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Les français s'intéressent-ils à Wikileaks ?

Publié le 10 décembre 2010 par Jean-Marie Le Ray
L'affaire Wikileaks - Julian Assange me bouleverse. C'est probablement plus du domaine de l'intuition que du rationnel, mais que voulez-vous, je fonctionne comme ça, et je sens que cette histoire est d'une importance extrême, pour la démocratie, pour la liberté d'expression, pour le droit à Internet, qui devrait être un droit inaliénable et imprescriptible, selon moi...
Ainsi, je suis de près le tag Wikileaks sur Twitter (bien qu'il ne soit pas "trendy"...), et à chaque fois je suis étonné par le nombre relativement peu important de tweets en français sur le sujet. Pour en avoir le cœur net, j'ai sélectionné autant de tweets tagués Wikileaks que Twitter m'a permis, soit 1 478. Tweets en français : 37 (!), soit 2,5% du total.
Personnellement, il me semble que ça fait pas lourd. Tout au moins rapporté à une affaire de cette importance. Vous allez me dire que ce pourcentage doit être évalué au regard du pourcentage réel de francophones sur Twitter, qui devrait tourner autour de 3% (si quelqu'un a les chiffres exacts ou un lien, merci de le signaler en commentaire), mais même en comparant les deux chiffes, je trouve ce "2,5%" extrêmement bas, trop bas !
J'ai donc cherché des articles en français sur le sujet, juste pour voir si ce que j'allais trouver aurait corroboré mon idée d'un seuil d'attention plutôt faible, et voici le résultat de mes recherches.
Je salue tout d'abord l'initiative Statelogs, d'OWNI, qui est sans aucun doute la source d'info francophone la plus riche, avec des analyses de fond s'intéressant à la véritable nature du phénomène Wikilieaks et qu'il convient de méditer.
Cliquez ces liens pour chercher dans les mémos, ici, là, ou directement à la source.
Je ne partage évidemment pas l'avis de Wikileaks comme d'une grande illusion médiatique, mais tous les avis méritent d'être pris en considération lorsqu'ils sont étayés. Je me range plutôt du côté de Cédric Manara, pour qui un tel acharnement est un signe inquiétant que l'Internet tel que nous connaissons pourrait bien être en péril, et que tout ça pourrait aller très vite...
Et d'ailleurs, pourquoi se contenter de tirer sur le messager ? Sinon parce que Wikileaks sert à dénoncer les magouilles de nos gouvernants ?
D'où la nécessité, impérative, de résister ! Les américains eux-mêmes s'interrogent sur le fondement d'une action légale sérieuse, donc laissons les vélléitaires français (le totalitarisme de la transparence...) ou italiens (Assange veut détruire le monde...) à leurs enfantillages (si ce n'est que ce sont des ministres, mais bon...). Quand le chef de l'état lui-même confond Wikileaks et Wikipédia, que peut-on demander de plus à ces braves gens ?
Par conséquent, face à un Julian Assange en danger, je trouve qu'il est important de lui assurer un soutien sans faille, à l'image de Reporters sans frontières ou de La Quadrature du Net, puisqu'il est évident que nos gentils gouvernants vont vite tenter de s'engouffrer dans la brèche créée par Wikileaks pour raccourcir encore davantage les laisses du peu qui reste de nos libertés, sous couvert de régulation du Web...
La position de l'ISOC est claire sur ce point :
Unless and until appropriate laws are brought to bear to take the wikileaks.org domain down legally, technical solutions should be sought to reestablish its proper presence, and appropriate actions taken to pursue and prosecute entities (if any) that acted maliciously to take it off the air.
Et qu'on soit d'accord ou pas avec l'action d'Assange et de l'équipe de Wikileaks ne change rien à l'affaire, puisque les conséquences "législatives" qui risquent d'être prises un peu partout dans le monde "démocratique" iront bien au-delà du seul cas particulier.
D'ailleurs certains pensent déjà à des moyens "techniques" de défense, comme les DNS en P2P, mais il est clair que ce n'est pas forcément la panacée...
Sur un autre terrain, les relations de Wikileaks avec le journalisme doivent encore être approfondies, du reste la presse elle-même s'interroge, et les journalistes aussi. Et qui pourrait me dire la différence entre Daniel Ellsberg et Julian Assange, né le 3 juillet 1971, à l'époque même où Ellsberg fournit au New York Times et au Washington Post des extraits d'un rapport gouvernemental secret sur la guerre du Viêt Nam, les fameux Pentagon Papers. Lui-même avoue aujourd'hui :
EVERY attack now made on Assange and @wikileaks was made against me and release of Pentagon Papers.
Voici donc un rapide tour du problème que m'a inspiré la question suivante :  Les français s'intéressent-ils à Wikileaks ?
Car je persiste à penser que seuls 37 tweets francophones sur 1 478 témoignent d'une sous-estimation, ou d'une sous-représentation de cette affaire, selon moi cruciale. Ceci dit, histoire de se consoler, à part l'anglais, il ne me semble pas que les autres langues soient beaucoup plus représentées que le français dans mon échantillon, à part l'espagnol, peut-être, même s'il est vraisemblable que tous les non-anglophones twittent aussi en anglais.
Y en a-t-il d'autres parmi vous qui ont eu une impression identique ?
Jean-Marie Le Ray
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P.S. Pour celles et ceux qui comprennent l'anglais, il a aussi été question de Wikileaks durant Le Web 2010, voici le panel :

Voir également la défense de Wikileaks par Pierre Chappaz, en français.
Actualités, Assange, Wikileaks, Statelogs, désinformation, information, presse, médias

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