Il s'agit en fait d'une fusion entre 2 formations très proches, Sly And The Stoners d'une part (premier projet solo de Sly grâce auquel il fera la connaissance de la trompettiste Cynthia
Robinson), et Freddie And The Stone Souls de l'autre (groupe monté par son frère, le guitariste Freddie Stone). The Sly And The Family Stone ne verra le jour qu'en 1967, bientôt rejoint par de
jeunes musiciens amateurs, Larry Graham à la basse, Greg Errico à la batterie, et Jerry Martini au saxophone ténor. Notons que Sly est pour sa part un musicien de génie. Il jouait de tous les
instruments depuis son plus jeune age et pouvait composer à lui seul la totalité d'un disque avant de laisser intervenir les autres musiciens. La notoriété n'interviendra vraiment qu'avec la
sortie de leur 4e album, "Stand", en 1969. Il s'élève rapidement à la 22e place des charts américains et permet au groupe de participer au festival de Woodstock en 1969. Le public nombreux et
enthousiaste découvre le gospel fiévreux et psychédélique de la famille Stone (ils sont maintenant 3 depuis l'arrivée de Rose Stone aux claviers et au chant). Il est presque 4 heures du matin et
le groupe, sur fond d'évangiles, de guitare funky, et de basse lourde, fait sensation et reçoit une véritable ovation (l'album de ce concert est disponible). A présent plus que jamais populaire
grâce à la publicité internationale d'un tel concert, cette époque marqua pourtant le début d'une détérioration au sein du groupe. Des tensions apparurent entre des membres, et la drogue prit le
dessus sur le travail d'écriture et de production souhaité par la maison de disques. De mauvais conseils, un entourage malsain constitué de gangsters notoires et de rapaces en tous genres,
l'annulation répétée de concerts, le report des sessions d'enregistrements, des conflits répétés avec son manager. Durant 2 ans Sly se détacha progressivement de tout ce qu'il avait construit et
passa son temps enfermé chez lui, loin des studios et de la scène (Epic est même obligé de sortir une compilation pour faire patienter les fans qui se languissent de nouveautés. "Greatest Hits"
décrochera tout de même la deuxième place du Top200 en 1970). Son addiction à la drogue était tellement importante que c'est son manager Jerry Goldstein qui, sur demande de Sly, s'occupait alors
de gérer son argent, lui transférant toute responsabilité financière en échange d'un revenu régulier équivalent à un petit salaire mensuel, de peur que celui-ci ne craque tout dans la poudre (Sly
portait systématiquement sur lui un étui de violon rempli de drogue). Goldstein devint même propriétaire du nom "Sly Stone", empêchant l'artiste de sortir quoi que ce soit sous son propre nom
(même son assurance vie lui appartient). Aujourd'hui, Sly l'attaque en justice et lui demande de lui rembourser la coquette somme de 80 millions de dollars, car financièrement, les choses ne vont
pas si bien que ça. Sly touche des allocations sociales et n'a pas d'argent pour engager un avocat dans la bataille contre Goldstein.
Simplement prodigieux pour l'époque et pour la qualité du travail fourni, il me tardait de vous faire part de ce pan de la culture musicale américaine dont l'histoire plus que singulière garde
les traces de ce passé mouvementé. Véritable personnage au même titre qu'un Hendrix ou qu'un Clinton, Sly a laissé avec son oeuvre une trace indélébile de son passage sur Terre. Ne reste plus
qu'a attendre un éventuel retour de la star déchue du groove qui serait en ce moment même en train de préparer un nouvel opus.
""Les possibilités d'enregistrement se sont beaucoup améliorées. A l'époque, j'appréciais la façon dont les choses se passaient. Peu de choses ont changé dans la façon dont je travaille, mais
c'est ce qui est disponible à l'heure actuelle qui a changé. L'enregistrement, ce n'est pas la partie difficile, c'est d'être certain d'avoir une bonne chanson, qu'elle soit finie. C'est de
l'overdub, de l'overdub et encore de l'overdub"".