L’excellent article d’Olivier Bertaux dans le n°81 du Cri du contribuable : “Impôts, la marée monte“ appelle en complément un certain nombre de commentaires et d’informations.
« Les impôts n’augmenteront pas » a proclamé le président de la République, slogan électoral agréable à entendre, mais malheureusement totalement fallacieux ; ce sont les prélèvements obligatoires qui augmentent, y compris les impôts locaux que tout le monde doit payer et qui, eux, se sont envolés.
A Paris, ils ont doublé en cinq ans et dans bien d’autres communes, c’est pire encore. Si l’on ajoute à cette réalité, c’est-à-dire aux prélèvements obligatoires de nature nationale, régionale, départementale et inter-communale, les dépenses obligatoires, force est de constater que le pouvoir d’achat des Français, en particulier celui de la classe moyenne, diminue d’année en année. Les prix de l’électricité, du gaz, des assurances, des charges immobilières, qui elles ont progressé de 33 % entre 2002 et 2009, soit à un rythme de 3,7% par an, augmentent sans arrêt et cela va continuer : “progression inexorable“, écrit Olivier Bertaux.
Or, la progression des salaires et revenus ne suit pas. L’augmentation du niveau de vie des classes moyennes entre 1995 et 2005 a été de 11,60%. Cela n’a pas changé depuis. Il en résulte la paupérisation constante de la classe moyenne aussi concrète qu’évidente. Si l’on tient compte, en outre, des prix de l’immobilier, comment des jeunes même de très bonne formation avec une situation tout à fait convenable peuvent-ils acheter un appartement de surface familiale alors que le prix du mètre carré est à Paris de 7 000 euros en moyenne et qu’il est de plus de 10 000 euros, voire plus dans le centre de la capitale. Au troisième trimestre, les appartements à Paris se sont appréciés de 5% d’un coup !
Ces jeunes Français sont donc condamnés à se loger en banlieue, la petite couronne, la grande couronne, puis Chartres, Rouen, Orléans, etc., avec plus de deux heures de transport par jour. La grande différence entre le revenu brut et le revenu réel, dans un pays où la moitié des salaires sont inférieurs à 1600 € brut, la difficulté que l’on éprouve à conserver son épargne avec de faibles taux d’intérêt absorbés par l’inflation font que peu à peu, la classe moyenne, vache à lait de l’Etat, se retrouve dans une situation précaire.
Elle se prolétarise. Déjà, plus de 65% de cette classe déclare s’imposer des restrictions. Les jeunes diplômés l’ont bien compris et cherchent des emplois à l’étranger dans des pays non spoliateurs. Et ils les trouvent.
Ils savent, ces jeunes (26% des 15-24 ans sont au chômage) que la France est un pays en faillite avec une dette de près de 1 600 milliards d’euros, mais si l’on y ajoute les emprunts hors bilan avec notamment les provisions à constituer pour payer les retraites des fonctionnaires, on atteint 2 400 milliards, soit 40 000 euros par habitant. Un jeune couple sait qu’en France, son enfant trouvera dans son berceau une dette de 40 000 euros.
Il sait aussi que malgré une redistribution sociale gigantesque, de plus de 500 milliards d’euros par an, la France compte 8 millions d’habitants, Français ou non, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ils savent, ces jeunes, que la France est depuis des décennies gouvernée en dépit du bon sens ; les discours d’un côté, la réalité de l’autre.
Christian Lambert, ancien ambassadeur de France
Articles similaires :