Le 14ème siècle fut une époque de grand changement et de tumulte en Écosse. Le Roi Édouard 1er d’Angleterre dit « le Marteau des Écossais » avait en effet réduit le pays à un état vassal. En 1297, William Wallace vaincu l’armée anglaise lors de la Bataille de Stirling Bridge et devint par la suite le Gardien de l’Écosse. Malheureusement cela ne dura pas longtemps. Le 22 Juillet de la même année lors de la Bataille de Falkirk, il fut vaincu par l’armée d’Édouard et tomba dans l’oubli perdant par la même son statut de Gardien de l’Écosse. Deux hommes reprirent ce rôle de Gardiens : John Comyn dit « le Rouge », et Robert Bruce.
Robert Bruce – Comte de Carrick – était le descendant d'un chevalier Normand qui arriva en Angleterre avec William le Conquérant. Durant le règne d'Édouard 1er d'Angleterre, son grand-père faisait partit des treize prétendants au trône d'Écosse en 1291 mais le Roi décida de nommer l’oncle de John le Rouge, John Baillol comme roi d'Écosse en 1292. Il capitula et partit en exile malgré les tentatives de William Wallace pour le faire revenir sur le trône. De ce fait, à la mort de son père en 1304, Robert Bruce se trouva en compétition avec la famille Baillol pour devenir le Roi d’Écosse.
Robert 1er dit Robert Bruce
William Wallace échappa à la capture pendant des années jusqu'à ce que finalement, en 1305, il fût trahi et capturé alors qu’il dormait à coté d’une rivière à Robroyston près de Glasgow. Il fut jugé pour trahison et exécuté le 24 Aout 1305 après sept années passées à se cacher. Après son procès il fut amené à Smithfield où il fut hung, drawn et quartered (lire ici pour en savoir plus) puis décapité. Surement pour montrer l’exemple, le Roi Édouard 1er d’Angleterre envoya les morceaux de son corps à Berwick, Stirling, Perth et Newcastle ; sa tête fut quant à elle mise sur une pique et exposée sur le London Bridge.
William Wallace fut un homme qui inspira beaucoup d’hommes du fait de son courage et de ses tactiques militaires et Robert Bruce n’y échappa pas. En 1302 Bruce s’était soumis aux Anglais en échange de leur pardon car à cette époque et avec William qui était en fuite, il ne voyait pas l’intérêt de se battre pour l’indépendance de l’Écosse. Mais la mort de Wallace changea la donne.
Bruce savait que si il voulait clamer sa légitimité au trône, il devait se débarrasser du plus gros de ses problèmes, à savoir, John le Rouge, le neveu de Balliol. C’était un homme qui avait un grand pouvoir et qui était très influent sur ses alliés. Bruce savait qu’il devait trouver un arrangement avec John le Rouge et lui proposa ses terres en échange de son soutient pour qu’il devienne le roi d’Écosse. A cette fin, une réunion eu lieu le 10 Février 1306 à Greyfriars, une église à Dumfries. La proposition de Bruce ne plut pas du tout à John ce qui provoqua une dispute tellement forte que Bruce sortit sa dague et la planta dans le corps de son ennemi, le tuant sur le coup. Sir Robert Comyn, l’oncle de John Comyn qui assista à la scène, se précipita pour venger son neveu mais fut tué par les hommes de Bruce.
Ce meurtre plaça Robert Bruce dans une situation inconfortable. En effet, il avait tué un noble respectable sur un coup de tête, et ce dans une église. Il savait qu’il était maintenant recherché par les membres de la famille de Comyn, et qu’il était devenu hors-la-loi du fait de son meurtre. Il fut aussi excommunié de l’église par le Pape Clément V. Cependant, six semaines après la mort de Comyn, le 25 Mars 1306, Robert fut quand même couronné roi d’Écosse.
Mais les choses allaient de pire en pire pour le nouveau roi : il fut proclamé hors la loi par le Roi Édouard 1er d’Angleterre, fut pourchassé sous ses ordres par le beau frère de Comyn – Aymer de Valence – et vaincu par lui lors de la Bataille de Methven, et presque capturé à Tyndrum par les hommes de Comyn.
Il envoya alors sa famille au château de Kildrummy dans la région d’Aberdeen pour les protéger mais au mois de Septembre, sa femme et sa fille se retrouvèrent emprisonnées, son frère Neil fut pendu et décapité et sa sœur Mary et la Comtesse Isabella furent mire en cage. Bruce voyagea ensuite de Kintyre jusqu’à l’Ile de Rathlin sur la côte irlandaise. On ne sait pas ce qu’il fit jusqu’en Février 1307, date à laquelle il retourna en Écosse. C’est lors de cette période inconnue que de nombreuses légendes commencèrent à voir le jour (voir plus bas). Il savait que l’armée anglaise était très importante et qu’il aurait besoin de beaucoup d’homme pour pouvoir la vaincre. Il savait aussi que la seule solution pour pouvoir gagner était de conduire ses troupes à démoraliser et effrayer l’adversaire. Grâce à cette technique il vaincu John Mowbray à Glen Trool, Galloway. Il vaincu aussi Aymer de Valence à Loudon Hill près de Kilmarnock et ce malgré le fait que son armée était en sous nombre par rapport aux adversaires. Puis le roi Édouard 1er d’Angleterre mourut laissant la couronne à son fils Édouard II.
Depuis les années 1307, Robert mena une série de guérilla avec force et détermination contre les occupants anglais. Petit à petit il regagna le royaume qu’il avait perdu quelques années auparavant. En 1314, il n’y avait plus qu’un seul château aux mains des anglais, celui de Stirling. Il fini en apothéose en gagnant contre Édouard II à la Bataille de Bannockburn le 24 Juin 1314. C’est grâce à cette dernière bataille que la monarchie et l’indépendance écossaise fut remise sur pied.
Même après la Bataille de Bannockburn et la Capture de Berwick en 1318, Édouard II refusa d’abandonner l’Écosse. Cependant, en 1320, les comtes, barons et autres membres du royaume écossais écrivirent une lettre au pape Jean XXII déclarant que Robert Bruce était leur seul roi. La Déclaration d’Arbroath qui est la déclaration d’indépendance de l’Écosse lui fut envoyé et est certainement le document de l’histoire écossaise le plus connu.
En 1324, le Pape reconnait Robert comme le roi de l’Écosse indépendante, et en 1327, les anglais renversent Édouard II et décident de le remplacer par son fils, Édouard III. Grâce à lui, le traité de paix Édimbourg/Northampton est signé entre l’Angleterre et l’Écosse et dans lequel l’Angleterre renonce définitivement à l’Écosse. A cette époque, Robert fini d’achever tout ce dont pourquoi il s’était battu : expulser les anglais d’Écosse, rétablir la paix dans le pays et être reconnu comme roi. Mais à cette époque, le Roi Robert était aussi gravement malade et mourut à Cardross dans le Dunbartonshire le 7 Juin 1329 alors qu’il était âgé de 54 ans.
Peu de temps après en réponse à une demande que Robert Bruce lui avait formulée peu de temps auparavant, le Pape donna la permission aux futurs rois d’écosse d’être oint lors de leur couronnement. Ce fut sa façon de dire qu’il reconnaissait l’indépendance de l’Écosse.
Robert fut enterré à Dunfermline et conformément à ses dernières volontés, Sir James Douglas ramena son cœur sur la Sainte Terre. Malheureusement, il fut tué alors qu’il se battait contre les Moors à Granada en Espagne. Le cœur de Bruce fut retrouvé et ramené en Écosse ou il fut enterré à l’Abbaye de Melrose dans le Roxburghshire.