Quoi qu’on dise ou fasse, c’est égal, c’est pisser dans un violon, c’est de l’ordre du folklore à leurs yeux, un pet de lapin. Et puis dites, qu’ils ajoutent, vous qui critiquez les banques, haro, haro, les spéculantes, mais vous, qui êtes-vous ? Des consommateurs, pardi ! Autrement dit, vous êtes dedans. Vous faites partie de la chaîne, du système, vous ne pouvez pas vous en extraire. Or donc, caltez, trissez, retournez marner, suffit maintenant, la « gouvernance mondiale » est en marche ! Oui, « mondiale ». Ils l’ont dit ! Les pays, les nations, tout ça c’est fini. Soldé. Balayé. Qu’est-ce que vous croyiez ? Que vous alliez faire tomber le système, voire l’ébranler, avec vos peccadilles, vos Cantonades ! Mais Tudieu, n’avez-vous pas encore pigé, que le système, c’est comme Sega, c’est plus fort que toi.
Vider les banques ; bande d’irresponsables, va ! Qui en paierait le prix ? Les pauvres, les classes moyennes ! Voilà ce qu’ils nous disent ! En jouissant. Ah ! ah ! bande de cons ! Vous pensiez tsunamer les Goldman Sachs, et ses sous-fifres d’Europe, BNP, LCL et tutti quanti, eh bien non, ce sont vos semblables que vous torpillerez, noierez. Autrement dit : niqués vous êtes, dix fois, cent fois, au cube, au carré, quoi que vous fassiez, vous l’aurez dans l’os jusqu’au trognon, et bien profond.
Mondiale, la « gouvernance » est mondiale. Quant à l’Internet, rêvez pas, on va le museler, mondialement itou, on va lui faire la peau, le véroler, on va la vider ta « poubelle », te la normaliser et recta. C’est dans les tuyaux. C’est prévu.
Et puis, c’est bien sympathique, n’est-ce pas, vos petites rebellions, mais les gens, les vrais, ceusses du quotidien, ils ne vous suivront pas, jamais. Abrutis de télévision, de jeux, de divertissements, étranglés par les crédits, la société de consommation, celle que nous avons, pas à pas, pierre par pierre, échafaudée, pour que, justement, ils ne lèvent pas le petit doigt, bien sages, bien conciliants ; et quand bien même ! Les gens ! C’est ingrat, ça pense qu’à soi ; au front, ça monte pas, jamais ! ça préfère rester chez soi, à regarder passer les révolutions, celles que nous tuons dans l’œuf ; ils bougeront pas leur cul, les gens, croyez-nous, jamais ils ne vous suivront, dans vos appels, vos pétitions, vos cris, votre tintamarre, on s’est arrangé pour, le périmètre est bouclé. Et ce qui est formidable, c’est qu’on peut leur faire avaler n’importe quoi ; facile ! Et pourquoi ? Parce que les médias, c’est à nous ! Les banques, itou ! La Loi, idem ! Tout, on contrôle tout, de A jusqu’à Z. Même le langage, c’est nous. En deux temps, trois mouvements, on fait de vous des archaïques, des passéistes, des bien-pensants, des bobos, des droitsdelhommistes, des idéologues, des privilégiés même, du genre qui crachent dans la soupe ! Tout, tout est bon pour vous décrédibiliser, on pourrait même – et d’ailleurs, nous l’avons déjà fait – vous faire passer pour terroristes, totalitaires, fascistes, mais oui !
Rien, il ne vous reste rien ! Sinon, cette parodie de démocratie : les élections ! Mais là, pareil, c’est plié, bouclé, plus de gauche, plus de droite, Sarkozy, DSK, c’est du kif, la différence étant d'ordre bassement cosmétique.
Que du mondial, une « gouvernance mondiale », horizontale. Orwellienne.
La seule révolution, c’est la nôtre. Nous sommes en train de l’achever, en beauté, ah le beau travail, de la belle ouvrage ! Tout est aboli ou quasiment ! La culture y compris ! Regardez vos héros, ceusses que le peuple idolâtre, d’où qu’ils viennent désormais ? De la téléréalité ! La médiocrité au sommet, vénérée, achetée, promue, encouragée ! Que du people ! Et ça marche ! Z’ont même investi par quintaux les salons du Livre, c’est dire, comme on vous l’a salopée, la culture ! Atomisée ! Standardisée. De la pornographie, voilà ce que nous en avons fait. Le mieux-disant culturel, tu peux te le carrer où je pense, citoyen. Et du reste, les gens, les vrais, les laborieux, s’en foutent, n’en veulent pas, de ta culture ; les élites, ils les vomissent désormais ! Tout ce qu’ils veulent, les gens, c’est la paix par la sécurité. A n’importe quel prix ! Même celui de leurs libertés les plus élémentaires.
La sécurité et la culture, c’est pas compatible.
Il n’y a plus que des esclaves et nous ! C’est irréversible. Inéluctable. Regardez les grecs, les portugais, les espagnols, les irlandais, comme on te les a matés ! Et pourquoi ? Parce qu’il n’y a plus de grecs, de portugais, d’espagnols ou d’irlandais ! C’est fini, terminé ! Mondiale ! La « gouvernance » est mondiale ! Alors manifestez si ça vous chante, pétitionnez, geignez, râlez, ouvrez-là, mais oui ! bloguez, postez, épuisez-vous, de toutes les façons, vous voterez, n’est-ce pas ? et pour qui ? Pour un représentant de la « gouvernance mondiale ». Pas pour un autre. C’est écrit.
Et quand bien même, un accident, un soubresaut, tiens donc ! les gens, d’un coup, avec vous se rebelleraient, par les urnes, ah ça ira, ça ira ! Peu nous chaut ! Souvenez-vous, le Traité pour une Constitution Européenne ! Comme on vous l’a bien fait bouffer, en loucedé, par derrière, via Lisbonne, et hop-là !
Niqués, dix fois, cent fois, au cube, au carré ! Cocus, vous êtes ! Cocus, vous resterez ! Des consommateurs de notre système ! Et ça, vous n’y pouvez rien. Vous ne pouvez pas vous en passer. Y renoncer. Accros que vous êtes, pourris, gâtés, même endettés, jusqu'à la couenne, vous en voulez encore et toujours. Vous êtes le système, vous êtes dedans, que vous le vouliez ou non.
Un peu de commerce équitable pour amuser la galerie, du discount pour les gueux (oh ! low cost !), de l’économie verte pour les autres, du dentifrice pour toutes les dents de la planète, et zou ! Le besoin, c’est fantastique ! On est champion dans ce domaine ! On le crée, à foison, et de plus en plus vite ; numérisation, robotisation, miniaturisation, gadgets, pour hommes, femmes, enfants, seniors, pauvres, riches, cadavres, impotents, et joyeux Noël ! ... S’il y a une solidarité et une seule, c’est celle-là : celle du consommateur ! Et c’est nous qui l’avons construite. Indestructible. Comme nos banques, nos lois, nos publicitaires (ah ! les braves gens) notre « gouvernance mondiale » ! Elle arrive, elle est déjà là, bien installée.
Tout, on a tout racheté : les biens publics, les acquis sociaux, tes hôpitaux et même ta Police ! Le monde, ton petit monde, péquenot, on l’a privatisé. Patiemment. Et demain, c’est ta Sécurité Sociale qui y passe ! Et tu moufteras pas, c’est certain. Comme pour les retraites, dans le cul, la balayette !
Le discours, les arguments, sont prêts, imparables, et les mutuelles, affutées.
Rien, il ne vous reste rien. Sinon vous plier, demain, après-demain, peu importe, le temps joue pour nous.
Vous, nous le savons, un jour, vous lâcherez l’affaire, fatigués, éreintés, c’est couru, c’est l’évidence. Dans le rang, vous rentrerez. Pis ! Vous cracherez sur la jeunesse, la dénigrerez, comme vos parents, comme tous les pauvres gens, les perdants, vous tuerez, à votre tour, aigris, leur rêves, leurs illusions, leurs combats.
Ça, itou, c’est écrit. C’est comme ça. C’est nous !
Vous ne mourez pas pour vos idées. Jamais.
Or donc, nous avons gagné.