Yellow Submarine

Publié le 07 décembre 2010 par Ruminances

La Côte d’Ivoire a deux présidents, l’un au nord, l’autre au sud. Tous deux ont prêté serment. Espérons de tout cœur qu’au-delà des clivages, des intérêts et des corruptions en tout genre, les responsables trouveront le meilleur moyen pour dénouer ce sac de nœuds en épargnant aux ivoiriens un bain de sang.

Autre pays, autres mœurs, la France a deux Miss, l’une en Bretagne, l’autre en Bourgogne ! Hydromel et vin de table se disputent, qui un bout de vigne, qui le monopole de la levure ! Tout comme pour la fabrication de boissons, on s’intéresse surtout à l’alcool et on laisse échapper le CO2 (sauf pendant la seconde fermentation du champagne). Si les buts diffèrent, le principe est le même. Toutes deux, les Miss, ont, elles aussi, prêté serment. La guerre des nationalismes est lancée, car l’une est Miss France et l’autre Miss Nationale. Insoutenable !

Gangréné par l’hyperfestif, parfaitement épinglé par Philippe Muray  – un régal de bonhomme -- le pays a su trouver une réponse adaptée aux circonstances et présente, à l’approche de Noël, une gamme de produits somnifères susceptibles d’endormir des troupeaux entiers. Ne soyons pas bégueules, prenons l’onde comme elle vient et le coup de corne comme il se doit.

Pendant ce temps, Mínimus et madame sont en Inde, pays aux frontières communes avec le Pakistan. Tiens, tiens, que le monde est petit !

Lors de cette visite d’affaires, Areva and C°, la Première Dame fait un carton chez les indiens. Férus de Bollywood et d’histoires du genre les « Feux de l’amour », le pays est fasciné par les minauderies et les confidences de celle qui a pénétré dans le mausolée de la cité impériale de Fatehpur Sikri, endroit dans lequel il est coutumier de faire des vœux, avec un désir secret qui n’a pas tardé à passer le filtre de la confidence pour alimenter les rubriques pipol d’une presse avide d’émotions légères. Accompagnée par l’indécollable Christine Ockrent – préparerait-elle un livre sur la First Lady ? -, Carla aurait souhaité que le gardien religieux du mausolée prie pour « qu’elle ait un fils ». Je pensais que pour ce faire il suffisait d’autre chose que de la prière. Mais, au fait, pourquoi un fils et pas une fille ?… Un enfant, quoi ! Ô mystère !.. Pourtant, une petite fille avec les traits du père… Du côté de chez Jules, à l’Élysée, motus et bouche cousue.

Pendant que Mínimus s’imprègne de culture et admire le luxe bigarré de l’Inde -- oublions la pauvreté du pays et la saleté du Gange, la richesse ne s’encombrant pas d’états d’âme –, en France on ne l’oublie pas. Ainsi, pendant qu’il admire le Taj Mahal, méditant sur le mystère insondable de l’amour, on lui rappelle que le mystère Karachi, certes beaucoup moins bandant, apporte chaque jour son lot de mauvaises nouvelles. L’audition de Dominique de Villepin, son pote à l’UMP, passe de l’explicite à l’implicite, comme le souligne Mediapart, avec une vigueur juvénile, disant d’abord qu’il sait, pour aussitôt, devant le juge Van Ruymbeke, un gars qui regarde droit dans les yeux, mettre le frein moteur afin de ne pas perdre le contrôle du véhicule sur la pente verglacée… De ce rétropédalage diplomatique, il reste les 11 morts français de l’attentat, les rétrocommissions, le financement de la campagne de Balladur dont Mínimus fut le digne collaborateur et, surtout, les soupçons ! Quand l’eau n’est pas claire, il faut toujours souligner son aspect trouble.

Or voici que l’on parle à présent d’une facture de 8 millions d’euros présentée par Jean-Marie Boivin, un « protagoniste clé » de l’affaire. Huit millions réclamés pour « services rendus ». Au prix du Smic horaire brut (8,86 €), le dénommé Boivin a dû s’en taper des heures d’immersion pour arriver à ce total qui ferait le bonheur de plusieurs chômeurs jusqu’à la fin de leur séjour sur terre !

Le dit document est entre les mains du pas commode juge Van Ruymbeke. Un gars que Mínimus n’aime pas du tout. Et pour cause ! Ce gars a prêté serment pour que justice soit rendue.