Le monde est à genoux
Terrassé par le vent de l’Histoire.
Dans les livres des Dieux,
Un poème s’est écrit
Avec des lettres de feu.
Quelque part tombe la foudre
Et dans les jardins d’Orient
Une jeune fille rédige des lettres d’amour.
Plus loin, le long des fleuves,
Courent des enfants nus,
Tandis que sur les plages de l’océan
Quelqu’un a tracé ton nom sur le sable infini.
Regarde les nuages dans le ciel,
Cet alphabet mystérieux…
On dirait un rêve qui se dessine
Puis qui se transforme en un tableau changeant
Jusqu’à figurer la carte de mondes inconnus.
Dans le lointain, les forêts du Sud n’en finissent plus de brûler
Et un épais nuage de fumée occulte tous les soleils.
Maintenant c’est la nuit
La nuit profonde des origines
Et le souvenir revient de guerriers incroyables
Qui pillaient les villages et emportaient nos femmes.
Plus loin encore, sur les plages de l’océan,
Des vagues s’inversent et s’échouent
Dans le bruit des tempêtes et du vent,
Gerbes d’écume qui gémissent en glissant,
Grondement rocailleux des rochers déchirés.
Ici finit l’Histoire, ses batailles et ses défaites
Ici finit le monde, dans l’éternité d’outre-mer.