Il existait dans une petite campagne verdoyante un jardin,
Il fut un temps, où ce dernier était parsemé de petites roses sauvages,
de marguerites, de noisetiers, d' arbres divers et variés où petite je m'y cachais.
Il sentait bon ce jardin, et à une niche était attaché mon chien,
un épagnol rouquin et taquin à qui j'adressais mes caresses à chacun de mes passages,
les draps blancs volaient dans les petits vents de printemps,
ils sentaient la lessive, ils sentaient le bon, le frais, et le respect pour la femme qui les avait minutieusement étalés.
Ma grand-mère y plantait des fleurs, multicolores mais inodores.
Plusieurs fois avec grande fierté ma grand mère me mêlait au milieu et me prenait en photo,
fierté de la petite fille ou des fleurs ?
Des deux je le pense.
Et puis un jour avec le temps qui a passé, je ne me suis plus occupée de ce jardin.
Du jardin de mon enfance, de mon adolescence, de ma vie de femme à qui je faisais naître les premiers pas d'une autre petite fille : ma fille.
Un jour, j'ai fermé le portail pour l'éternité, les roses furent coupées, les arbres rasés, et la maison vendue à des étrangers ...
Je me suis occupée d'autres jardins en jachère mais j'ai laissé le principal, le mien,
J'ai arrosé en vain d'autres terres qui ne m'ont pas rendu de si belles roses, qui ne m'ont pas donné de si bons parfums, j'ai mis des tuteurs pour en aider certaines en difficulté, je leur ai porté de l'eau pour les aider à s'épanouir, à fleurir, mais toujours en vain ....
Alors dans mes souvenirs pas si lointains, il me semble que ce jardin de Baillolet , petite bourgade campagnarde c'était mon JARDIN, mon passé, mon histoire et ma vie entière et quand j'ai fermé ce portail vert élimé, j'y ai laissé mes envies, mes rêves, mes senteurs, mes sourires et mes rires.
Avec le passé j'aurai du laisser pousser plus de jachères et y retourner .... Chez moi, dans mon jardin que plus personne ne veut entretenir, arroser, sentir et aimer ....