Alors que la France, ainsi que de nombreux autres pays européens, est confrontée à un rude hiver prématuré, les compteurs électriques tournent de l’oeil. Si le gouvernement exclut toute rupture d’approvisionnement en électricité, les risques de pénurie se font tout de même ressentir. L’application de quelques gestes simples pour réduire ses dépenses apparaît opportune dans un tel contexte.
- Une consommation d’énergie en croissance constante
Le Réseau de transport de l’Energie (RTE) a enregistré de véritables pics de consommation d’énergie la semaine dernière. 90 050 MégaWatts (MW) ont été consommés lundi 29 novembre 2010, 91 178 MW, mardi 30 novembre 2010 et 90 354 MW, jeudi 2 décembre 2010. De plus, une baisse de 1 °C entraîne une consommation d’électricité d’environ 2 300 MW supplémentaires. Selon RTE, le maximum de consommation en puissance l’hiver a progressé de 17 % entre 2001 et 2009, comme le montre le tableau.
- La particularité française : le choix de l’électrique et du nucléaire
D’après l’Agence Française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, 1 tiers des logements français collectifs ou individuels sont équipés de système de chauffage électrique. Cette solution est majoritairement retenue dans le neuf : en 2009, 80 % des logements construits ont été équipés de chauffage électrique. Or, le chauffage électrique ne peut être une solution efficace qu’accompagné d’un système de régulation et dans des bâtiments parfaitement isolés.
Le chauffage électrique a commencé dans les années 70 et s’est fortement développé dans les années 80. Tout simplement du fait d’une surproduction électrique des réacteurs nucléaires qu’EDF cherchait à écouler au maximum. Aujourd’hui, 87 % de la production d’électricité d’EDF repose sur le nucléaire (51 unités de production nucléaire). Le problème du nucléaire, sans tenir compte de la question de la radioactivité des déchets, est le temps nécessaire pour activer la centrale. Ainsi, en cas de pic dans la demande énergétique, le nucléaire ne peut apporter une réponse rapide et ne s’adapte pas aux fluctuations rapides et importantes de la demande. L’ancien président de l’ADEME, Pierre Radame estime que « Le nucléaire n’est pas un bon moyen pour produire de l’électricité pour le chauffage électrique, car cette énergie coûte très cher : une centrale doit tourner sept mille heures par an alors que nous n’avons besoin que de deux mille heures« .
Et si le gouvernement répète qu’il n’ya aura pas de coupure de courant, pour éviter la pénurie, la France doit importer. Lors du pic de consommation atteint jeudi 2 décembre au soir, la France utilisait plus de 3 450 MW provenant de l’étranger. Ces importations se trouvent être du pétrole, du chardon ou du gaz naturel, qui sont des énergies très productrices de gaz à effet de serre. « On se retrouve dans la situation ubuesque où le chauffage électrique émet plus de gaz à effet de serre que le chauffage à gaz », s’exclame Pierre Radanne.
- Le Gouvernement assure qu’il n’y aura pas de rupture, EDF aussi
Face à la vague de froid exceptionnelle et historique qui sévit sur la France avec des températures inférieures de plusieurs degrés en moyenne en dessous des normales saisonnières, EDF mobilise la totalité de ses moyens de production nucléaire, hydraulique et thermique disponibles pour assurer la fourniture d’électricité à ses clients. EDF a mobilisé ses 51 centrales nucléaires ainsi que 6300 MW de capacités de production thermique à flamme, particulièrement adaptées aux périodes de pointe de consommation et son système hydraulique qui permet d’apporter une réponse aux brusques fluctuations de la demande en électricité.
Le Gouvernement aussi se veut rassurant et insiste sur les délais mis à disposition des abonnés qui n’auraient pas payé leur facture à temps. « L’abonné a au minimum 1 mois et demi pour payer, voire 2 mois, et s’il est reconnu être en situation précaire, il reçoit une aide« , selon un expert gouvernemental.
Les associations de consommateurs ne sont pas de cet avis. La CLCV a déploré dans un communiqué, que « les coupures d’énergie continuent, alors que notre pays connaît une vague de froid importante« . Selon cette association, il y a de plus en plus de ménages en « situation d’exclusion énergétique« , « avec son lot d’impayés et de coupures de gaz et d’électricité« .
- Les gestes simples pour diminuer sa consommation d’énergie
Il est possible d’appliquer des gestes simples pour mieux maîtriser sa consommation d’énergie tout en optimisant le confort du logement :
- Chauffer efficacement en adaptant la température à son activité et en veillant à la bonne isolation du logement (tirer les rideaux, calfeutrer les bas de portes, fermer les volets). Un intérieur chauffé à 19°C environ suffit au bien-être la journée. Un degré de chauffage en moins équivaut à 7 % de réduction sur la facture d’électricité
- Optimiser l’éclairage de son logement en utilisant par exemple les lampes à basse consommation (tube fluorescent ou lampe fluo-compacte) dont la consommation d’électricité est 4 à 6 fois inférieure à celle d’une ampoule classique quantité égale de lumière émise qu’une lampe à incandescence, penser à éteindre la lumière dans une mièce inoccupée;
- Ne pas laisser les appareils électriques en veille mais les éteindre;
- Dégivrer régulièrement les réfrigérateurs et les congélateurs. La consommation d’un réfrigérateur est doublée à partir d’une épaisseur de 4 cm de givre.
Ensuite, réaliser des travaux pour améliorer l’isolation est un investissement de long terme qui permet de réduire considérablement la facture énergétique. Entretenir régulièrement sa chaudière constitue également un moyen de régulation des dépenses de chauffage. Enfin, le développement imminent du smart grid devrait faciliter les choses en matière de contrôle des dépenses énergétiques.
- L’avis Sequovia
En tant de grands froids, ne perdons pas nos bonnes habitudes de citoyen responsable. Garder son confort tout en limitant au maximum sa consommation d’énergie est possible en appliquant certaines gestes cités ci-dessus. Par ailleurs, si le nucléaire apporte une quantité d’énergie encore nécessaire au bon fonctionnement du pays, proposer une offre énergétique variée et de plus en plus tournée vers les énergies renouvelables semble indispensable pour le bien-être de la planète.
Pour aller plus loin : Fiches solution Economie d’énergie
Eco-construction