On sait que chaque fois qu'il fait un budget ou tente une réforme, le grand Hans Rudolf raconte des histoires auxquelles même lui ne comprend rien. Ca continue avec sa position sur les votations du 24 février prochain relative à certains changements en matière d'imposition des entreprises. Il ose prétendre que l'acceptation de ces nouveaux cadeaux aux riches augmentera le PIB… mieux encore que cette réforme serait un cadeau inespéré aux PME. On rappellera pour ceux que la matière rebute un peu qu'il s'agit notamment et principalement, pour l'impôt fédéral direct uniquement, de revoir l'imposition des dividendes en les taxant non pas plus du tout mais nettement moins. C'est quoi un dividende pour les "nuls" qui liraient ce billet ? c'est le versement à l'actionnaire d'une SA des profits accumulés par la SA et ayant déjà été taxés comme tels dans le cadre de la société.
Cadeau aux PME donc, une des plus grosses crétineries produites par Hans Rudolf ces derniers temps, car d'une part la plupart les PME ne parviennent pas à distribuer des dividendes, occupées qu'elles sont à payer les autres charges, taxes et frais qu'elles sont obligées de supporter dans un pays qui ne fait rien, mais rien pour la promotion et le soutien des très petites ou petites entreprises et d'autre part, car il y a bien longtemps que les patrons de PME ont compris que de distribuer des dividendes ne servait à rien en matière d'impôt. Ils font donc autrement pour "pomper" sagement le produit résiduel de leur entreprise. Et s'ils ne savent pas comment le faire, certains leur diront volontiers comment arriver à un but tout simple, la facture à zéro franc d'impôt annuel sur le bénéfice. Car il n'y a pas mieux pour contrer le genre de mesures proposées par les politiciens que de les combattre là où ils n'attendent pas le contribuable, lorsque les propositions légales sont débiles et inéquitables à souhait. C'est un acte de simple résistance civile, voire civique.
En effet, le train de mesures légales proposées par Merz et ses grands dadais de conseillers ne servira qu'aux grands groupes capitalisés et si possible cotés à la bourse. Là en effet, un cadeau fiscal sur les dividendes aura du poids, pour les riches donc, et les riches uniquement. Vous conviendrez avec moi qu'on entend plus souvent parler d'un dividende de Novartis à ses actionnaires que d'un dividende de la boucherie Sandos SA à son propriétaire. Et que les possesseurs d'actions dorment généralement plus dans les lits des couches aisées voire très aisées de la population que dans des HLM. Qu'on veuille, comme c'est la mode partout, faire des cadeaux fiscaux aux riches, pourquoi pas, mais alors disons le clairement et cessons de prendre l'électeur pour un benêt débile. "Il est faux de parler de cadeaux aux gros actionnaires, d'après le conseiller fédéral. Les allègements ne concernent que les personnes qui détiennent au moins 10% d'une société. Or, personne ne possède 10% de Nestlé, Novartis ou ABB», a assuré notre grand argentier. Faux, car les gros actionnaires détiennent leur participation à travers plusieurs véhicules différents.
Il a aussi tenu à "démonter" les reproches selon lesquels la réforme serait anticonstitutionnelle car elle contrevient au principe de l'égalité devant le fisc. «Le salarié est certes taxé sur 100% de son revenu, mais il ne subit pas de double imposition, contrairement aux PME», a-t-il justifié. Encore une bêtise, dans la mesure où le dividende et son imposition ne concernent pas la PME elle-même mais son ou ses actionnaires. Vraiment légers comme arguments, pire, de mauvaise foi.
La noix d'or de la crétinerie et de la mauvaise foi est donc décernée à Hans Rudolf pour le premier trimestre 2008.
Et si vous voulez vous instruire plus sur ce sujet, un site spécial du PSS pour l'occasion, et qui reprend les 5 arguments principaux allant contre cette modification législative:
- ne profite qu'aux riches
- va coûter des milliards aux cantons et à la Confédération
- va diminuer les recettes de l'AVS
- dangereux pour l'emploi, même la NZZ le dit… c'est tout dire !!!
- déséquilibrée en défaveur des PME
- inconstitutionnelle à deux titres (capacité contributive et équité dans l'imposition des revenus de même type)
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