Il y a environ 2 semaines, le président de l’eurogroupe Jean-Claude Juncker suggérait poliment que, « en Allemagne, les autorités fédérales et locales sont doucement en train de perdre de vue le bien commun européen. » Mais après que Berlin ait claqué sans pitié son idée de bons du trésor communs à l’eurozone, Juncker a décidé de monter sa réthorique d’un cran.
Dans un interview aujourd’hui à l’hebdomadaire allemand Die Zeit, il dit que les idées allemandes sur les eurobons sont un peu simpliste, et il avance l’argument suivant :
« [Les Allemands] rejettent une idée avant de l’avoir étudiée. […] Cette façon de créer de nouveaux domaines tabous en Europe et de ne pas s’occuper des idées des autres est une façon très non-européenne de traiter les questions européennes. »
Un réaction tranchante aux commentaires de Juncker nous provient du Frankfurter Allgemeine Zeitung, le solide quotidien allemand conservateur. Un édito d’aujourd’hui avance :
« Apparemment, c’est non-européen d’ériger des tabous. C’est, par contre, tout à fait européen de tordre les traités de l’UE et d’enfreindre l’interdiction des sauvetages de pays en difficulté ? Quand on émet un eurobon, les pays à mauvaise réputation peuvent jouir de taux d’intérêts plus bas, et les pays avec une meilleure solvabilité en paient le prix. Ces faits financiers mathématiques sont réels, quoi qu’en puisse dire Juncker. »
Un article dans Der Spiegel taille encore plus en pièce la sotte définition de Juncker de ce qui constitue un bon Européen. D’après un officiel du gouvernement allemand, les eurobons augmenteraient les taux d’intérêts de 1% pour l’Allemagne, ce qui coûterait €480 millions chaque fois que le pays emprunterait 48 milliards. Les Luxembourgeois n’auraient pas ce problème, comme ils n’ont pas vraiment besoin d’emprunter.
Comme le dit cet officiel « est-ce cela que ça veut dire, un bon Européen ? »
Repris du blog d’Open Europe avec l’aimable autorisation de ses responsables.