Les Emirats arabes unis (EAU) ont connu en 50 ans une croissance sans précédent. Pays sous-développé avec la pêche comme activité principale en 1960, c’est désormais l’un des pays les plus riches de la planète. Petite plongée dans le monde extravagant de l’or noir.
Aux Emirats, le pétrole est roi. La production de 3 millions de barils de pétrole par jour leur vaut la place honorifique de 3e producteur mondial et contribue à un tiers de leur PIB. Un règne du pétrole qui devrait persister pendant encore 100 ans, échéance à partir de laquelle les réserves devraient commencer à se faire rares. Résultat : les EAU se retrouvent avec d’énormes surplus de pétrodollars qu’ils réinvestissent dans des projets pharaoniques, notamment dans le secteur de l’immobilier et du tourisme. Une stratégie qui fonctionne, au vu de la croissance exponentielle connue par les EAU depuis la découverte du premier gisement dans l’Emirat d’Abu Dhabi en 1960. Devenus indépendant en 1972, ils ont quitté leur statut de pays sous-développé en 1982 et présentent aujourd’hui un IDH de 0,903 et le 7e PIB par habitant du monde (55025$ contre 47440$ aux Etats-Unis). C’est ainsi que sont nées des métropoles ultramodernes sur fond de désert, notamment celles d’Abu Dhabi et de Dubaï.
La crise financière de Dubaï à relativiser
C’est d’ailleurs à Dubaï que le contraste est le plus saisissant. L’Emirat s’est lancé dans des projets immobiliers révolutionnaires, faisant de lui la vitrine mondiale du secteur. Parmi ces projets, Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde, est un fleuron à la pointe de l’innovation qui aurait coûté 1,5 milliards $. Symbole de cette folie des grandeurs, cette tour haute de 826 mètres était inaugurée le 4 janvier dernier alors que l’Emirat était frappé de plein fouet par une crise financière. Une crise à relativiser toutefois au vu de la faiblesse de la dette de Dubaï comparée à celles des pays occidentaux (80 milliards $ contre 1500 milliards en France). En fait, si cette crise a créé tant de remous sur les marchés financiers (baisse de 4% en moyenne sur les places de Paris, Londres, Tokyo et Francfort en une journée), c’est parce que ceux-ci craignent un éclatement de la bulle immobilière de Dubaï. Une crainte relayée par les agences de notations, qui suite à la crise ont baissé les notes des principales entreprises de Dubaï. Heureusement, Abu Dhabi, l’Emirat le plus riche et possédant 90% des réserves de pétrole des EAU, s’est porté volontaire pour éponger les dettes de son petit frère.
Un avenir incertain
Mais voilà, la durée de vie du pétrole est comptée et les EAU ne disposent guère d’autres ressources naturelles. N’en concluons pas pour autant que le déclin de l’économie émiratie coïncidera avec la raréfaction de l’or noire, car sa dépendance vis-à-vis du pétrole est bien moindre qu’auparavant. Pour preuve, les revenus pétroliers représentaient 70% du PIB dans les années 80, ils ne représentent désormais plus qu’un tiers du PIB. Une évolution largement due aux milliards de dollars investis qui ont permis aux Emirats de diversifier leurs activités. Ainsi, des projets comme la construction d’un Louvre bis à Abu Dhabi ou d’îles artificielles en formes de palmiers à Dubaï ont permit aux EAU d’améliorer leur attractivité culturelle, touristique et immobilière. Les Emirats pourront d’autre part suivre l’exemple de Ras Al Kaimah, un Emirat sans pétrole, qui a enregistré une croissance de 10% en 2009 axée sur l’industrie et le tourisme.
L’avenir des Emirats n’est donc plus tout noir. La transition vers une économie de l’après pétrole, basée sur l’industrie du bâtiment et du tourisme, est en marche. La folie des grandeurs des Emirats n’est donc pas si folle que ça.
E.B