On se dit que parfois les hommes politiques sont assez fins, et nous n’avons pas tord. On se dit aussi parfois qu’ils sont complètement à côté de leurs pompes et nous n’avons pas tord non plus.
C’est dire combien la nature humaine est versatile et la situation changeante. A tel point que transporter de la nitroglycérine dans un camion à suspension médiévale sur les pistes défoncées du paris dakar de l’Amérique centrale n’est probablement pas plus risqué que de mettre au point une liste efficace, représentative, solide et à même de rester motivée durant 6 longues années.
Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)
Dans l’imaginaire collectif, sur la base d’une sorte d’archétype social datant de la révolution française, l’élu est une icône. Celui qui va se dévouer pour faire avancer la cause commune. celui qui va aller au conseil municipal pendant que les autres regardent Joséphine l’ange gardien, en commission d’appel d’offre pendant qu’ils mattent le cul de Miss France etc.
C’est aussi, par un étonnant retournement de situation, celui qui croque, celui qui profite, celui qui est indemnisé pour venir poser ses fesses une fois par mois pour écouter le maire faire voter ses délibs.
Et bien, s’il est tout cela à la fois (ce qui l’occupe en général une bonne partie de la semaine), l’élu est aussi la partie visible de l’iceberg dans son quartier. Car chaque quartier doit avoir son, ses élus. Un quartier sans élu c’est comme un orignal dont les coucougnettes ne seraient pas descendues, bref rien, de la peau de chagrin.
L’élu doit donc être représentatif. Si toi aussi tu l’ouvres grand dans les réunions de co-propriété, les conseils de parent d’élèves, alors tu as l’envergure pour être sur une liste municipale. Le tout est de te placer. Car la concurrence est rude.
En effet le rôle électif assure une certaine position sociale. Bien sûr vous ne serez pas monsieur ou madame le/la maire, mais tout de même, c’est pas négligeable, ça peut peut être emballer. Sur un malentendu ça peut marcher, ça peut chémar.
Elu local c’est aussi faire avancer des dossiers, parfois techniques, sans prendre la place des chefs de service, sans marcher sur les plate-bandes vertes de vos potes élus (ils n’aiment pas, c’est leurs plate-bandes, couché médors!) et sans trop faire chier.
Décider de la délégation sur 20 ans du chauffage urbain, de la gestion d’un équipement sportif, de la construction d’un quartier, de la mise en oeuvre d’une ZAC ne s’improvise pas, et c’est pourtant ce que l’on exige bien souvent de ceux qui n’étaient au départ là que pour représenter un quartier, une communauté, une idée.
C’est aussi et surtout beaucoup de dévotion et d’engagement, ce qui fait que beaucoup ne mesurent pas l’influence d’un mandat sur une vie familiale ou professionnelle. Ceux qui choisissent de s’investir jusqu’au bout, gardent l’envie sur la durée d’un mandat, participent et proposent, poussent et confortent, ceux là méritent tout votre respect.
Reformuler son quotidien pour assister à 4 heures de réunions (dans les bonnes semaines), discuter avec des partenaires pas toujours enclins à vous accorder leurs bonnes grâces (j’ai pas dit qu’il fallait coucher non plus hein, pas de bétises!) n’est pas à la portée de tous les habitants d’une ville. Lorsque ceux-ci critiquent ensuite la “municipalité”, ce sont bien souvent des gens courageux, parfois un peu (beaucoup?) show-off, qu’ils montrent du doigt. Si le courage ne fait pas tout, et que la compétence doit nécessairement s’accompagner de présence, ceux qui s’impliquent vraiment vous les reconnaitrez vite.
Pour les autres, libre à vous de les clouer au pilori ou à la porte de la mairie, les petits-suissider, les exposer en place publique avant de leur faire subir les joyeusetés décrites par M.Foucault dans Surveiller et Punir. Vous êtes libres. Votez.
N’oubliez cependant pas que vous n’avez pas à faire à des Heroes.