Le numéro de cette semaine de Marianne, que je vous recommande vivement puisque j'y suis désormais mis dans la catégorie des intellectuels qui comptent pour avoir publié, avec Sarko l'Américain, un "essai populaire réussi", poursuit par un article consacré au réveil bien tardif d'Hollywood concernant la dénonciation de la guerre d'Irak.
Je ne peux qu'être d'accord, puisque j'écrivais moi-même dans American parano il y a déjà un an et demi que le cinéma US, tout comme l'opinion publique qu'il flatte et ne violente pas, ne se réveillerait que pour "voler au secours de la défaite", autrement dit qu'il y aurait contestation tardive non pas de la guerre mais de l'échec, selon cette philosophie très pragmatiste américaine qui nous échappe totalement. Ou, comme le disait Ferdinand Foch en 1918 à un plénipotentiaire allemand, que la contestation n'est dans le cas des Etats-Unis qu'une "maladie de vaincus".
Philippe Grasset remet de son côté également les choses à leur juste place. Avant de pouvoir contester la guerre, encore faut-il qu'elle soit correctement représentée. Or les Américains sont à mille lieues de comprendre ce qui se passe. Ce qui ne fait que creuser davantage le fossé transatlantique, et rend la tache de nos atlantistes revanchards et sarkoziens de plus en plus casse-gueule. Non pas parce que le ridicule de leur entreprise les coupe des opinions européennes, cela ils l'assument courageusement depuis toujours ; mais parce qu'ils ne trouvent même plus de répondant du côté d'Américains tellement en dehors du monde que même nos Bacharan, Kouchner et autres Lellouche ne parlent plus le même langage qu'eux.
Etre plus con que Kouchner, il faut le faire. L'Amérique y parvient.