Déclinaison particulière au sein des productions téléphagiques, les mini-séries ont cet avantage d'allier une certaine durée - permettant des développements plus conséquents qu'un film - et une fin déjà prédéterminée qui évite généralement à l'histoire de s'étioler. Dans l'absolu, ce format offre théoriquement plus de garantie sur la maîtrise scénaristique globale. Et, de façon plus pragmatique, elle permet de s'y investir avec moins d'incertitude, en sachant déjà sur quelle durée l'on s'engage.
Pour tout un tas de raisons parmi lesquelles celles citées ci-dessus, les mini-séries sont devenues un format que j'apprécie tout particulièrement. Parce que je suis désormais naturellement portée vers des histoires qui auront une vraie fin, plus courte que les interminables marathons des grands networks US pour lesquels la lassitude me gagne désormais très vite. Cette évolution dans mes goûts est sans doute aussi un reflet indirect de ma progressive migration du petit écran américain à la télévision britannique, où ce format est plus communément admis et se rencontre fréquemment.
Le choix d'une seule mini-série s'est donc révélé à la fois compliqué, mais pourtant également très évident. Compliqué parce que la liste de ces fictions que j'admire est finalement plutôt longue, et souvent pour des raisons très différentes. Schématiquement, il y a deux chaînes qui figurent au titre de mes pourvoyeurs principaux de mini-séries : la BBC et HBO. Pour la première, c'est incontestablement State of Play (Jeux de pouvoir) qui se détache du lot. Un petit bijou de thriller médiatico-politique avec un casting de rêve et une maîtrise narrative impressionnante qui demeure un incontournable de la dernière décennie des productions anglaises. Pour la seconde, la concurrence est plus rude : John Adams, The Corner, Angels in America, Generation Kill... il y aurait des arguments recevables pour nominer chacune d'elles. Cependant, il en est une que je place encore au-dessus, dans cette zone quasi-inaccessible où l'on peut parler, sans galvauder l'expression, de chef-d'oeuvre. Une dont je vous avais reviewé un épisode l'hiver dernier en concluant sur un vertigineux 10/10 pleinement justifié (le seul de toute l'histoire du blog)...
Band of Brothers
(HBO, 2001)
Band of Brothers est une de ces rares fictions pour laquelle le terme de "chef-d'oeuvre" n'est pas usurpé. Signe qui ne trompe pas, ses qualités s'imposent avec encore plus d'évidence lors d'un revisionnage tant l'ensemble apparaît solide. Le format de mini-série est d'ailleurs parfaitement adapté.
C'est un récit de guerre à la construction narrative méticuleuse, nous permettant de suivre une compagnie de parachutistes américains durant la Seconde Guerre Mondiale, du camp d'entraînement jusqu'au Nid d'Aigle d'Hitler et en Autriche. C'est une histoire d'hommes, de soldats, mais c'est bien plus que cela : au-delà de l'hommage en filigrane à leur action, c'est à ces liens qui se forment dans ces moments extrêmes où on a fait le deuil de sa vie que la série semble dédiée. La cohésion des personnages, comme l'homogénéité d'ensemble, ne peut que frapper un téléspectateur, impressionné par un récit qui ne comporte aucun temps mort, aucune baisse qualitative, mais qui présente au contraire des épisodes aboutis et complémentaires, adoptant des angles narratifs différents. Ils comportent leur lot de passages plus bouleversants les uns que les autres. Si certains épisodes sont parfois à la limite du soutenable, il n'y a aucun voyeurisme ou excès déplacés, la caméra ne se départissant jamais d'un réalisme marquant mêlé à une indéfinissable pudeur, témoin au coeur des évènements tout en sachant prendre parfois cette distance toute en retenue.
A la maîtrise scénaristique sur le fond, s'ajoute une réalisation superbe, où la photographie et l'esthétique globales sont tout simplement magnifiques pour les yeux (pour les amateurs de nouvelles technologies : j'ai revu la mini-série en blue-ray en début d'année, l'expérience fut grandiose - c'est typiquement pour ce genre de programmes que cette amélioration est pertinente), le tout accompagné d'une bande-son tout aussi sobre qu'inspirée. Enfin, le casting, choral, s'avère particulièrement convaincant, au diapason de la qualité globale, emmené par un Damian Lewis qui tient là un de ses meilleurs rôles.
Le générique inoubliable :
A relire - Ma critique de Bastogne (Episode 6) : Le chef d'oeuvre de l'enfer de Bastogne.