoir St Eustache depuis la place des Innocents, il faut être au sommet de la fontaine des Innocents (2’10’’), ce qui revient à admettre (enfin) que, pour les piétons, la Canopée bouche totalement
la magnifique perspective de la place des Innocents vers l’église.
9) Attention ça va très vite mais à 3’46 vous pouvez apercevoir la grande cataracte qui tombera du toit côté jardin par temps de pluie ; dans le film, ça marche même les jours de plein soleil ! Mais quand il
pleuvra et qu’il y aura un peu de vent, on imagine comme ce sera confortable de traverser ou de longer cette douche…
10) Le jardin est couvert de grands arbres, pourtant tous ceux de la partie nord (1’42’’, à gauche sur l’image) vont être coupés et replantés à neuf : combien de temps avant qu’ils atteignent cette
taille ? (pour les arbres actuel, il a fallu 20 ans…)."
Le Delanopolis y ajoutera la franche rigolade que lui a occasionné le bruitage à grand renfort de cuis-cuis d'oiseaux et de rires de bambins et les vues plongeantes sur les jambes des femmes délivrées à profusion par le film. Ainsi que l'énorme manipulation qui tend à faire croire que le rez-de-chaussée sera occupé par des équipements culturels alors qu'ils sont relégués sous un premier étage bas de plafond.
Cette énorme verrue à destination essentielle de centre commercial - dimension curieusement à peine évoquée dans le film - reste, malgré tous les efforts de communication, un chancre ruineux pour Paris.