6 juin 2009, la Pologne a mal vécu de ne pas être invitée à la commémoration du 65ième anniversaire du Débarquement de Normandie. Voilà ce que révèle un mémo publié par Wikileaks.
Parmi les 251 287 mémos que prévoient de publier Wikileaks il y en a 972 concernant la Pologne. Parmi tous, le sujet principal est sans aucun doute lee système de défenses anti-missile que George Bush avait prévu d'installer en Pologne (officiellement contre les tirs de missiles iraniens). Ces documents publiés nous confirment que le Président Obama avait préféré en 2009 une solution mobile plus modeste pour ne pas indisposer les Russes, notamment dans le cadre des sanctions contre l'Iran. à cette époque, la gauche polonaise s'était félicitée de ne pas devenir une cible potentielle pour les beaux yeux des américains. Les conservateurs, eux, avaient regretté que les Etats-Unis cèdent devant les pressions russes plutôt que de défendre ses alliés de l'Otan.
Comme souvent, ces documents ne font que confirmer des informations déjà connues. Il n'y a qu'un seul mémo concernant la Pologne qui est classé top secret et 30 secrets, 9 confidentiels, 556 sensibles, 204 pour usage officiel seulement et 170 sont non-confidentiels. Il n'y a pas en Pologne de “11 Septembre diplomatique”.
Un autre mémo regarde indirectement les relations franco-polonaises. Le document a été rédigé par un diplomate américain après un rendez vous avec le conseiller
diplomatique de l'Elysée. Jean-David Levitte. Ce dernier aurait expliqué que c'était son idée de n'inviter qu'un nombre restreint de chefs d'Etat. Il ne voulait pas que s'éternisent les
commémorations du 65e anniversaire du Débarquement de Normandie. La présence des Premiers ministres du Canada et du Royaume-Uni s'expliquerait quant à elle par leur mauvaise popularité de
l'époque. Ils avaient besoin de s'afficher à côté de la star du moment, Barack Obama, pour sauver leur gouvernement.
En Pologne la non invitation fut considérée comme un affront et de nombreux Polonais avaient très mal vécu son absence à cette célébration. Aleksander Szczygło, un
proche de l'ancien président Lech Kaczyński déclarait alors que l'affaire laisserait un gout amer et du ressentiment. Un des leaders du parti de Droit et Justice de Kaczyński (PiS) Joachim
Brudziński, évoquait même un manque de manière parlant de la petitesse française et leur manque de respect pour les derniers vétérans qui avaient versé leur sang pour la France. Donald Tusk avait
à l'époque présenter cette décision (à tort apparemment) comme un possible retour de bâton : Sarkozy et Leck Kaczyński entrenaient de mauvaises relations depuis les réticences du président
Polonais à ratifier le Traité de Lisbonne.
Bien que cette polémique autour de la Pologne fut totalement inaperçue en France. Les médias avaient par contre largement fait écho des frustrations de la Reine
d'Angleterre qui n'avaient pas non plus été invitée. Souveraine du Canada, elle représente le plus gros contingent de soldats ayant participé au débarquement. Elle reste également la seule parmi
les chefs d'État à avoir servi en uniforme pendant la Seconde Guerre mondiale. En dernière minutes et pour tenter de désamorcer la polémique ce fut finalement le prince Charles qui vint en
Normandie.
Les analystes ont interprété ces "non-invitations" comme une tentative pour Nicolas Sarkozy de s'afficher devant les médias avec Barack Obama. Malheureusement Obama a d'ailleurs déjoué cette instrumentalisation en évitant de se montrer seul à côté du président français. L'opération de communication fut donc un fiasco complet.