Les jours se suivent et se ressemblent dans les rédactions. Après le rapport sur l'état (piteux) de l'école, après les conclusions (calamiteuses) du test PISA, Michèle Tabarot rend public aujourd'hui les fruits du débat sur les rythmes scolaires. Avec une mesure phare : l'interdiction de la semaine de 4 jours et la réduction des vacances d'été. La commission se poserait ainsi en défenseur de l'intérêt supérieur de l'enfant, et s'inspire largement des modèles de nos voisins européens. Mais ses suggestions pourraient avoir des conséquences importantes pour le secteur des loisirs éducatifs, absent des réflexions. L'équipe du Journal de l'Animation nous invite à lancer la réflexion...
Interdire la semaine quatre jours au profit d'une semaine de quatre jours et demi ou cinq jours : telle est la principale piste proposée par Michèle Tabarot dans son rapport d'information sur les rythmes scolaires, rendu public mercredi 8 décembre 2010. La présidente de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale et député UMP des Alpes-Maritimes remettra ses conclusions le 15 décembre au ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative Luc Chatel ainsi qu'aux membres de la conférence nationale sur les rythmes scolaires, qui doivent rendre leurs arbitrages en mai-juin 2011. “La portée politique et symbolique d'une telle décision serait importante. Elle manifesterait clairement la volonté des pouvoirs publics de placer l'intérêt de l'enfant au centre de la nouvelle organisation du temps scolaire en allant au-delà des intérêts acquis”, souligne la députée.
Quatre jours et demi ou cinq jours
“Ceci étant posé, il resterait à déterminer si la semaine doit être organisée en quatre jours et demi ou cinq jours”, poursuit Michèle Tabarot. “La première option conduit à articuler la semaine autour de neuf demi-journées, dont une demi-journée de scolarisation le mercredi matin”. La décision de scolariser le mercredi matin serait alors directement prise au niveau communal, ce dernier échelon de décision semblant le plus pertinent.
De même, “les avantages d'une semaine scolaire de cinq jours ne seraient pas négligeables”. Ceux-ci “ont été particulièrement mis en évidence par les emplois du temps de l'école primaire Möwensee-Grundschule 'à la journée' que la mission a visitée, le 28 mai dernier, à Berlin”, détaille Michèle Tabarot. “L'école à la journée a pour ambition de développer des compétences chez l'élève (individuelle, méthodologique, sociale, etc.), en alternant l'enseignement et les activités périscolaires, de façon à ne pas séparer la socialisation de la pédagogie, et en faisant ainsi de l'école un 'lieu de vie' et non de cours.”
Des loisirs l'après-midi
En organisant les activités de loisirs principalement l'après-midi, “cette école met en œuvre une organisation du temps scolaire respectueuse des rythmes de l'enfant”. En outre, “elle répond (…) au souhait des chercheurs entendus par la mission, de différencier le temps scolaire selon l'âge des enfants”. “Ainsi, de la première à la sixième année d'école, on passe de vingt-et-une à trente-et-une périodes d'enseignement, étant précisé que plus l'élève est âgé, plus la part occupée par les loisirs dans son emploi du temps diminue.” En outre, “cet emploi du temps organisé sur cinq jours permet de consacrer beaucoup d'heures à la pédagogie différenciée, puisqu'il prévoit un nombre important de travaux en petits groupes et de classes dédoublées.”
Enfin, “cette organisation hebdomadaire implique un réel travail de coordination entre les enseignants, chargés des cours, et les éducateurs, chargés des activités péri-éducatives, ces derniers étant placés sous la responsabilité du directeur de l'école”. “L'école à la journée allemande pourrait être un exemple à étudier”, conclut Michèle Tabarot.
Réduire les vacances d'été
Seconde proposition clé de la mission d'information : la réduction des vacances d'été, considérée par Michèle Tabarot comme “un choix inévitable mais problématique”. La député souhaite “aller vers une année scolaire de 180 à 200 jours” contre 144 actuellement. Cela implique un zonage des vacances d’été, ce qui répondrait à la demande des professionnels du secteur du tourisme, désireux d'amplifier la saison de la période estivale, en l'étalant sur les mois de juillet et d'août. "Il y a peut-être là matière à compromis avec l'un des fleurons de notre économie pour obtenir une réduction des vacances d'été”, suggère le rapport. Michèle Tabarot ajoute que “ce compromis serait d'autant plus facile à obtenir si les classes de neige et de mer étaient développées dans le cadre des partenariats systématiques que l'Éducation nationale devrait, selon la co-présidente du comité de pilotage de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires, Odile Quintin, conclure avec les autres ministères et les collectivités territoriales”.
En outre, “ce raccourcissement permettrait de répondre à une nécessité pédagogique, soulignée par Philippe Claus, le doyen du groupe de l'enseignement primaire de l'Igen : si les connaissances ne sont pas entretenues pendant deux mois, cela se traduit, pour les écoliers, par des résultats catastrophiques en début d'année scolaire”, poursuit le rapport. Enfin, “il serait souhaitable de respecter l'alternance de sept semaines de classe et de deux semaines de vacances prévue par le législateur, ce qui impliquerait d'allonger les vacances de la Toussaint et de réorganiser le troisième trimestre”.
Confier la gestion de la grille horaire aux établissements
Dans le second degré, la mission d'information propose de “confier aux établissements la gestion de la grille horaire hebdomadaire des enseignements dans le cadre fixé par l'État” car “la logique hebdomadaire qui prévaut dans l'organisation du temps scolaire – se traduisant par les grilles horaires hebdomadaires fixées par voie d' arrêté par le ministre de l'Éducation nationale pour chaque niveau d'enseignement – empêche les équipes locales de s'adapter aux besoins de leurs élèves”.
Ce système centralisé devrait “laisser la place à un modèle différent dans lequel il reviendrait à l'État de fixer, à partir de programmes nationaux, le nombre maximal d'heures d'enseignement dans l'année pour chaque matière, ces référentiels étant complétés par une enveloppe d'heures non affectées mais destinées aux différentes formes d'enseignement personnalisé, à charge ensuite pour les collèges et les lycées de les répartir librement dans la semaine”, affirme Michèle Tabarot.
En outre, “il serait souhaitable de réduire le temps de cours magistral, de développer les enseignements pluridisciplinaires et de repenser les temps pédagogiques et les séquences d'enseignement”.
source : Le Journal de l'Animation & AEF