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J’ai suspendu aux lèvres de l’aube l’attente ardente.
J’ai scruté l’horizon des mots dans l’espoir d’y distinguer ton chant.
Un vent très doux se répandait en ondées légères,
Soulevant de fines vaguelettes à la surface des eaux.
Ce fut en ce temps là que tu distingua ce qui relevait de ton amour.
Un billet d’humeur sans retour en poche,
Tu arpentas les quais de gares au bout de mondes incertains.
Ici et là bombes tombaient en infinies déchirures.
Tu savais la plaie ouverte pour toujours.
Tu avais pu sentir combien il était vain de croire en rémissions définitives.
Je te voyais, éperdue, cramponnée aux môles de ce terminus.
Ton destin ne savait que chahuter sans cesse ta fine silhouette blanche.
La larme qui lentement roulait sur tes joues,
A l’aurore de ce temps d’absurdes errements,
Brillait dans la brume de nos sentiments diffus.
Nomades, nous sommes en ces sentiers inconnus.
Toi et moi cherchons l’indicible parmi les étoiles rêveuses.
Nos oreilles se tendent à l’écoute d’un chant qui nous traverse.
Assis là, sur le banc du désespoir, ma fatigue pour tout bagage,
Je sais désormais mon voyage presque à son terme.
Je ne me retourne pas, j’écoute.
Ce qui vient de mon passé se décline en banalités quotidiennes.
Nul ne peut ignorer être quelconque en ce monde gris.
Nul ne fait jamais rien d’exceptionnel sinon vivre ou survivre,
Et tenter, vainement trop souvent, de jouer son petit rôle de figurant,
Dans un monde qui ne sait comment devenir meilleur.
Car je ne sais, ni toi, d’ailleurs, comment jouer dans cette cour trop grande.
Nos jeux sont d’enfants trop sages, oublieux de toute création.
C’est dans la fabrication de l’instant que nous pouvons encore espérer.
Manosque, 11 novembre 2010
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