Parfois lorsqu’on me complimente sur ce que j’écris je réponds que je ne suis guère satisfait, ou que je ne trouve pas ça forcément terrible. Ce n’est pas de la fausse modestie ou une manière détournée de chercher à obtenir d’autres compliments.
Ce n’est pas non plus pour qu’on me rassure sur un éventuel talent d’écriture ou sur une sorte de manière d’écrire particulière qui plairait. Non ces réactions font parti de ma personnalité, je ne suis pas fermé aux compliments que j’accepte avec plaisir, mais je n’aime pas m’auto-congratuler partant du principe que j’ai toujours à apprendre et à m’améliorer.
Pourquoi je vous parle de moi? Oui tiens c’est étrange ça n’est pas dans mes habitudes. Et bien c’est parce que dernièrement je me suis pris de bec avec un « auteur » sur facebook pour ne pas nommer le site.
C’est une personne qui ne cesse de faire de la publicité pour ses pages et ses écrits et qui me semblait tout de même terriblement suffisant et imbu de lui même. Une forme d’égocentrisme qui semblait ne pas supporter la confrontation, le dialogue.
Proposant une sorte « d’atelier » comme il l’a nommé lui même et au vu du manque de participants j’ai commencé à jouer le jeu avec lui. Et puis petit à petit les choses se sont envenimées principalement sur la forme avec une rigidité d’écriture qui ne me convenait pas. Passons après tout j’avoue être plutôt Verlaine que Baudelaire dans mon écriture poétique, j’aime prendre des libertés et j’avoue privilégier le fond que la forme.
J’ai pris un cours magistral par cette personne qui n’a eu de cesse de me faire passer au mieux pour un crétin au pire pour un débile. Le problème comme souvent avec des individus pareils c’est qu’il a l’impression d’être atteint d’un savoir encyclopédique maitrisé à la perfection alors qu’en fait il est malheureusement « scolaire ».
Il se trouve que ses connaissances techniques sont en effet réelles mais je pense qu’elles sont plus superficielles que son discours ne le laisse paraitre. Mais ne jugeons pas trop vite, là n’est pas le fond du problème.
Hors donc suite à tout ça, voici ce qu’il a écrit (je ne résiste pas à l’idée de le citer):
« comme tous ceux qui croient écrire de la poésie sans en avoir les moyens intellectuels… »
« Je me demande quand même si, au-delà des règles prosodiques et métriques de base, tu maîtrises ne serait-ce que la grammaire et la syntaxe… J’ai du mal à le croire »
Suivra un message entièrement composé de ses propres citations et de morceaux choisis de ses écrits sous un autre pseudo histoire de… oui parce qu’il écrit sous plusieurs noms ça fait certainement plus « sérieux ».
J’avais prévu une réponse et puis je préfère m’abstenir, cette personne est tellement dégoulinante de ce complexe de supériorité que je pense que ça ne servirait à rien.
Il vient de sortir un recueil chez un éditeur obscur qui fait plutôt de l’édition à compte d’auteur, pourquoi n’est il pas édité par des grandes maisons vu comme il semble sur de ses capacités de son talent et de sa maitrise par rapport aux béotiens que nous sommes pauvres écrivaillons du dimanche?
Je crois surtout que le fait que ses écrits plaisent ou touchent lui a tourné la tête, je crois qu’il est sincèrement sur de lui et de son talent, de sa technique et de ses productions.
Je ne jugerais pas j’ai peur de ne pas être objectif bien que j’avais le même avis avant la prise de bec. Mais ce ne serait pas sympa envers lui après tout je ne suis pas là pour l’empêcher de vendre si jamais il a des acheteurs.
Si j’ai pondu tout ce laïus sur une personne que je méprise plus qu’elle ne m’a touché c’est parce qu’il incarne cette autosuffisance à visage humain que notre société a tendance à créer. C’est un peu le Michael Vendetta de la poésie, et de l’écriture. Une personne qui est infiniment supérieure aux autres, et qui leur donne des leçons sans prendre le recul suffisant à l’évolution et l’amélioration nécessaire à tout être humain.
Le problème de cette nouvelle génération spontanée est qu’elle est de plus en plus sure d’elle, ça me rappelle une vidéo qui circule en ce moment d’un jeune homme fort bien bâti qui a été dans un restaurant huppé faire une démonstration de muscle à Sylvester Stallone dans l’espoir qu’il lui offre un rôle dans le film à venir « The Expendables 2″.
On coache les gens, on leur faire croire qu’ils ont du talent, qu’ils sont doués. On se flatte vite l’égo lorsqu’on a quelques fans, lorsqu’on est lu un peu et qu’on reçoit des compliments qu’on en vient vite à perdre pied avec la réalité et avec ses capacités.
Non nous ne sommes pas tous doués, non nous n’avons pas tous du talent, et d’ailleurs je pense sincèrement que très peu de personnes ont un réel talent naturel. Alors oui il faut travailler et travailler encore. La manière n’est pas la chose la plus importante surtout dans l’écrit. La forme n’est pas ce qui compte le plus, ce qui compte est le fond, ce qu’on a à dire qu’on veut partager.
Alors oui je ne me trouve pas doué, et non vous ne me ferez pas changer d’avis, mais oui je continue à écrire et à travailler parce que j’aime ça tout simplement et parce que j’aime arriver à partager des émotions, des idées, transmettre et quelque part laisser une trace, car écrire c’est un peu marquer son être dans les mots et s’offrir le luxe d’une forme d’immortalité qui mérite à elle seule qu’on prenne plaisir à l’approcher.
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