Le Théâtre 140 est à dix minutes de voiture de chez moi, mais qui
dit proximité ne dit pas toujours facilité. Le souci c'est trouver à se garer, et là c'est vraiment la galère.
Après avoir"tourné" pendant plus de 30 minutes, je décide, résigné, d'aller me garer de l'autre coté de la place Meiser à environ 15 minutes à pied de la salle.
Absurde non ?
Un concert de Pigalle ça se mérite
!
Le Théâtre 140 est rempli au 2/3. Pigalle reste un groupe au succès plutôt confidentiel mais ses afficionados sont fidèles, et toujours fidèles au rendez vous.
Depuis les années 80, François Hadji-Lazaro tient les rennes de Pigalle.
Proposant un style entre punk rock, folk, java et chanson réaliste le groupe a toujours bénéficié d'une excellente réputation
scénique et a commis un paquet d'albums d'une grande qualité..
Acteur ( Delicatessen, La Cité des enfants perdus, Le Pacte des loups..), musicien, chanteur, producteur , FHL traîne sa corpulente carcasse dans un univers musical peuplé d'instruments de
musique hétéroclites: accordéon, cornemuse, banjo, guitare, violon, orgue de barbarie, ukulélé...en tout plus d'une vingtaine qu'il maîtrise souvent en autodidacte.
Sur scène, tous ces instruments pendent à un énorme tourniquet .
François Hadji-Lazaro fut aussi à la tête du label Boucherie Productions, fleuron du rock alternatif des eighties avec à son catalogue de groupes comme
Les Garçons Bouchers, Les Tétines Noires, Paris Combo, Clarika etc.. Le label dû hélas mettre la clé sous le paillasson après sept années d'activité, il garda toujours son indépendance et c'est
tout à son honneur.
20h40, les 4 Pigalle prennent possession des lieux. Gaël à la
guitare, Boubouch à la basse, François (ex Paris Combo) à la batterie et FHL au luth.
Le groupe attaque "la Frontière" et enchaîne avec "Marie la Rouquine", "2, 3 fois par mois", "Il boit du café", et "la Dernière fois"
"Pigalle est connu pour faire des chansons pas très positives" déclare François. "Il te tape", mélange de musette et de punkrock au texte dur qui fait réfléchir, confirme ses dires.
" Je vais vous parler d'un quartier pas loin de Pigalle où il n'est pas bon se promener après 21h: Le Quartier de "la goutte d'or". Les premiers rangs se déchaînent.
" La biche", "Rascal et Ronan", "Qui voudrait parler d'elle", "L'amour forain" (magnifique!), "Ophélie" l'histoire de cette secrétaire qui se met à rêver, que François habille musicalement de sa
flûte traversière avant d'enchaîner avec "Pigalle". Une flopée de titres cultes !
"Dans les cités il y a des choses horribles c'est vrai mais il y a aussi des gens sympa dont les media ne parlent pas !" et de poursuivre avec "La cité sans nom" et son rythme obsédant suivi d'
"Une brève rencontre" tiré du tout premier album de Pigalle !
François repasse à la guitare et c'est "Si on m'avait dit" du dernier album Des Espoirs, dédié à ceux qui prennent conscience de ce monde de merde qui
s'offre à nous et tentent malgré tout de réagir.
Une fuite avec " L'autoroute", la poésie avec "Chez Mme Eulalie" dont le sourire reste le seul souvenir d'un assassin emprisonné.
"Vendredi 13", " N'oublie pas" qui soulève la salle," Il l'attendait" superbe texte sur l'amour à mort et le désespoir. François à la clarinette...
"l'Eboueur" fera pogoter le 140 avant le formidable "Je bois ma vie" rengaine éthylique sur un accordéon bastringue.
"le Chaland" sera prétexte à la présentation du groupe avant que celui ci ne nous file "la Patate" avant de s'éclipser en coulisses.
Le 140 est debout et veut un bis !
''Ah si j'avais su !" s'exclame François avant de nous emporter dans l'énergie de" La salle du bar tabac de la rue des Martyrs" hymne légendaire du groupe qui mettra le feu à la salle.
Le groupe terminera le set par un clin d'oeil à Graeme Allwright en reprenant "Il faut que je m'en aille" chanté en choeur avec son public.
"Et vers minuit un refrain qui s'enfuit une boite de nuit, Pigalle
On y croise des visages comme un gout sensationnel
On y parle des langages comme a la tour de Babel
Et quand vient le crépuscule
C'est le grand marche d'amour
C'est le coin ou déambulent
Ceux qui prennent la nuit pour le jour."
François Hadji Lazaro un homme au grand coeur dans une carcasse de lutteur...
Pigalle un groupe qui fait du bien à l'âme !
Apres le concert je pus échanger quelques mots avec boubouch backstage.
Pas de François Hadji- Lazaro dans les parages, le guerrier se reposait sans doute dans sa loge apres le combat.
Dommage l'envie était forte de lui dire à quel point sa poésie urbaine nous remue souvent les tripes et le coeur.
Ce sera pour une prochaine fois...
Merci François !