L'année de tous les dangers

Publié le 06 janvier 2008 par Jean-Philippe Immarigeon

Ce ne sont pas les nuages qui grondent qui sont inquiétants, c’est l’incapacité de nos élites à rien proposer.

Avec quoi commence t-on 2008, outre la reprise de l’inflation, une crise frumentaire et un appauvrissement généralisé du monde, y compris dans les nations industrialisées ? Avec une Amérique prise les deux pieds dans le bloc de ciment irakien et au bord de la récession, avec à sa tête un dirigeant auquel le monde ne demande qu’une chose, ne rien faire, donc une Amérique qui va être totalement absente jusqu’au 21 janvier 2009 ; avec une Chine dont on va enfin découvrir le vrai visage (une gigantesque usine-goulag où l’on étouffe, au sens propre comme figuré) ; avec un Orient laissé à lui-même c’est-à-dire à la violence en Terre-Sainte et la guerre entre l’Euphrate et l’Hindus ; avec une Europe inexistante qui pourrait s’installer durablement dans ce vide historique, mais qui a choisi de ne rien faire et d’attendre l’élection à la présidentielle US comme d'autres attendent le Messie.

Voilà donc une année 2008 qui est à prendre et sera à ceux qui auront l’audace de le faire à la hussarde.

Et devant lesquels nous ne cessons de capituler. Dernier exemple en date : l’annulation du Dakar. Autrement dit, sa mort. Personne ne va pleurer sur ces 30 ans de débauche narcissique occidentale désormais derrière nous. Ce que l’on a en revanche bien compris, c’est qu’une poignée d’illuminés a réussi en quelques jours à faire plier une vieille machine rodée, puissante et riche, et que notre gouvernement lui-même a donné le signal de la capitulation. Oh ! rien d’étonnant lorsque l’exemple vient du sommet, lorsque la France sarkozoise (comme on disait munichoise) se couche devant les dictateurs libyens, syriens et tchadiens, et que le Schreck qui la gouverne est plus préoccupé de tirer son coup avec sa Messaline de seconde main que de sortir Bétancourt des mains des FARC.

J’avais écrit dans deux articles parus dans Défense Nationale, en juin 2005 puis en décembre 2006, que les badernes, jeunes et vieilles, qui nous gouvernent non seulement étaient incapables de gérer le monde mais qu’elles ne feraient qu’aggraver les choses en dupliquant à l’infini les bêtises qu’on leur a appris à faire dans les écoles de commerce, les cabinets de coaching, sur les divans de psychanalystes.

« Notre monde égaré (comme disent les islamistes avec quelque raison) fait désormais semblant de savoir où il va ; mais plus personne n’est dupe. C’est dans la révélation d’une évidente perte de maîtrise que réside sa fragilité, car des failles de vulnérabilité ont été révélées dans lesquelles pourraient s’engouffrer des périls bien plus conséquents qu’Al-Qaïda. » (Le monde selon Rand)

Aussi, lorsque j’écris aujourd’hui que nous sortirons de l’année 2008 en petite culotte, j’espère sincèrement, cette fois, me tromper.