Magazine Cinéma

Le Guerrier silencieux, Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn (2010)

Par Cyriltuloup

Le Guerrier silencieux, Valhalla Rising  de Nicolas Winding Refn (2010)

Difficile de s’engager dans un cinéma métaphysique, difficile de s’aventurer dans une mise en scène silencieuse. Nicolas Winding Refn élabore un film différent, tenant plus de l’expérimentation que du cinéma d’auteur. Essentiel, pour construire son opinion dans les avis partagés et s’enrichir culturellement.

Le Guerrier silencieux, Valhalla Rising  de Nicolas Winding Refn (2010)

Le Guerrier silencieux n’est pas un film à regarder après une nuit blanche, au risque de s’assoupir, voir de s’endormir dès les premières scènes. Ne vous attendez pas non plus à des combats de Vikings ou à des rixes musclés. C’est un film lent, très lent. Un cachet d’aspirine pour le public pop-corn, une révolution artistique pour la plupart des cinéphiles. On l’appelle le borgne, ce barbare invaincu et prisonnier de la pire espèce, le chef de clan Barde. L’esclave est traité comme une pauvre merde, enchainant les combats à mort contre d’autres brutes. Un jour, il réussit à tuer son maître, et fuit avec un enfant esclave. Ils croiseront une troupe de vikings chrétiens, qu’ils rejoindront pour une croisade jusqu’à Jérusalem. Ils n’arriveront pourtant pas en terre promise, leur bateau ayant dévié vers un sol inconnu. Voilà ce qui vous attends si vous prenez part à l’aventure. Du brouillard, des montagnes, de la brume, des hommes à moitié nu s’affrontant dans une boue bien grasse et bien noire, l’atmosphère est particulière. Il suffit pourtant d’y accrocher pour vivre une expérience transcendante.

Le Guerrier silencieux, Valhalla Rising  de Nicolas Winding Refn (2010)

Vues d’ensemble, gros plans, caméra plaçant les personnages tantôt à gauche tantôt à droite, le réalisateur propose une mise en scène indiscutable. Enfin presque. La première heure est envoûtante, notamment avec les passages muets sur le navire, mais le film finit par se tasser. A trop vouloir poser l’ambiance, les plans deviennent parfois interminables. Ce n’est cependant pas si contrariant, tant le cinéaste s’ouvre à une expérience inhabituelle. Un film qui suggère, qui approche l’archaïsme et la sauvagerie humaine. N’oublions pas que c’est aussi un récit religieux, soulignant les conflits entre païens et chrétiens. Rien n’est dit clairement, toute la réflexion est laissée au spectateur. La violence, sujet apprécié par Nicolas Winting Refn, prends son ampleur dans des passages assez gores, entre tripes et cervelles éclatées. Tourné en grande partie à l’extérieur, Le Guerrier silencieux présente une nature rustre et primitive. Mads Mikkelsen, dans la peau du barbare tatoué, s’impose en restant silencieux. Sans jamais sortir un mot, il devient fascinant. On s’incline devant cette masse endurcie, étrangement passionnée pour le gamin qui l’accompagne. On ne pourra qu’apprécier la finesse musicale, toujours pensée de manière à servir au mieux la caméra. Le réalisateur manque de peu la perfection, que l’ont jure la première heure. Il livre l’un des meilleurs film de 2010, virtuose et marginal. Il ne s’est pas intéressé une seconde à la rentabilité économique de son œuvre, mais a préféré dépasser les limites du cinéma moderne. La classe. 



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Cyriltuloup 256 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines