Ivan Chmeliov
Les éditions L'inventaire
62 pages
Résumé:
Le sbiten, vous connaissez ? Non ? C'est une boisson au miel et au gingembre, chaude, parfumée, sucrée, que l'on déguste, l'hiver, dans les rues de Moscou. Avez-vous vu les rozvalnias, ces solides traîneaux qui acheminent par convois, vers la capitale, des monceaux de cochons, d'oies, de gélinottes ? Non plus ? Mais vous allez les voir, tandis qu'Ivan Chmeliov (1875-1950) vous contera Noël, au début du siècle, en Russie. Tel l'enfant auquel s'adresse ce récit, vous découvrirez la maison au parquet ciré pour les fêtes, la veilleuse devant l'icône, les gamins du quartier qui passent de maison en maison... C'est une Russie rude et généreuse que nous présente l'écrivain, depuis Paris où il a émigré. Une Russie fantasmatique, embellie par la nostalgie et qui, pareille au carillon de Noël, résonne en lui, longtemps après qu'elle a disparu...
Mon commentaire:
Noël russe me rappelle quelque peu ma lecture de la Cuisine russe de Michel Parfenov, mais aussi et surtout, Un Noël d'enfant au Pays de Galles de Dylan Thomas. Entre souvenirs et histoire, à mi-chemin entre le récit et l'essai, ce livre inclassable nous plonge dans l'atmosphère d'un Noël russe du 19e siècle. Le format du livre est celui d'un carnet. Le volume sur joli papier crème est bilingue. Le texte russe est offert à gauche et la traduction en français sur la droite.
Ivan Chmeliov m'apparaît comme un auteur assez peu lu aujourd'hui. Ses premiers essais comme écrivain furent des échecs et ce n'est que plus tard qu'il publie dans la Pensées russe (le plus ancien journal en russe publié en Europe) quelques nouvelles qui sont remarquées.
Ce texte, Noël russe, me semble assez peu connu. J'aurais aimé avoir un peu d'informations sur l'auteur ou sur l'écriture de ce texte mais le livre n'en contient pas. Toutefois, le texte est illustré de gravures en noir et blanc et la très belle illustration de la page couverture est de Michael Sowa.
Le récit donne l'impression de nous être adressé directement. Le nararateur nous raconte son Noël d'enfance, un peu comme le faisait Dylan Thomas et son Noël gallois. Anecdotes, atmosphère, perceptions de la fête et différentes coutumes qui y sont reliées, qu'elles soient religieuses, païennes ou culinaires. L'hiver est un élément principal du texte, l'auteur en fait régulièrement allusion. Les maisons sont chaudes, pleines d'effluves. Dehors, la neige craque sous les pas et il gèle à fendre les pierres. On prépare Noël à la russe.
Le texte de Ivan Chmeliov est intéressant et différent. C'est un auteur que j'ai très envie de découvrir sous d'autres aspects. J'espère éventuellement mettre la main sur quelques uns de ses romans.
Un extrait:
"On piétine dans l'entrée: les gamins du quartier viennent chanter Noël. Tous mes amis sont là: le fils du cordonnier, le fils du fourreur. En tête, marche Zola, le cordonnier maigre et borgne, méchant comme une teigne, qui tire les cheveux des gamins. Mais aujourd'hui, il est gentil. C'est toujours lui qui conduit la procession des enfants." p.51