La session parlementaire de l’Assemblée Nationale du Québec est enfin ajournée jusqu’au mois de février 2011. Nous allons enfin, pendant plus d’un mois, pouvoir vivre sans entendre constamment les accusations, les allégations, les insinuations et les exagérations qui émanent de chacune des périodes de questions.
Cette guerre politique entre les deux partis nous a fait oublier le travail accompli durant cette session. Surprise, beaucoup a été réalisé. Malheureusement, les medias ne rapportent pas ces réalisations car ils ne recherchent que les situations juteuses pouvant entacher les personnages politiques. Elles se situent au niveau de nouvelles lois : électorales, financement des partis, éthique; des finances publiques, des ententes collectives avec les employés du secteur public, des grands projets d’infrastructure, de construction, des politiques économiques réalistes, etc. Elles ont résulté dans une performance hors pair du Québec si on le compare avec le Canada, les USA et les pays occidentaux. Nonobstant la grave crise économique qui a frappé partout, nous en sortons en tête du peloton et en meilleure position que les provinces canadiennes. Ici, l’emploi a augmenté plus qu’ailleurs, le taux de chômage est le plus bas. Le déficit peut être éliminé d’ici trois ans.
C’est un bilan remarquable et il faut en féliciter le gouvernement et les députés de tous les partis. C’est la démonstration que malgré les invectives « politicailleuses » qu’ils se lancent en public, nos députés travaillent ensemble derrière les rideaux.
Il y a aussi les prestations du PM Charest à l’étranger. Dans le dernier mois seulement, il est allé en France pour signer une entente importante avec le premier ministre François Fillon, sur la mobilité professionnelle et l'intégration des immigrants, qui doit faciliter l'installation des Français au Québec et inversement. Il a aussi convenu avec le président Sarkozy d’inclure dans le futur accord de libre échange Canada-Europe, une clause reconnaissant le droit de chaque état à protéger sa culture. Il a été décoré de la Légion d’Honneur. Puis, il est allé à Cancun, où se tenait la conférence de l’environnement de l’ONU où il a agi comme co-président du sommet des chefs d’états. Il a reçu à cette occasion le prix australien dédié au « leadership sur les changements climatiques », et le PM australien a déclaré qu’il avait été choisi parce que « sous sa direction le Québec est devenu l’état le plus responsable, en rapport avec l’environnement mondial, de l’Amérique du Nord » et qu’une forêt australienne a été nommée en son honneur. Jean Charest est un bon ambassadeur pour le Québec.
Le premier ministre sort de cette période physiquement fatigué mais toujours combattif, digne et respectueux de ses adversaires. Jamais au Québec, un homme politique a subi un tel barrage d’attaques, justifiées ou non, venant de tous les angles. Avec l’accroissement du nombre des medias et la prédominance d’Internet dans la vie de chacun, tout ce qui a été dit de négatif envers Charest a été amplifié sans cesse, dispersé partout et répété interminablement en boucle, que ce soit vrai ou faux.
Depuis avril 2009, je réclame une enquête publique sur les coûts de construction. Jean Charest s’obstine à ne pas vouloir la créer. Il voit la chose d’un autre angle et croit plus efficace de confier à la police le mandat de démasquer la mafia qui s’est emparé de la construction à Montréal. Une escouade spéciale a été créée et un budget exceptionnel lui a été alloué. Plusieurs autres mesures et groupes ont été mis sur pied et aujourd’hui, plus de 500 personnes travaillent sur le dossier. Il me semble que cela ne peut qu’apporter des résultats. Si Charest a peur d’une enquête publique comme le prétend le PQ, il ne semble pas avoir peur de la police. C’est déjà çà. Tant que nous ne connaîtrons pas les résultats concrets des enquêtes policières, nous ne pourrons juger si Charest a eu raison de refuser l’enquête publique.
Ce que je n’ai pas aimé, c’est le langage excessif de ceux qui réclament une enquête. C’est comme s’ils voulaient autre chose. Rarement parlent-ils du mérite d’une enquête publique ou des démérites d’une enquête policière. Salir le personnage Charest semble être l’objectif. Ils l’ont traité de voyou, de menteur, de traître à la nation, de patroneux, de rapetisseur d’un grand peuple, de mauvaise foi, de copinage, de collabo, de radical de la dépendance, d’extrémiste de la servitude, de fou furieux de l’exploitation, de terroriste du capital, de corrompu et encore et encore… Certains ont même écrit, il y a six mois, qu’il serait vite en prison.
Les critiques de Charest sont devenus agressifs, l’insultent et manquent de respect pour la position qu’il occupe. On a l’impression qu’ils croient tout ce qui a été dit contre lui, comme si c’était la vérité pure. À moins qu’ils aient un autre objectif. Il y a des exceptions, comme le comédien Louis Morrisset invité à « Tout le monde en parle » qui a posé une question difficile à Charest, aussi invité, et qui n’a pas hésité à ajouter qu’il était son premier ministre et qu’il le respectait. Voilà une façon civilisée de s’opposer à quelqu’un. Par contre, le journaliste de TVA, lors de la récente conférence de presse du PM a agi en effronté et en mal appris envers le PM. Et il n’était pas le seul. C’est une honte de voir certains journalistes qui se doivent d’être neutres, agir ainsi. Ce n’est pas digne du Québec.
Le PQ traite les libéraux de tous les noms et ne cesse de transformer les révélations journalistiques en collusion, corruption, tricheries, favoritisme, etc…. Mais ce que ne dit pas le PQ, c’est qu’il a fait de même. Par exemple, dans ses attaques sur la question des prête-noms pour les contributions à la caisse électorale du parti libéral, le PQ ne dit pas qu’il a aussi été un des grands bénéficiaires de cette méthode de financement lors de la dernière élection et depuis. Autre exemple, en rapport avec les individus nommés aux conseils d’administration de sociétés publiques, le PQ a insinué que le PM Charest a nommé ces personnes parce qu’elles avaient personnellement contribué à la caisse électorale du parti. Depuis, on a appris que le PQ avait agi de la même façon lorsqu’il était au pouvoir. Si c’est mal pour les libéraux, pourquoi ne l’est-ce pas pour les péquistes ?
Le PQ dans son opposition à Charest est sans pitié, j’allais dire sans jugement. Si quelqu’un se lève pour défendre le PM, tout de suite une équipe interne est formée pour faire des recherches afin de trouver des informations pouvant discréditer le défendeur du PM. Le plus récent exemple est le cas de Luc Beauregard qui a créé la plus grande agence en relations publiques au Canada. Beauregard qui connait bien tous les niveaux la politique, a écrit un article, paru dans le journal La Presse, pour défendre Jean Charest. Il fut vite accusé à l’Assemblée Nationale de n’être qu’un libéral qui vit au dépend du gouvernement. C’est un genre de menace que fait le PQ. Le message est simple : ne défendez pas Jean Charest, car on va vous attaquer. Beauregard n’était le premier cas. Mme Marois et ses troupes ont oublié que National a souventes fois été engagé pour des travaux importants par les gouvernements péquistes qui se sont succédés. De toute façon, National n’a que 17% de ses affaires qui viennent du domaine public. Ce qui démontre bien que c’est une grande compagnie de chez nous, réunissant des gens de chez nous qui sont les meilleurs de leur catégorie au Canada et aux services des entreprises et des gouvernements. De quoi être fiers, mais pour les péquistes, Beauregard est une honte.
Quant aux projets de construction actuels et l’envolée des prix, c’est un scandale qui semble évident et il est temps que la vérité soit connue. Malheureusement, ce n’est pas nouveau. Le PQ qui accuse Jean Charest sur cette question a vite oublié le projet de Papiers Gaspésia Ltée.
C’était en Gaspésie, et le PQ cherchait à assurer l’élection de députés dans la péninsule pour l’élection qui était imminente. Le projet fut lancé, financé en majeure partie et sa réalisation organisée par le gouvernement péquiste du PM Bernard Landry.
Le syndicat FTQ avait obtenu le monopole du projet. Ce n’était pas surprenant car il supportait ouvertement le PQ aux élections. Il s’agissait de la rénovation du moulin de la papeterie de Chandler qui devait coûter 500 millions $. Le projet était rendu à 765 millions $, soit une augmentation de 53%. L’ordonnancement n’était pas respecté et la réalisation fortement en retard. Le projet fut arrêté, le moulin n’a jamais été ré-ouvert et les 765 millions $ ont été perdus.
L’ex-juge de la Cour Supérieure Robert Lesage fut appelé a présider une commission d’enquête sur la Gaspésia. Son rapport, déposé en mai 2005, indiquait que les experts avaient démontré clairement le trafic d’influence des syndicats québécois. Ses recommandations touchaient l’intervention de l’État dans la construction d’un projet privé qu’il finance, la gestion des fonds de travailleurs et les lois qui régissent les relations de travail. Il fut clairement établi que la FTQ avait empêché des travailleurs du Bas Saint-Laurent et de la Gaspésie, membres d’autres organisations syndicales, d’y travailler. Leurs droits au travail et de choisir leur organisation syndicale, un droit bien implanté dans la construction, avaient été bafoués. De plus, l’équipe de la réalisation du projet n’avait pu trouver un leader avec suffisamment d’autorité et d’influence morale pour exercer son pouvoir et contrôler les intervenants dont la FTQ qui faisait la pluie et le beau temps, avec la bénédiction du gouvernement du PQ. (voir mon blog du 2 février 2007).
A mon avis, le PQ en met trop. Certes, beaucoup de questions sont à poser et il faut à tout prix trouver la clef à ce qui se passe dans la construction. Mais la désinformation qu’il répand n’aide pas. Elle fait basculer l’opinion publique non seulement contre le parti au pouvoir mais contre tous les hommes et femmes politiques. Cela est inacceptable. Y a-t-il un homme ou une femme qui a une famille, une bonne entreprise, un bon métier ou est professionnel qui voudra être candidat à la prochaine élection ? Je crains que non.
On a les politiciens que l’on mérite… c’est donc vrai !
Claude Dupras