PRESTIGE, le spectacle du Cirque Bouglione

C'est rituel, à l'approche de la fin d'année, nous emmenons - et nous nous emmenons avec plaisir aussi - nos petits chéris au Cirque d'Hiver. Prétexte tout trouvé pour se délecter des frissons et des prouesses des acrobates, jongleurs, patineurs à roulette, dompteurs, funambules, trapézistes accrochés à des sangles ou à de longs rubans, danseuse de hula-hoop, écuyères....et bien entendu les clowns.
Ils sont deux, avec des gentils compères : Bellini et ses tours de magie foireux...encore que...et surtout, avec les grâces toutes félines du mime Marceau, les frais et poétiques bruitages du charmant charmeur Julien Cottereau. Très en douceur, pas vulgaire pour un souffle...du grand art.

Par rapport au spectacle précédent baptisé "Festif", celui-ci annonce la couleur avec un titre audacieux : PRESTIGE ! On attend donc davantage. Et l'attente du spectateur n'est pas déçue.

Un démarrage avec un lion et plusieurs lionnes, qui travaillent en harmonie avec leur beau dresseur aux yeux bleus, le suisse Dominique Gasser, puis Salima, gracile, avec ses cercles de lumière et une robe de gitane, sobre, un vent frais du sud.

Dans l'hyperclassique, on n'échappe pas au travail de haute école de Régina et Joseph Bouglione. Les bêtes sont splendides et obéissent au moindre battement de cil.
Comme nous étions au premier rang, nous pouvions voir de très près les acrobates humains et animaux, et les entendre souffler. La position devint moins confortable lorsque l'on vint installer, pratiquement sur nos fauteuils, d'énormes matelas destinés à amortir la chute du couple de funambules mexicain réalisant un numéro exceptionnel : Madame a les yeux bandés, elle porte monsieur sur les épaules, et traverse le câble - exactement au-dessus de nos têtes, le tout en chantant ! Et visiblement, le couple Guerrerro porte aussi la petite cinquantaine.

Autre surprise agréable : les intermèdes dansés sont assurés non pas par les habituelles girls destinées à faire que les Papas ne s'ennuient pas, mais par une troupe d'acrobates-danseurs ukrainiens, les Bingo, mixant de belles performances très classiques et de la danse tout à fait rythmée. Parmi cette troupe, des duos d'artistes ont aussi leur moment d'applaudissements.
Deux numéros en douceur et en souplesse, pas époustouflants du point de vue technique ou de la prise de risque : un couple utilisant les sangles aériennes, duo très bien réglé, exécuté avec beaucoup de sensibilité et d'harmonie : Désir of Light. Ils m'ont fait penser à Ségolène Royal...Je la voyais accrochée au cou de son homme, à 10 mètres du sol...Faut avoir la confiance du partenaire, là !

Et, toujours dans le surprenant et l'effet visuel réussi, le numéro de cercle aérien d'Irina Bouglione, qui se termine en danse aquatique faisant irrésistiblement se remémorer aux personnes de mon âge les jeux d'eau du Gaumont Palace à la grande époque ! Et enfin, un adorable numéro de roulades exécuté par Valentino, Dimitri et Alessandro dont les âges additionnés ne doit pas dépasser 20!

Bref, une soirée chronométrée au petit poil, des équipes jeunes, souriantes et bien managées, des costumes superbes..Une soirée de rêve pour enfants émerveillés...qui perpétueront à leur tour le rituel du Cirque.

Un seul bémol : pourquoi tant de fumigènes. On ne voit pas le bout de la piste et si certains numéros en sont améliorés, la systématisation en tue l'effet...