En 2003 les Français avaient prévenu que la route était bouchée par les icebergs, et les Américains avaient ainsi répondu à notre « arrogance » (dixit Sarko l'Américain) :
Aujourd'hui il ne reste plus sur la passerelle du Titanic irakien que le commander in chief, lâché par tous ceux qui l'avaient soutenu et poussé en avant : les néocons sont partis avant même les rats, les démocrates oublient qu'ils ont voté les pouvoirs de guerre des deux mains et soutiennent toujours les tribunaux d’exception militaires de Guantanamo, et les républicains sont aux abonnés absents (ce que la chaîne MSNBC traduit à la manière des Guignols par : « GOP goes MIA ». Voir Impeach Bush, Save the troops ?) quand ce n'est pas en franche opposition.
Pour ma part, et n’en déplaise à un de nos amis blogueurs qui se moquait que j’aurais eu la science infuse dès le début, j'écrivais bien dans « L'intuition du déclin » en avril 2003, alors même que les chars américains entraient dans Bagdad, qu’il y a bien pire qu’une défaite militaire pourtant facilement prévisible (voir également : « La guerre introuvable », avril 2002), c’est de « reculer après avoir tant gesticulé, et précipiter la fuite de vassaux ridiculisés par celui qu’ils croyaient leur protecteur... Il arrive un moment où toutes les sorties de crise s’avèrent catastrophiques et se traduisent par une perte irréparable d’auctoritas. »
Laisser les Irakiens se démerder tous seuls, comme le réclament désormais nombre de politiciens US, comme ouvrir une procédure d’impeachment contre Bush, très Blues Brother en mission pour le Seigneur, et qui n’en demande pas tant pour jouer les martyrs et s’obstiner dans son erreur, ne servira à rien. L’Amérique, qui finalement croyait il y a quelques semaines que ça s’arrangerait, n’a déjà que trop attendu, et les dégâts sont irattrapables. Temporiser davantage, c’est risquer de tout perdre. Bush l’a compris le premier, qui ne cesse de répéter à ses concitoyens depuis la prise de Bagdad qu'il est impossible de reculer. There's no going back !
Finalement, comme je l'écrivais également dans American parano, il est sans doute le seul Américain qui ait vraiment compris, et le seul qui assume.
Mais qu’il se rassure : il aura définitivement perdu le soutien de ses compatriotes et l'orchestre sera depuis longtemps descendu dans les canots de sauvetage qu’il restera de ce côté-ci de l’Atlantique des Lellouche, des Bacharan, des Kouchner, des Adler et peut-être même des Sarko pour nous jouer de la petite flûte et du triangle en psalmodiant que l’Amérique reste la première puissance du monde même si elle perd ses guerres. Non, bien mieux : l’Amérique est la plus forte parce qu’elle perd ses guerres.
Ah, c’est du paradoxe élyséen germanopratin, vous ne pouvez pas comprendre…