Lip service : Le L Word écossais

Publié le 08 décembre 2010 par Poclatelephage
En moyenne, j'ai toujours deux ou trois ans de retard dans le visionnage des séries. Mais cette fois-ci, grâce à Samya, qui a attiré mon attention sur « Lip Service », le « L Word » européen, je suis quasiment en phase avec mon époque.
Je reconnais que depuis l'arrêt de « L Word », je ne m'étais pas spécialement mise en quête de séries qui pourraient prendre la suite ou tenter de remplacer cette fiction assez médiocre, qui n'a connu le succès que pour avoir osé mettre en scène des filles qui baisent ensemble et qui n'aura finalement connu qu'une saison et demi décente avant une longue et pénible descente aux enfers qui s'est terminé par l'assassinat du personnage emblématique de la série.
Oui, je vous confirme que je n'avais pas hâte de revoir ça, c'est donc relativement sceptique que je me suis laissée tenter par « Lip Service » qui n'a rien à voir avec « The L Word », si ce n'est mettre en scène de jolies lesbiennes qui couchent ensemble.

« Lip Service » a un gros atout, la série se déroule à Glasgow en Ecosse (je le précise parce qu'apparemment la localisation géographique de cette ville n'est pas évidente pour tout le monde) et les acteurs qui jouent dedans sont de vrais écossais qui sont donc dotés d'un accent extrêmement particulier. Il fallait un élément pour que nous accrochions à la série et que nous tentions le deuxième épisode après le visionnage du premier qui n'est pas forcément accrocheur et bizarrement, la raison pour vouloir regarder la suite n'a pas été le sexe entre filles, ou l'héroïne diablement séduisante, mais l'accent des protagonistes.
Je vous interdis de penser, dire ou écrire que nous vieillissons...
Pour en venir au vif du sujet, « Lip Service » met en scène le retour de Frankie, Francesca de son vrai prénom, à Glasgow, après un départ tonitruant à New York, quelques années auparavant. On saisit vite qu'avant de partir la jolie photographe underground a plaqué sa meilleure amie, la très britannique Cat, qu'elle venait de pousser à quitter sa moitié pour vivre enfin une idylle qu'on peut imaginer passionnée. Vous imaginez le traumatisme pour la très rangée, Cat. Frankie rentre en Ecosse pour les funérailles de sa tante qu'il l'a élevée à la mort de ses parents, du moins c'est ce qu'elle pense, parce qu'un mystère entoure leur relation et sert de fil rouge à la mini-série. Sur place, elle retrouve le personnage le plus attachant de la série, la très paumée Tess, jolie blonde façon sirène, apprentie comédienne ratée, super gaffeuse, qui erre de petit boulot en petit boulot en attendant le job de sa vie, et qui squatte chez Cat faute de situation stable, et Jay, qui travaille avec Cat dans son cabinet d'architecture, et qui est un hétéro assez pénible, maqué, mais frustré.

[Osez me dire maintenant que Frankie n'est pas plus sexy que Shane !]
Pour en venir aux personnages, Frankie est la Shane européenne, butch mais pas trop, et surtout archi canon contrairement au modèle qui prévalait jusque là de Don Juan au féminin. Quand on voit Frankie retourner une hétéro comme un crêpe et se taper tout ce qui bouge, on y croit vraiment, le seul défaut du personnage étant d'être une tête à claque absolue. Je ne souhaite donc pas ardemment qu'à la fin Cat retrouve Frankie car honnêtement c'est ce qui pourrait lui arriver de pire.
Cat compose, elle, un mix assez réussi de Bette, pour le côté ambitieux et freak-control, et de Tina dans ses facettes plus sensibles. Le retour de Frankie dans sa vie coïncide au moment où elle se dégote une mignonne fliquette butch pour la consoler enfin de cette perte.

Je l'écrivais tout à l'heure mais le personnage le plus réussi demeure Tess, le cœur d'artichaut, qui tombe amoureuse d'une hétéro assez peu décidée à sortir du placard, vedette locale d'une émission de télé. Elle est l'élément comique, qui permet d'accrocher à la série, et sans doute finalement le personnage qui a le plus de profondeur.
Je vous conseille « Lip Service » pour en apprendre plus sur les mœurs sexuelles des écossaises, car à l'instar du « L Word » des débuts, les filles baisent beaucoup dans la série. En trois épisodes, j'ai compté une bonne moyenne de trois ou quatre scènes de sexe par épisode. Elles sont plus ou moins réussies, celles avec Frankie frôlent notamment le comique, dans le genre « super butch à l'attaque », mais comme toujours ça se laisse regarder.
La série présente aussi l'avantage de compter six malheureux épisodes et non six saisons laborieuses. Je vous promet que ça compte...
J'ai déjà évoqué l'accent des protagonistes...
J'allais oublier, je félicite les scénaristes de ne pas avoir mis en scène un couple établi destiné à boire le bouillon très vite... C'est appréciable.
Même si ça ne casse pas trois pattes à un canard et que certaines longueurs dans les intrigues sont totalement risibles, en particulier dans le premier épisode, je vous conseille donc « Lip Service ».