lundi 14 janvier 2008
Je viens de voir une des plus belles scènes jamais réalisée au cinéma. Il s'agit d'un long plan séquence montrant le mariage entre une grecque et un albanais. Chacun est de chaque côté du fleuve qui marque la limite entre les deux pays. On dirait un tableau, ces deux familles de chaque côté du fleuve avec les peupliers au fond. Tout se passe dans le silence : la bénédiction du prêtre, le jet de riz sur les jeunes mariés, la première danse. Cette scène est vraiment fantastique.
Sinon, j'ai mis beaucoup de temps à rentrer dans le film en plus je l'ai vu en deux fois ce que ne facilite pas trop les choses. Pour la deuxième partie je l'ai projeté sur grand écran ce qui a amélioré le tout. Ici encore, il faut beaucoup réfléchir au milieu de ces deux histoires parallèles : le politicien qui fuit la réalité, son nom, un peu comme Alexander dans "Le Sacrifice" de Tarkovski et la future mariée (il y a notamment une très belle scène lorsqu'elle croise le journaliste pendant un bal). Tout est en finesse avec une foule de non dits. Evidemment, c'est encore Tonino Guerra qui se colle au scénario, ça aide (cf. mes critiques précédentes sur sa collaboration avec Fellini, Tarkovski et Angelopoulos).
Allez, je vais vous citer encore quatre belles scènes, je ne peux m'y empêcher :
- encore une scène prise dans un miroir dans le café comme pour "L'éternité et un jour" et "Le regard d'Ulysse". Effet garanti !
- la composition de la scène du décrochage du pendu. La famille occupe l'espace gauche de l'écran, à droite un point de vue infini sur la voie ferrée.
- la rencontre entre Jeanne Moreau et Marcello Mastrioanni : un superbe plan séquence qui montre l'action vue de la voiture puis de l'écran de contrôle de la caméra?
- la scène finale où l'on voit une série d'ouvriers monter des fils électriques sur des pylônes. La composition géométrique du plan est magnifique.