Il est toujours un peu embêtant de sortir d'un film en ayant bien compris qu'il y avait une morale mais en n'ayant pas saisi laquelle. Parce qu'il fait preuve d'une rare maladresse aux commandes du film, le sud-africain Gavin Hood livre un objet aussi ordinaire dans son traitement que gênant dans son propos. Pendant une heure et demie, Détention secrète s'impose comme un film choral autour d'un égyptien installé aux États-Unis et accusé sans doute à tort d'être un terroriste. Avant que son metteur en scène ne finisse par s'emmêler les pinceaux.
Voilà ce qu'on risque à mêler suspense et film politique : rendre l'ensemble indigeste à force de transformer des personnages en schémas sur pattes juste pour les besoins de l'intrigue. Dans sa dernière demi-heure, Détention secrète semble indiquer, en somme, que tous les gens plus ou moins arabes ont en eux le gène du terrorisme et du vice. Avant de se raviser illico. On n'ira pas jusqu'à accuser Hood d'avoir pondu un film raciste (ce qui serait étonnant de la part de défenseurs de l'égalité des peuples et de la démocratie tels que Meryl Streep et Jake Gyllenhaal), mais son inaptitude à formuler clairement la thèse qu'il entend démontrer tend à en faire une oeuvre dangereuse pour peu qu'elle tombe dans des mains peu expertes.
Cet ultime faux pas fait passer le film du statut d'hollywooderie banale à celui de gros soufflé bien gênant. Le genre de machin qu'on préfère oublier dès le générique de fin, bien embêté pour une bande d'acteurs habituellement irréprochables et soucieux de savoir si Gavin Hood, après deux films peu recommandables, va être capable de faire quelque chose de bien du Wolverine qu'il s'apprête à réaliser. Si le film est exempt d'un quelconque propos social ou politique, il reste sans doute une petite chance.
2/10