(Raidjie) Le mois de mars nous a apporté l'un des plus gros ovni musical de cette année-ci. Avant de m'être procuré A Sufi And A Killer je ne connaissais rien de Gonjasufi, était-ce du rap, ou du hip hop plus généralement? De l'électronique peut-être? Bref un nom qui ne me disait rien hormis le fait qu'il avait déjà collaboré avec FlyLo auparavant, on m'avait cependant convaincu que cela valait le coup sans pour autant m'en dire plus que ça.
Si on devait expliquer le déroulement d'un voyage psychédélique je pense que l'album A Sufi And A Killer résumerait bien le trip, dès le lancement, de ce qui est le premier opus de Gonjasufi, on sent de suite qu'il ne s'agira en aucun cas d'un album prévisible. Par moment j'avais le sentiment de me trouver à un endroit, disons le désert de Mojave et à la track qui suit plutôt sur le sous-continent indien, une expérience musicale des plus intéressante.
L'album se construit de la suite d'une multitude de track courtes et j'ai presque envie de dire à la Madlib car l'ambiance complètement barrée qui se dégage de A Sufi And A Killer me rappelle, avec tout de même une certaine distance, le génie (oui oui) un peu mal cerné de Madlib, avec une certaine distance car l'ensemble ici n'est pas jazzy. Sur la liste des prodos ayant participés au projet on compte Flying Lotus, The Gaslamp Killer et Mainframe. Pour ceux qui connaissent l'univers musical des deux premiers on remarque que ces associations ne sont plus que naturelles, en effet les pattes avant-gardistes et électroniques de FlyLo et The Gaslamp Killer se marient très bien avec l'univers inhabituel de Gonjasufi, hip hop par les productions puis rock et psychédélisme, le tout enjolivé par la voix perturbante de Gonjasufi. J'ai été agréablement surprise de voir Mainframe être associé au projet, son précédent travail sur le Johnson&Jonson avec Blu m'avait beaucoup parlé, et ici il marque à nouveau des points en produisant « Candylane » qui est un des meilleurs titres de l'album.
Près de neufs mois après la sortie du skeud j'ai toujours un peu de mal à m'approprier A Sufi And A Killer, en fait c'est selon les humeurs car
l'album est tout de même assez difficile d'accès mais une fois qu'on est plongé dedans dur de passer à autre chose, après tout c'est un peu de la musique de chaman.
Best tracks: SuzieQ, Stardustin' (merci Hendrix), Candylane, Made.
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(Akram) Il est indéniable qu'il y a 3 ans lorsque j'ai commencé Onemic ce genre d'artiste aurait jamais terminé dans un de mes classements
tout comme il est indéniable que Yann Tiersen est un putain de génie, un génie souvent copier jamais égalé.
2010 aura été l'année durant laquelle j'aurais vraiment découvert l'artiste, du début à la fin j'ai pu prendre le temps de tout écouter et le constat est simple : il ne faut surtout pas s'arrêter
à Amelie Poulain parce que Yann Tiersen c'est vraiment bien plus.
En plus d'entre un grand artiste, il est ce genre de type engagé qui me parle, ce genre de type capable de te pondre un des meilleurs morceaux de son nouvel album et de l'intitulé
Palestine écrit après un voyage à Gaza !
Beaucoup ont dit que cet album est le plus accessible du monsieur. Lorsque j'écoute un skeud, je ne cherche pas à savoir si celui ci est accessible, je cherche et j'attends juste qu'un album me
parle, qu'un album me procure cette sensation que je ressens trop peu aujourd'hui : cette sensation que la musique est plus qu'un art !
Et c'est bel et bien le cas de Dust Lane, chacun des morceaux en plus de former un ensemble très solide nous invite au voyage! un voyage plaisant durant lequel pas mal de
sensations différentes vous parcourent. Yann prouve tout le long de cet album qu'il manie à merveille son univers musical, qu'il sait également le faire évoluer, l'assombrir
quand il le faut et après plusieurs écoutes on se rend compte qu'un travail d'orfèvres a été effectué, il n'y a pas ces effets superflus qu'on retrouve chez ces artistes qui s'autoproclame roi de
la musique (oui oui suivez mon regard).
C'est sobre, poignant, le morceau Ashes, sa ligne de piano et ses effets sont justes... Dust Lane est vraiment un grand, très grand album, ce genre de skeud qui
se bonifiera avec le temps, il suffit d'écouter les différentes mélodies, l'ingéniosité, la sensibilité du tout pour le comprendre. Ce disque m'a accompagné une bonne partie de l'automne et je ne
sais pas comment l'exprimer mais il colle parfaitement à cette saison. Au final je suis vraiment content d'avoir enfin pris le temps de découvrir Yann Tiersen et de pouvoir
écrire qu'il a marqué une partie de mon année 2010.
Alors oui ce n'est pas de la musique accessible à tous mais vraiment j'espère que le simple fait de le mettre dans mon classement permettra à pas mal de monde de découvrir l'artiste, de découvrir
cet album. Limite lorsque j'écoute Yann Tiersen j'envie les Bretons, mais seulement lorsque je l'écoute.
"Fuck me, fuck me, fuck me, fuck me / Make me come again"
"Love me, love me, love me, love me / Make me love again.
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(Ghosta) Je n'ai jamais été une grande fan du Saïan Supa Crew, j'ai apprécié comme tout le monde les Angela et autres À Demi Nue et les albums KLR et X Raisons ont eu leur petit moment de gloire dans ma chaîne hi-fi mais sans plus. C'est donc avec un intérêt moindre que j'ai pris le temps d'écouter le premier opus de Sly The Mic Buddah renommé Sly Johnson depuis la séparation du groupe.
Un intérêt qui m'est venu lorsqu'en écoutant Radio Nova, une voix profondément soul se mêle à celle d'Ayo sur un beat doux et smoothie. Coup de coeur, coup de foudre, je m'empresse d'aller sur le site de la radio afin d'y dénicher le nom qui m'étais alors encore inconnu. À l'écoute d'I'm Calling You j'avais cru à une nouvelle collaboration d'Ayo avec une petite étoile montante made in US mais que nenni.
Si la France s'est emballée cette année pour Ben L'Oncle Soul (qui n'est foncièrement pas mauvais mais qui ne me parle pas vraiment), ma curiosité m'a poussé à écouter ce 74 sorti le 26 septembre via Universal Music Classics & Jazz. Je ne prétends pas avoir une grande oreille Soulful cependant je sais reconnaître un bon album lorsqu'il l'est.
Sly présente ici quelque chose d'intimiste, personnel, presque confidentiel. Si I'm Calling You et (You are a) STAR étaient déjà sortis plus tôt sur son June 26th EP, l'album recelle de 9 autres titres catchy, gracieux et passionnés. Entourés des Slum Village (Slaave 2) et de de l'australienne Rachel Claudio (You are a) STAR c'est avec ses propres compositions mais aussi l'art de la reprise (Fa-Fa-Fa-Fa-Fa (Sad Song) d'Otis Redding et Everybody's Gotta Learn Sometimes de Beck) que Sly démontre que même s'il s'agit d'un premier album, il n'est pas un amateur et que la scène Soul française (voire internationale) doit désormais le compter dans ses rangs.