Ne pas ressasser ce visage, s’en approcher, l’observer, le contempler, ne surtout pas le ressasser, ne pas dire, encore et encore, qu’il est beau, ne pas dire qu’il est la stigmate du divin, ne pas dire qu’il est lumière, taire toutes les prérogatives de la poésie, taire tous les aléas du désir, ne pas ressasser ce visage, l’oublier, le confiner dans un lieu désertique, aux confins de toute humanité, de tout imaginaire, l’oublier parce qu’il est un gouffre de lumière, parce qu’il a le pouvoir de tout déchirer, de tout détruire, ne pas ressasser ce visage mais le chercher, toujours, tout le temps, ici ou là-bas, il t’attend, il est impatient, ce visage est une brûlure, ce visage est fort et beau, ce visage est musique, il ne connait pas l’impénitence du doute, il se moque des prémisses du néant, ce visage est si beau qu’il dévoie l’éternel mais ne pas le ressasser, surtout pas, ne pas le désirer, ce visage est une ombre oublieuse, il doit être ainsi pour ne pas tuer ceux qui s’en approchent trop, pour ne pas les anéantir mais tu ne cesses de le chercher, tu ne peux faire autrement, écailler ton corps et toutes ses mélancolies et le chercher, ici ou là-bas, partout, ne pas cesser, parcourir les rues, les iles et les continents, s’en aller ailleurs, plus vite, toujours plus vite, chercher ce visage mais ne pas le ressasser, ne pas ressasser sa beauté parce que tu veux subsister, respirer, parce que tu ne veux pas que son étreinte te réduise en cendres et il faut espérer, continuer, ce visage est là, quelque part, c’est celui d’un enfant, peut-être, c’est celui de l’aimé, d’un vieillard, enfin peu importe mais le chercher, le trouver mais ne pas ressasser car la beauté n’est que d’une demeure, celle de l’oubli, ce visage est l’amour dénué de sang et il te le faut, le posséder un instant avant de l’annihiler parce que tu ne peux faire autrement, tu ne peux, tu ne peux, ce visage est l’amour dénué de sang, ce visage est oubli, il te le faut et tu ne peux, tu ne peux, tu ne peux.