Aux Déchargeurs, une réflexion sur la vieillesse. Jolie bien qu'inaboutie...

Publié le 10 décembre 2010 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Daphné, petit bout de femme de 93 ans au caractère trempé et au langage parfois fleuri, croit partir en promenade dominicale avec ses enfants, mais c'est en réalité dans une maison de retraite que ceux-ci l'accompagnent et l'y installent, pour ne pas dire l'abandonnent, contre sa volonté et sans l'y avoir préparée... Nous la suivrons alors dans ce quotidien qu'on lui a imposé mais dont elle voudra s'échapper à tout prix.

Seule en scène, Margaux Delafon, jeune comédienne, donne vie avec un talent certain au personnage de Daphné ainsi qu'à la douzaine d'autres protagonistes de cette histoire (enfants, personnel soignant, résidents...) et nous livre un intéressant travail sur le masque et le corps. Energique, battante, touchante, amusante, surprenante, sa vieillarde est franchement bien dessinée. On pourra regretter une esquisse parfois légèrement plus maladroite des personnages qui l'entourent , existants certes mais dans une relative approximation.

Le texte de Laurent Leclerc aborde intelligemment, et non sans poésie, les thèmes de la vieillesse, de la vie et de la fin de vie, de la solitude, de la dépendance, et des responsabilités de chacun vis à vis de l'ancienne génération.

L'auteur peine cependant à ciseler ses dialogues et à approfondir des situations pourtant bien trouvées (comme la scène des enfants tentant de persuader leur mère, avec une mauvaise foi totale, qu'elle ne peut plus rester chez elle, ou encore celle de l'animatrice de la maison de retraite dépassée par les évènements). Ce qui pourrait alors s'avérer  fort et poignant n'est que touchant, et il en va de même pour ce qui est du registre comique. On sourit souvent alors que le rire  n'est jamais loin. Et c'est dommage.

On a ici le sentiment d'un premier travail intéressant et de qualité, mais un peu timide, sur lequel il serait bon de s'attarder à nouveau afin de le peaufiner, tant dans le jeu que dans l'écriture, même si l'ensemble mérite d'être vu et soutenu.

"Tout doit disparaître" se joue jusqu'au 18 décembre.