Pourquoi WikiLeaks est une grande illusion médiatique ?

Nous vivons une époque formidable. Documentaires et autres films mettant en scène agents de renseignements ou autre « gorge profonde » de la guerre froide, sont à caser au rayon des vieilleries.

Internet, véritable boîte de Pandore de l’information universelle, a transgressé tous les codes. Non content de partager le savoir à travers son encyclopédie libre comme Wikipédia, elle autorise désormais le concept de la diplomatie en libre accès à travers WikiLeaks !

Les Etats-Unis, superpuissance du monde, se trouve bien dépourvu maintenant que ses secrets les plus intimes sont dévoilés à la face du monde. Colosse aux pieds d’argile ? Les adeptes de l’éternelle théorie du complot sont aux anges : les « pourris » et ceux qui nous mentent sont démasqués ! L’histoire de ce jeune soldat américain qui, baigné d’un désir de vengeance, a tout copié sur une clé USB pour tout faire révéler ensuite, est tout bonnement ahurissante ! Les scénaristes d’Hollywood ont du plomb dans l’aile, ils n’auraient pas trouvé mieux pour un futur soap dont ils détenaient pourtant la formule miracle.

Nos gouvernants eux, font triste figure. Ils n’apprécient guère que les grands secrets qu’ils s’évertuent à cacher à leurs peuples soient étalés aux yeux de tous sans qu’ils l’aient souhaité. Ils brandissent le risque d’alimenter les réseaux terroristes en informations stratégiques. Ils évoquent les menaces potentielles (et certainement réelles) que ces révélations peuvent faire courir. Les pays « méchants » observent cela de près (ou de loin selon les options) en se léchant les babines de plaisir.

Et les peuples me direz-vous ? Une fois leur curiosité naturelle assouvie, que retirent-ils de ce grand déballage médiatico-diplomatique ? Soyons honnêtes : pas grand-chose ! Bien sûr quelques espions en herbe dénicheront peut-être une perle qu’ils trouveront à monnayer à une habituée aux révélations croustillantes. Mais au final, ces données demeureront inexploitables pour celles et ceux qui ne détiennent pas les codes pour les décrypter.feuille de choux

Julien Assange, patron de WikiLeaks, a réussi son pari. En quelques semaines il est devenu l’ennemi N°1 de la planète détrônant ainsi Oussama Ben Laden détenteur du sceptre depuis 2001. Les services de renseignement si bien renseignés pensent qu’il se cache au Royaume-Uni. Encore une source à vérifier ? Facile...il s'est rendu de lui-même ce mardi.  

Nos journalistes français, garant d’une juste information de nos compatriotes, se sont délectés de la manne WikiLeaks. En bons soldats de la parole vraie et non faussée, ils ont tenus à informer les français que leur Président était pro-américain, qu’il était favorable à la guerre en Irak et qu’il se révélait aussi pragmatique que nerveux. Ajoutez-y le passage sur son divorce d’avec Cécilia, et vous obtenez Nicolas Sarkozy en « empereur nu ». Tout cela fait froid dans le dos mais doit rassurer l’opinion publique française : les ambassadeurs américains à Paris regardent tout aussi bien TF1 qu’ils ne lisent Paris-Match. Ouf…un peu plus et nous frôlions le coup d’Etat !

WikiLeaks nouvelle vitrine de la suprématie d’Internet. WikiLeaks ou l’art de jouer à la grande illusion.

A la manière de Rémy de Gourmont : « La vérité est une illusion et l'illusion est une vérité ».